Compétences et employabilité

L’apprentissage de qualité, un «modèle de référence» pour accompagner les jeunes vers des emplois décents

Le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder, salue l'efficacité des systèmes d’apprentissage pour surmonter le fort chômage des jeunes.

Actualité | 16 septembre 2014
Guy Ryder, Directeur général de l'OIT au congrès international sur la formation professionnelle à Winterthur.
WINTERTHUR, Suisse (OIT Info) – «Promouvoir des systèmes d’apprentissage de qualité est une priorité essentielle pour l’OIT parce qu’ils intègrent les jeunes dans des emplois décents et aident les entreprises à trouver la main-d’œuvre dont elles ont besoin pour l’avenir», a déclaré le Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), Guy Ryder, lors d’une réunion de haut niveau sur la formation professionnelle à Winterthur, en Suisse.

Ce congrès international sur la formation professionnelle était organisé par le Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI) qui relève du Département fédéral suisse de l’économie, de la formation et de la recherche (DFER).

Le Directeur général de l’OIT a rappelé l’impérieuse nécessité de créer quelque 40 millions d’emplois pour tous ceux, essentiellement des jeunes, qui arrivent sur le marché du travail mondial chaque année.

«Nous savons que nous devons créer davantage d’emplois – et nous savons aussi que nous devons préparer les jeunes à occuper les nouveaux emplois ainsi créés. C’est un argument moral, c’est fondamentalement une question de justice sociale et c’est aussi une condition indispensable de la croissance économique et de la productivité», a-t-il précisé.

A l’échelle mondiale, plus de 70 millions de jeunes sont au chômage, sans tenir compte des NEET (les jeunes qui n’ont pas d’emploi, qui ne sont ni étudiants ni en formation).


Le lien avec l'emploi

«Nous savons plutôt bien ce qui marche. La Suisse et d’autres pays disposant de systèmes de formation professionnelle de qualité ont des taux de chômage des jeunes parmi les plus bas », a ajouté Guy Ryder.

« Dans les pays qui disposent d’un système d’apprentissage solide, le taux de chômage des jeunes est équivalent à celui des adultes », a-t-il précisé. « Là où l’apprentissage est insuffisamment développé, le chômage des jeunes est nettement plus élevé et représente trois à quatre fois le taux de chômage des adultes».

En Europe, le taux d’apprentissage – mesuré par le nombre d’apprentis pour 1000 travailleurs employés – est le plus élevé en Suisse, suivie de près par l’Allemagne, l’Autriche et le Danemark.

Dans les pays développés, le taux moyen du chômage des jeunes dépasse les 18 pour cent, atteignant 40 pour cent et plus dans des pays comme la Grèce, l’Italie, le Portugal et l’Espagne, qui ont subi de plein fouet la crise économique.

M. Ryder a affirmé que sur la base de ce que l’OIT a appris de la réussite des systèmes d’apprentissage en Suisse, Autriche, Australie, Allemagne, Danemark, Pays-Bas et ailleurs, ces systèmes disposent de caractéristiques communes :
  • ils traitent les apprentis comme des employés dans un cadre juridique bien défini qui protège leurs droits au travail.
  • ils définissent les rôles respectifs des employeurs, des syndicats, des institutions de formation et des agences gouvernementales pour conclure des partenariats efficaces et bâtissent des systèmes d’apprentissage de qualité,
  • ils garantissent un financement approprié grâce au partage des coûts entre public et privé, ainsi qu’une juste rémunération des apprentis
  • et ils offrent des possibilités «d’apprentissage rémunéré» pour les jeunes hommes et femmes dans toute une série de professions pour lesquelles les apprentissages de qualité sont « une voie de premier choix et non une option alternative ».

«Les systèmes d’apprentissage ne peuvent pas être construits par les seuls établissements scolaires. Les employeurs ne peuvent à eux seuls apporter les fondements généraux et théoriques pour la formation appliquée », a expliqué M. Ryder. « Les systèmes d’apprentissage fonctionnent quand ils font le lien entre la formation en classe et la formation sur le lieu de travail. L’apprentissage permet d’éviter le problème qui se pose lorsque les compétences demandées sur le marché du travail ne coïncident pas avec les compétences produites par le système éducatif. »

L’OIT collabore avec la Coopération suisse au développement pour répondre au regain d’intérêt pour des informations et des conseils politiques en matière de système d’apprentissage. La Suisse finance aussi le programme SCORE pour «Des entreprises durables, compétitives et responsables». SCORE est une formation pratique et un mécanisme de conseil en entreprises qui vise à améliorer les conditions de travail et la productivité dans les petites et moyennes entreprises (PME) à l’échelle mondiale.

Au niveau international, l’OIT a soutenu le lancement du Réseau mondial d’apprentissage – une initiative de l’Organisation internationale des Employeurs et, au niveau régional, l’Alliance européenne pour l’apprentissage lancée par l’Union européenne en 2013 avec l’implication active d’organisations européennes d’employeurs et de travailleurs.

Guy Ryder a souligné enfin qu’il se sentait encouragé face au fait que la formation et l’apprentissage figurent en bonne place dans les plans d’action sur l’emploi présentés par les pays membres du G20 durant la Conférence ministérielle sur le travail et l’économie qui a eu lieu à Melbourne, en Australie mi-septembre. «Les pays qui investissent dans l’apprentissage croient en l’avenir, et ils ont besoin de placer l’éducation professionnelle et la formation dans le contexte plus large de la promotion de l’emploi».