Rapport mondial sur les salaires 2012/13

Les salariés reçoivent une plus petite part du gâteau

Les salariés ont obtenu une part réduite du revenu national parce qu’une part plus importante est allée aux profits dans la plupart des pays. Cette tendance a toutes sortes d’implications économiques et sociales.

Actualité | 5 décembre 2012
GENÈVE (OIT Info) – La part des salariés dans le revenu national s’est rétrécie dans la plupart des pays, provoquant un mécontentement populaire et augmentant le risque de troubles sociaux, affirme l’Organisation internationale du Travail (OIT).

«Cela a influé sur les perceptions de ce qui est juste, surtout compte tenu des rémunérations exorbitantes que touchent certains dirigeants d’entreprise», constate Patrick Belser, l’un des coauteurs du Rapport mondial sur les salaires 2012/13.

Pour le dire simplement, davantage du gâteau national est allé aux profits, et moins aux salariés.

Dans bien des cas, cela a affecté l’économie en étouffant la demande ou en entraînant un endettement insupportable des ménages.

Des preuves récentes montrent que cette tendance se poursuit depuis des décennies, contrairement aux hypothèses formulées précédemment.

Dans 16 économies développées, la part moyenne du travail est tombée de 75 pour cent du revenu national au milieu des années 1970 à 65 pour cent dans les années qui ont précédé la crise. Elle a ensuite quelque peu rebondi pour décliner à nouveau après 2009.

Dans un groupe de 16 pays émergents ou en développement, cette part a diminué, passant de 62 pour cent du PIB au début des années 1990 à 58 pour cent juste avant la crise.

Même en Chine, où les salaires ont triplé au cours de la décennie écoulée, la part du revenu national qui revient aux salariés a baissé.

Le mirage de la réduction des coûts du travail


Réduire les coûts du travail pour stimuler la compétitivité sur le marché de l’export semble être une option de plus en plus séduisante pour les pays frappés par la crise, mais rien ne garantit que cela évite la stagnation économique ou le déficit actuel de la balance des transactions courantes (quand les pays importent davantage qu’ils n’exportent, y compris les services et les capitaux).

Et, même si des politiques de ce type sont attrayantes au niveau national, elles seraient intenables à l’échelle mondiale.

«Alors qu’à titre individuel chaque pays pourrait en principe accroître la demande pour ses biens et services en exportant davantage, tous les pays ne peuvent le faire en même temps», rappelle Sangheon Lee, autre coauteur du rapport.

Ce qu’il faut, c’est que les pays restaurent une corrélation plus étroite entre salaires et productivité: c’est à la fois une question d’équité et de croissance économique durable.

Creusement de l’écart entre salaires et productivité du travail

Passez la souris sur les points pour voir les chiffres
 
Comme les indices désignent une moyenne pondérée, les évolutions dans les trois plus grandes économies (États-Unis, Japon et Allemagne) ont une incidence particulière sur ce résultat. La productivité du travail est mesurée par la production par travailleur .
Sources: Base de données mondiale du BIT sur les salaires; BIT, Modèle économétrique des tendances, mars 2012.