Développement durable

Les chefs d’entreprise évoquent les recettes d’une croissance riche en emplois en Afrique

La croissance économique s'accélère en Afrique mais la majorité de sa population vit encore dans la misère. A l’OIT, un forum a récemment analysé la voie à suivre du point de vue des entreprises.

Communiqué de presse | 20 mars 2013
GENÈVE – En Afrique, le chômage n’est que de 9 pour cent mais seuls 28 pour cent de la population disposent d’un emploi stable dans l’économie formelle. Pourquoi cela? Comment traduire la croissance économique en création d’entreprises puis en création d’emplois?

Voici quelques-unes des principales questions soulevées au cours de la table ronde intitulée «Soutenir la croissance et accélérer le rythme de la création d’emplois en Afrique». Ce forum de discussion, qui a eu lieu pendant la réunion du Conseil d’administration de l’OIT, était organisé par l’Organisation internationale des employeurs (OIE) et rassemblait d’éminents chefs d’entreprise venus d’Afrique.

«Nous avons besoin d’une croissance génératrice d’emplois. Nous sommes tous d’accord sur le diagnostic: accès au financement, infrastructures, nécessaire régulation, lien entre secteurs public et privé, formation qualifiante», a déclaré le Directeur général Guy Ryder lors de son allocution d’ouverture.

L'Afrique devrait créer 54 millions d’emplois stables supplémentaires d’ici à 2020.»
«Le domaine le plus important, c’est la nécessaire officialisation des emplois de l’économie informelle et de l’économie rurale. Le principal enjeu est de créer des emplois salariés stables à un rythme plus soutenu», a-t-il ajouté.

«Selon les prévisions actuelles concernant le PIB, l’Afrique devrait créer 54 millions d’emplois stables supplémentaires d’ici à 2020. Mais si l’on s’appuie sur l’expérience d’autres pays comme la Thaïlande, la Corée du Sud ou le Brésil, le continent a la capacité de créer 72 millions d’emplois en l’espace d’une décennie», affirme le Secrétaire général de l’OIE, Brent Wilton.

«Au rythme actuel, on n’y parviendra pas: d’ici à 2020, l’économie africaine devrait gagner 220 millions de travailleurs, créant à l’échelle du continent une main-d’œuvre forte de 500 millions d’actifs», a-t-il précisé.

Les participants ont reconnu que l’Afrique possédait un dividende démographique potentiel mais qu’elle devait créer des emplois plus rapidement pour absorber une main-d’œuvre de plus en plus nombreuse.

Extraits vidéo de la table ronde sur la croissance et la création d'emplois en Afrique

De même, les stratégies d’emploi devraient se concentrer sur les secteurs ayant le plus gros potentiel de création d’emplois. Le commerce et l’hébergement, la production manufacturée et l’agriculture pourraient se tailler la part du lion dans la croissance du secteur privé.

Favoriser la création d’emplois

Linus Gitahi, PDG du groupe Nation Media (Kenya) a insisté sur la nécessité d’investir dans l’innovation et les nouvelles technologies: «L’Afrique n’est pas du tout désavantagée dans ce domaine. Bien au contraire», a-t-il déclaré.

De nombreux participants ont confirmé que la main-d’œuvre du continent était plus éduquée que l’on ne croit généralement, mais les responsables africains ainsi que les chefs d’entreprise devraient donner l’occasion aux individus d’acquérir l’expérience professionnelle et les compétences dont les entreprises ont besoin.

La main-d’œuvre est à 65 pour cent composée de femmes et de jeunes.»
«La main-d’œuvre est à 65 pour cent composée de femmes et de jeunes», a précisé Albert Yuma, Vice-président de l’OIE pour l’Afrique et Président du conseil d’administration de Gecamines (République démocratique du Congo).

«Nous devons aider à la création de nouvelles sociétés par de jeunes entrepreneurs et les doter des compétences indispensables à leur réussite», a-t-il ajouté.

Le développement du capital humain a aussi été mis en avant par Jamal Belahrach, Président de la filiale marocaine de Manpower.

«Au Maroc, 27 pour cent des jeunes diplômés sont au chômage. Huit millions de personnes vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Quels sont les emplois de demain? De bonnes prévisions commerciales sont indispensables», a-t-il déclaré.

«En donnant priorité à ces problèmes cruciaux, l’OIT a la capacité d’aider l’Afrique à progresser sur la voie de la création d’emplois et de la croissance inclusive», a conclu le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder.