Travail des enfants et travail forcé

L’OIT fait état d’importants progrès concernant le recours au travail des enfants et au travail forcé dans les champs de coton ouzbeks

L’équipe de surveillance constate une ferme volonté politique de la part du gouvernement central de mettre fin aux violations des droits de l’homme pendant la récolte 2017 du coton: le travail des enfants ne pose plus de problème tandis que le travail forcé est systématiquement combattu.

Actualité | 13 février 2018
© Carsten ten Brink
GENÈVE (OIT Infos) – Un nouveau rapport de l’Organisation internationale du Travail à la Banque mondiale permet d’établir que le recours systématique au travail des enfants pour la récolte du coton en Ouzbékistan a pris fin et que des mesures concrètes pour endiguer l’usage du travail forcé ont été prises.

Le rapport Third-party monitoring of measures against child labour and forced labour during the 2017 cotton harvest in Uzbekistan («Surveillance par une tierce partie des mesures de lutte contre le travail des enfants et le travail forcé pendant la récolte de coton de 2017 en Ouzbékistan») est basé sur plus de 3 000 entretiens séparés et sans préavis conduits auprès d’un échantillon représentatif des 2,6 de ramasseurs de coton que compte le pays. Il montre que l’Ouzbékistan procède à de grandes réformes en matière de droits fondamentaux des travailleurs dans les champs de coton.

«La récolte de coton de 2017 s’est déroulée dans un contexte de transparence et de dialogue accrus. Toutes les catégories de la société civile y ont pris part, y compris des militants émettant des critiques. C’est un signe encourageant pour l’avenir. Cependant, un décalage subsiste entre le nombre même de nouveaux décrets et de réformes que publie le gouvernement central et la capacité à absorber et mettre en œuvre ces changements au niveau des provinces et des districts», déclare Beate Andrees, Cheffe du Service des principes et droits fondamentaux au travail de l’OIT.

L’OIT exerce une surveillance du travail des enfants dans la récolte du coton depuis 2013. En 2015, elle a commencé à contrôler le recours au travail des enfants et au travail forcé pour la récolte dans le cadre d’un accord avec la Banque mondiale.

Les contrôleurs ont mené des entretiens dans toutes les provinces du pays avec des ramasseurs de coton et avec d’autres groupes directement ou indirectement impliqués dans la récolte comme les autorités locales, le personnel enseignant et médical. En outre, un sondage aléatoire a été réalisé par téléphone auprès de 1 000 personnes. Avant la récolte, les experts de l’OIT ont organisé une formation pour quelque 6 300 personnes directement concernées par le recrutement des cueilleurs de coton.

Les résultats attestent que la grande majorité des 2,6 millions de ramasseurs de coton se sont engagés volontairement dans la récolte annuelle de 2017 et qu’il y a un haut degré de conscience du caractère inacceptable du travail des enfants comme du travail forcé dans le pays. Le rapport confirme les précédentes observations selon lesquelles le recours systématique au travail des enfants pour la récolte du coton a pris fin, bien qu’une vigilance constante soit nécessaire pour veiller à ce que les enfants aillent à l’école.

Des instructions oint été données par les autorités ouzbèkes aux administrations locales pour s’assurer que la totalité du recrutement des ramasseurs de coton se faisait sur la base du volontariat. En septembre 2017, ordre a été donné de retirer certains groupes à risque (étudiants, personnel enseignant et médical) à un stade précoce de la récolte.

De plus, les salaires des ramasseurs de coton ont été revalorisés conformément aux préconisations de l’OIT et de la Banque mondiale. L’OIT recommande au gouvernement de continuer à augmenter les salaires et de s’occuper des conditions de travail au sens large afin d’attirer de nouveaux cueilleurs volontaires.

En septembre dernier, le Président ouzbek, Shavkat Mirziyoyev, s’est exprimé devant l’Assemblée générale des Nations Unies à New York où il a promis de mettre fin au travail forcé dans son pays, soulignant l’engagement de son gouvernement auprès de l’OIT. En novembre 2017 en Argentine, lors de la Conférence mondiale sur l’élimination durable du travail des enfants, l’Ouzbékistan a aussi promis de collaborer avec des groupes indépendants issus de la société civile sur cette question.

Le projet de surveillance par une tierce partie (TPM en anglais) de l’OIT en Ouzbékistan va maintenant se consacrer aux défis restants, en particulier à la nécessité d’accroître la sensibilisation et de renforcer les capacités, qui varient en fonction des provinces et des districts. Il va s’assurer que tous ceux qui sont impliqués dans le recrutement disposent des informations et des outils nécessaires pour garantir que les ramasseurs de coton sont recrutés conformément aux normes internationales du travail.

Cette surveillance ainsi que les résultats d’un projet pilote mené dans la région du Sud Karakalpakstan montrent également que la cueillette du coton est un instrument d’émancipation économique des femmes dans les zones rurales. La récolte du coton offre à de nombreuses femmes une occasion unique de toucher un revenu supplémentaire qu’elles maîtrisent et peuvent utiliser pour améliorer la situation de leur famille.

Le projet TPM de l’OIT est financé par un fonds fiduciaire multi-donateurs dont les principaux contributeurs sont l’Union européenne, les Etats-Unis et la Suisse.