Marché du travail européen

10 millions de chômeurs supplémentaires en Europe depuis 2008

Les mesures d’austérité n’ont pas traité des causes profondes de la crise ni fait baisser le chômage, selon une étude des pays de l’UE s’appuyant sur un rapport à paraître de l’OIT consacré à l’état des marchés mondiaux du travail.

Actualité | 8 avril 2013
GENÈVE (OIT Info) – Plus de 10 millions de personnes supplémentaires sont sans emploi en Europe par rapport au début de la crise, selon un aperçu du marché du travail de l’UE (disponible uniquement en anglais) publié par l’Organisation internationale du Travail (OIT).

«Si les objectifs d’équilibre budgétaire et de compétitivité sont importants, il est crucial de ne pas s’y attaquer par des mesures d’austérité et des réformes structurelles qui ne traitent pas les causes profondes de la crise», indique l’OIT dans l'étude publiée en amont de sa 9e Réunion régionale européenne qui s’ouvre à Oslo lundi. «Au lieu de cela, s’acheminer vers une stratégie axée sur l’emploi pourrait servir des objectifs tant macroéconomiques que d’emploi.»

La situation de l’emploi a continué de se détériorer depuis l’introduction des politiques d’assainissement budgétaire. Après une pause en 2010-2011, le chômage est reparti à la hausse et ne montre aucun signe d’amélioration. Rien que ces six derniers mois, un million de personnes ont perdu leur emploi dans l’UE.

Il y a désormais plus de 26 millions d’Européens qui sont au chômage, les jeunes et les travailleurs peu qualifiés étant les plus touchés.

Austérité: une menace à la prospérité?

Le chômage atteint des niveaux record en Europe et l'impact de la crise de l'emploi sur la capacité de reprise de la région suscite des inquiétudes. Vidéo en anglais sous-titrée en français.


 
Seuls 5 pays de l’UE sur 27 (Allemagne, Autriche, Hongrie, Luxembourg et Malte) ont enregistré des taux d’emploi supérieurs aux niveaux d’avant la crise. Des pays comme Chypre, l’Espagne, la Grèce et le Portugal ont vu leur taux d’emploi chuter de plus de 3 points de pourcentage ces deux dernières années.

Le chômage de longue durée devient un problème structurel pour beaucoup de pays européens. Dans 19 d’entre eux, plus de 40 pour cent des demandeurs d’emploi sont maintenant des chômeurs de longue durée, ce qui veut dire qu’ils sont sans travail depuis douze mois ou plus.

La situation de l’emploi qui se dégrade signifie également que le risque de troubles sociaux est maintenant supérieur de 12 points de pourcentage à ce qu’il était avant le déclenchement de la crise.

Des solutions pour combattre la crise

La situation actuelle de l’emploi appellent à l’adoption d’une série de mesures.

Premièrement, s’attaquer aux problèmes structurels qui sous-tendent la crise, essentiellement dans le secteur financier, qui se trouvaient à l’épicentre de la crise et n’ont toujours pas été résolus. De ce fait, les petites et moyennes entreprises n’ont pas suffisamment accès au crédit bancaire pourtant indispensable pour produire et créer des emplois.

Deuxièmement, faire front contre les pressions à la baisse sur les salaires et l’emploi qui nuisent à l’investissement productif et au commerce intra-européen. La réussite de la riposte suédoise à la crise financière des années 1990 montre qu’une approche de ce type est à la fois efficace et réalisable.

Troisièmement, adopter des mesures d’urgence telles que les dispositifs de garantie d‘emploi pour les jeunes. Ce sont des programmes conçus pour aider les jeunes à trouver un emploi, un enseignement ou une formation.

Quatrièmement, faire du dialogue social entre employeurs, travailleurs et gouvernements un outil fondamental pour élaborer les politiques, mobiliser du soutien en faveur des réformes pro-emploi et s’assurer que ces réformes sont centrées sur les véritables besoins de la population.

La 9e Réunion régionale européenne de l’OIT (retransmise en direct via Internet) va rassembler des représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs venus des 51 Etats Membres d’Europe et d’Asie centrale pour débattre de l’avenir de la région dans le contexte d’une crise financière, économique et sociale qui dure.