Blog: Jeu du travail décent

Dans leur peau – Un jeu interactif sur le travail décent

L’espace de quelques minutes, les élèves d’une école de Genève ont pu se mettre dans la peau de millions d’enfants qui n’ont pas la chance de pouvoir aller à l’école. Cette découverte s’est faite de manière ludique grâce au «Jeu du travail décent» proposé par le département de la communication de l’OIT.

Editorial | 1 mai 2018
Rena Gashumba, Chargée des campagnes et de la sensibilisation, Communication et information publique de l’OIT (DCOMM)
Il est 8h30, c’est un jour d’école à Genève et 20 élèves d’une dizaine d’années attendent avec enthousiasme que le jeu commence. Leurs bavardages se répercutent au-delà des hauts murs du gymnase de l’école. Ils poussent des oh! et des ah! et montrent du doigt un énorme tapis coloré disposé devant eux.

Une voix d’adulte fait taire les enfants.

«Bonjour les enfants, je suis Mme Lorenzini, dit-elle.
– Bonjour Mme Lorenzini,
lui répondent-ils en chœur.
– Aujourd’hui, les enfants, nous allons faire le «Jeu sur le travail décent» et découvrir l’histoire d’une fillette qui s’appelle Isha; elle a à peu près votre âge, elle a été victime du travail des enfants et a été secourue par l’OIT, l’Organisation internationale du Travail.»


Madame Lorenzini est la Directrice de création d’Espace Entreprise, un lieu de formation suisse pour l’apprentissage et l’enseignement technique qui a aidé l’OIT à promouvoir le Jeu sur le travail décent dans les écoles. Le jeu connaît un grand succès auprès des jeunes qui écoutent attentivement le récit et passent avec enthousiasme d’un symbole à l’autre sur le tapis de jeu.

Le Jeu sur le travail décent est un moyen innovant d’attirer l’attention sur quelques-unes des questions qui sont au cœur du mandat de l’OIT pour la justice sociale – le travail des enfants, le travail forcé, l’égalité des sexes et le handicap. Les joueurs se mettent dans la peau de personnes réelles qui ont été sauvées de l’exploitation, afin de mieux comprendre les enjeux et la façon dont l’OIT contribue à les traiter.

En avril 2018, une équipe de l’OIT s’est rendue à l’école de Pâquis-Centre de Genève, l’une des écoles primaires les plus grandes et les plus mélangées de Suisse romande, avec 68 nationalités présentes et 34 langues parlées. Cette visite fait partie d’un programme de promotion du travail décent auprès du grand public.

En collaboration avec la Fondation Eduki et Espace Entreprise, l’OIT a présenté le Jeu sur le travail décent à plus de 60 élèves âgés de 10 à 13 ans. Au cours de la visite, les enfants ont découvert une histoire relative au travail des enfants et ont tiré leurs propres interprétations et émotions de ce qu’ils avaient appris.

«L’approche consiste vraiment à faire découvrir à nos élèves la réalité de la vie des enfants dans d’autres pays et à leur faire prendre conscience de la chance qu’ils ont de pouvoir venir à l’école, de pouvoir étudier, tandis que dans d’autres pays les enfants sont contraints de travailler tous les jours comme des adultes et n’ont pas les mêmes chances qu’eux»,
explique Joël Fuchs, Directeur de l’école de Pâquis-Centre.

Avant d’entamer le jeu, six adolescents apprentis d’Espace Entreprise répartissent les enfants en trois groupes et leur expliquent avec assurance le sujet du travail des enfants et le rôle de l’OIT. Les apprentis sont évalués sur leur performance; ils ont passé les dernières semaines à travailler avec le personnel de l’OIT et à faire des recherches sur le thème du travail des enfants, les sujets prioritaires de l’OIT et le Jeu sur le travail décent.

«C’est injuste, parce que nous pouvons aller à l’école, nous n’avons pas à travailler, nos parents gagent leur vie, alors que ces enfants doivent gagner de l’argent par eux-mêmes et ils gagnent si peu… Parfois, ils se mettent en danger, par exemple dans les mines, des rochers peuvent leur tomber dessus… S’ils ne vont pas à l’école, ils n’ont pas vraiment d’avenir», déclare Lou, 12 ans, après avoir testé le jeu.

Initialement créé en 2015 par le Département de la communication (DCOMM) de l’OIT, le Jeu sur le travail décent a été présenté à cinq reprises et, à chaque fois, les réactions ont été très positives. Sur le stand de l’OIT aux Portes ouvertes des Nations Unies en octobre 2017 à Genève, le jeu a réuni environ un millier de joueurs et le stand fut l’un des plus populaires, surtout auprès des enfants.

En combinant l’art de la narration, la résolution de problèmes sous forme de puzzle et le mouvement physique, le jeu s’est révélé très attirant pour les enfants de 7 à 15 ans. Mais ce jeu ne s’adresse pas qu’aux enfants et plusieurs adultes qui l’ont joué ont été émus aux larmes par ces histoires vraies.

Présentation du Jeu sur le travail décent aux écoles

Le caractère éducatif et interactif du jeu est particulièrement attrayant pour les enseignants. Lors de la présentation du jeu au Festival mondial des idées pour le développement durable à Bonn en mars 2018, plusieurs institutions éducatives ont demandé l’autorisation de proposer le jeu dans des écoles du monde entier.

La visite de l’école de Pâquis-Centre fut la première occasion d’expérimenter le jeu dans une école. La présentation du Jeu sur le travail décent dans les établissements scolaires est une excellente occasion de sensibiliser les enfants au cours de leurs années de formation et d’enseigner les valeurs du travail décent et équitable.

DCOMM approche d’abord les écoles de Genève pour vérifier son succès puis l’étendra à d’autres régions. Le jeu est actuellement disponible en anglais et en français mais il sera également disponible en espagnol, en russe et d’autres langues prochainement