Etude de l'OIT

OIT: En Jordanie, les jeunes qui sortent de l’école ont de la peine à trouver un travail décent

Selon une récente étude de l’OIT, la jeunesse jordanienne - surtout les jeunes filles - se heurte à de multiples difficultés lors du passage de l’école à la vie active.

Actualité | 16 juillet 2014
Jeunes étudiants au Centre de soutien social de Marka, à l'est d'Amman, en Jordanie. © ILO/Jared J. Kohler
AMMAN (OIT Info) – Malgré les facilités d’accès à l’éducation, rares sont les débouchés pour les jeunes sur le marché du travail en Jordanie, en particulier pour les jeunes femmes. C’est ce que révèle une récente étude de l’Organisation internationale du Travail (OIT).


Cette étude – publiée en juin et intitulée «Labour market transitions of young women and men in Jordan» (disponible en anglais uniquement) – révèle que les périodes de transition de l’école à la vie active peuvent être extrêmement longues en Jordanie. Si certains jeunes réussissent à trouver rapidement un emploi à la sortie de l’école, ceux pour qui ce n’est pas le cas mettent presque trois ans à trouver un emploi stable ou satisfaisant.

L’étude, qui repose sur une enquête sur le passage de l’école à la vie active réalisée par le Département jordanien de statistique, s’inscrit dans le cadre du projet de l’OIT intitulé «Work4Youth», un partenariat entre l’OIT et la Fondation MasterCard. La Jordanie est l’un des 28 pays dans le monde à prendre part à ce projet.

«Le rapport met en évidence une catégorie importante de la société jordanienne, à savoir les jeunes, et fournit des chiffres précis relatifs au chômage, à l’inactivité des jeunes et aux niveaux d’instruction des filles et des garçons», explique Mohammed al-Qudah, secrétaire général adjoint du ministère du Travail. «Nous nous appuierons sur certains indicateurs de l’enquête. Comme vous le savez, la Jordanie doit relever d’importants défis sur le marché du travail.»

L’enquête, qui porte sur 5 405 jeunes âgés de 15 à 29 ans, révèle que 60 pour cent des jeunes en Jordanie sont inactifs ou n’ont pas de travail, ce qui s’explique, en partie seulement, par les facilités d’accès à l’éducation qu’offre le pays. Statistiquement, ce sont surtout les jeunes femmes qui continuent d’être inactives, un tiers d’entre elles n’étant ni scolarisées ni dans l’emploi.

Si le taux de chômage des jeunes en Jordanie est légèrement inférieur à celui d’autres pays de la région, il atteignait néanmoins 24,1 pour cent au moment où l’enquête a été réalisée (période 2012-2013) – soit presque le double de la moyenne mondiale. Le taux de chômage des jeunes femmes (41,8 pour cent) est plus de deux fois supérieur à celui des jeunes hommes (18,7 pour cent).

L’étude montre que le taux de chômage parmi les jeunes hommes diminue à mesure que le niveau d’instruction augmente. A l’inverse, le taux de chômage des jeunes femmes en Jordanie reste obstinément supérieur à 40 pour cent, quel que soit leur niveau d’éducation.

Selon l’étude, une majorité de jeunes – hommes et femmes – qui occupent un emploi bénéficient de contrats écrits et ont droit à des prestations sociales. Cependant, nombreux sont ceux qui occupent des emplois informels, perçoivent des salaires inférieurs à la moyenne et ont des horaires de travail excessifs.

Ahmad Awad, directeur du Phenix Centre for Economic and Informatics Studies (PCEIS), explique que le pourcentage élevé de personnes travaillant dans l’économie informelle s’explique sans doute par le taux de chômage élevé parmi les jeunes jordaniens. «Les jeunes diplômés qui ne trouvent pas d’emploi dans leur domaine de compétences explorent d’autres moyens: soit ils acquièrent de nouvelles qualifications soit ils trouvent un emploi dans l’économie informelle», précise Awad. «Trouver un emploi dans l’économie informelle est l’option la plus facile car c’est un domaine très vaste. Ces jeunes peuvent même être tentés de rejoindre le marché du travail informel, qui peut leur offrir de bons salaires et où ils n’ont pas d’impôts à payer.»

L’OIT salue les efforts fournis par le gouvernement pour faciliter le passage de l’école à la vie active pour les jeunes, tout en déplorant qu’il y ait encore beaucoup à faire pour résoudre les problèmes en termes de chômage, d’inadéquation des compétences et de déficits du travail décent dans le pays.

«Les résultats de l’enquête nous montrent que beaucoup reste à faire pour satisfaire les aspirations de la jeunesse jordanienne», indique Frank Hagemman, directeur général adjoint du Bureau régional de l’OIT pour les Etats arabes. «Nous sommes conscients que tous nos partenaires en Jordanie qui ont contribué à la réalisation de cette enquête s’efforcent de satisfaire ces aspirations. L’OIT est là pour leur prêter main forte et aider les jeunes jordaniens à trouver un travail décent lorsqu’ils quittent l’école.»