Coopération Sud-Sud

Les «plantes étrangères» dynamisent les emplois verts en Afrique du Sud

L’Afrique du Sud constitue un exemple de réussite en matière de création d’emplois et de préservation de l’environnement par le biais de son Programme renforcé de travaux publics. Beaucoup d’autres pays de l’hémisphère Sud bénéficient de programmes similaires.

Reportage | 20 novembre 2012
GENÈVE (OIT Info) – L’Afrique du Sud a été en première ligne pour la création d’emplois verts en Afrique. L’un des principaux catalyseurs de cette mobilisation fut la prolifération de ce que les experts appellent «plantes étrangères envahissantes».

Ces plantes étrangères sont en fait des semences qui ont été apportées en Afrique du Sud sur une longue période de temps. Aujourd’hui, le problème est qu’elles couvrent quelque 20 millions d’hectares – ce qui équivaut à environ deux fois la superficie du Portugal – et qu’elles ont un impact considérable sur l’environnement.

Dr Christo Marais, Directeur en chef des programmes de gestion des ressources naturelles d’Afrique du Sud
«Elles causent d’énormes dommages à la sécurité hydraulique et à l’usage des terres agricoles», explique le Dr Christo Marais, Directeur en chef des programmes de gestion des ressources naturelles d’Afrique du Sud. «Elles aggravent aussi l’impact des inondations et des incendies, augmentent l’érosion des sols en plus des phénomènes naturels comme les feux de brousse.»

Mais l’Afrique du Sud ne laisse pas la nature dicter sa loi. Non seulement le gouvernement s’attaque aux conséquences environnementales de cette «invasion étrangère», mais elle réussit aussi à créer des emplois et à promouvoir la protection sociale dans le cadre de cette riposte.

«Notre programme 'Working for Water' (Travailler pour l’eau) a créé 14 000 emplois à temps plein et a pour objectif d’en créer 10 000 autres d’ici à 2017, qui bénéficieront directement à plus de 30 000 personnes», affirme M. Marais.

«Nous employons des travailleurs et des opérateurs machines pour nous débarrasser des plantes envahissantes. Nous avons aussi des postes de cadres hautement qualifiés. Chaque nouvel employé reçoit une formation adaptée qui fait partie intégrante du programme», ajoute-t-il.

Le programme est spécialement destiné aux groupes vulnérables, notamment les femmes, les jeunes chômeurs, les ruraux dans la précarité, les travailleurs handicapés et les personnes vivant avec le VIH.

Le programme homologue «Working on Fire» (Travailler sur le feu) qui – entre autres activités – contribue à atténuer les conséquences des feux de brousse, fournit 5 500 emplois supplémentaires et espère atteindre 7 000 postes d’ici à 2017.

«Nos programmes ont aussi un fort impact sur la protection sociale, puisque la préservation de l’environnement équivaut aussi à protéger les moyens de subsistance des communautés locales, en contribuant à prévenir les catastrophes naturelles et à sécuriser l’accès aux ressources hydrauliques», explique M. Marais.

Ces deux programmes sont conduits par le ministère sud-africain de l’Environnement, en partenariat avec les communautés locales, les agences publiques et le secteur privé – en particulier dans le secteur forestier.

Partager avec l’Afrique et au-delà


L’Afrique du Sud n’est pas seule à être confrontée à des défis environnementaux. Le pays a commencé à partager les leçons qu’il avait tirées de son expérience avec ses voisins et d’autres pays africains comme la Tanzanie, l’Ouganda et le Kenya.

«Nous avons également reçu des demandes d’information d’Inde et de Chine», affirme M. Marais, parce que la dégradation des terres est un problème qui se pose à l’échelle mondiale mais qui affecte surtout les pays émergents et ceux de l’hémisphère Sud.

La coopération Sud-Sud et triangulaire à l’OIT

  • L’OIT est engagée dans le soutien à la coopération Sud-Sud et triangulaire depuis trente ans.
  • En mars 2012, l’OIT a adopté une stratégie de coopération au développement.
  • Lors de la 100e session de la Conférence internationale du Travail (2011), la décision a été prise d’allouer un budget spécifique à la coopération Sud-Sud et triangulaire.
  • Un programme de partenariat pour la coopération Sud-Sud dans les domaines du travail forcé et des emplois verts a été signé entre le Brésil et l’OIT en juin 2010.
  • Un accord de coopération Sud-Sud entre la Chine et l’OIT a été signé en juin 2012.
L’Afrique du Sud a aussi appris des autres pays du Sud. «Nous avons bénéficié de l’expérience du Costa Rica qui est parvenu à étendre son domaine forestier de près de 100 pour cent depuis les années 1960 – passant de 25 pour cent de la superficie du pays à plus de 50 pour cent», explique M. Marais.

«En Afrique du Sud, les programmes de gestion des ressources naturelles sont de bons exemples de projets initiés par un pays du Sud qui peuvent être partagés avec d’autres pays confrontés aux mêmes problèmes. Cela se passe dans le cadre de la coopération Sud-Sud et triangulaire (*)», indique Anita Amorin, spécialiste principale de l’OIT pour les Nations Unies et les Relations Sud-Sud.

«C’est aussi l’un des trois projets consacrés à l’énergie, au changement climatique et au travail décent que l’OIT présente pendant le Forum des solutions qu’elle organise dans le cadre de l’Expo mondiale Sud-Sud 2012 qui se tient à Vienne», conclut-elle.

(*) La coopération triangulaire inclut le soutien des pays du Nord à la coopération Sud-Sud.