Selon l’OIT, le chômage dans le territoire palestinien occupé est le plus élevé au monde

Le rapport annuel de l’OIT sur la situation des travailleurs des territoires arabes occupés lance un appel au dialogue et à la recherche commune de solutions pour instaurer le travail décent.

Actualité | 30 mai 2018
© James Emery
GENÈVE (OIT Infos) – Le taux de chômage dans le territoire palestinien occupé a atteint le plus haut niveau mondial avec 24,7 pour cent en 2017, selon un rapport annuel de l’Organisation internationale du Travail (OIT), intitulé La situation des travailleurs des territoires arabes occupés.

Les femmes et les jeunes sont particulièrement touchés. Le taux de chômage parmi les femmes palestiniennes approche désormais la barre des 50 pour cent, et le taux concernant les jeunes n’est guère éloigné. «L’absence d’un processus politique et diplomatique fondé sur les Accords d’Oslo renforce l’occupation et entrave le développement palestinien», déclare le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder dans sa préface du rapport. «Le marché du travail palestinien s’est détérioré dans une proportion qui devrait susciter la préoccupation profonde de tous les intéressés. Il apparaît clairement que l’absence de perspectives conduit les jeunes au désespoir», poursuit M. Ryder.

A Gaza, chaque seconde ou presque, un travailleur se retrouve au chômage et près des deux tiers des travailleuses sont sans emploi. Le blocus a paralysé l’essentiel de l’activité économique et le revenu par habitant est inférieur à ce qu’il était au début des années 1990.

L’évolution du marché du travail est le reflet de la détérioration de la situation économique et des contraintes imposées par l’occupation. Compte tenu du cruel manque de perspectives d’emploi, il n’est pas surprenant que de plus en plus de Palestiniens, surtout des jeunes, quittent le marché du travail, indique le rapport. Les taux d’activité dans le territoire palestinien occupé sont parmi les plus faibles au monde.

Le rapport soumis à la Conférence internationale du Travail de l’OIT détaille aussi les multiples restrictions à l’activité économique résultant de l’occupation israélienne de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est. La plupart des terres occupées restent hors d’atteinte pour les Palestiniens, la construction des colonies s’intensifie et Jérusalem-Est est coupée du reste de la Cisjordanie.

Si la confrontation est globalement en hausse, le rapport relève des signes encourageants de coopération en matière d’emplois en Israël pour les Palestiniens de Cisjordanie. L’emploi palestinien dans l’économie israélienne a de nouveau augmenté en 2017, de plus de 11 pour cent par rapport à l’année précédente, stimulé par la délivrance de permis de travail supplémentaires par les autorités israéliennes.

Quelque 131 000 Palestiniens travaillaient en Israël et dans les colonies en 2017, contribuant aux moyens de subsistance d’environ 650 000 personnes en Cisjordanie. Le rapport déplore que leur travail soit généralement associé à des frais élevés, des vulnérabilités et des difficultés. En outre, près de la moitié de ces travailleurs ayant un permis de travail continuent de payer des frais exorbitants à des intermédiaires pour obtenir les documents nécessaires. Le coût moyen s’élève à un tiers du salaire mensuel et entre 187 et 292 millions de dollars sont ainsi prélevés chaque année sur les salaires perçus par les Palestiniens en Israël et dans les colonies. Qui plus est, les conditions de travail sont souvent précaires, en particulier pour les 40 000 Palestiniens au moins qui travaillent sans permis en Israël comme dans les colonies.

Le rapport lance un appel pour «une meilleure gouvernance et une réforme urgente» du système de recrutement, de placement et d’entrée des Palestiniens travaillant en Israël. Cette initiative représenterait «un allègement nécessaire et bienvenu dont le travailleur palestinien et l’employeur israélien devraient tirer profit».

Dans son rapport, le Directeur général de l’OIT appelle à un dialogue et à une recherche commune de solutions qui «permettront effectivement d’instaurer le travail décent dans les territoires arabes occupés. L’OIT et la communauté internationale dans son ensemble doivent rester pleinement mobilisées dans cet effort et fidèles à leurs engagements».

Les conclusions du rapport sont basées sur une mission effectuée en mars de cette année: elle a consisté en des entretiens approfondis avec les principaux acteurs concernés et des visites sur le terrain dans les territoires arabes occupés et en Israël. Depuis 1980, le Directeur général a été mandaté pour présenter un rapport annuel à la Conférence internationale du Travail sur la situation des travailleurs des territoires arabes occupés, y compris le Golan syrien occupé.