Zone euro: «Des politiques extrêmes pourraient conduire à des réactions extrêmes», avertit le Directeur général de l’OIT

Le Directeur général de l’OIT met en garde contre des politiques sévères qui pourraient provoquer une réaction des pays les plus vulnérables de la zone euro.

Actualité | 30 mai 2012
Le Directeur général de l'OIT Juan Somavia à l'ouverture de sa dernière Conférence internationale du Travail
GENÈVE (Nouvelles de l’OIT) – Dans la zone euro, les politiques jusqu’au-boutistes de lutte contre la crise pourraient conduire à des réactions extrêmes, a déclaré le Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), Juan Somavia, devant les délégués réunis pour l’ouverture de la 101e Conférence internationale du Travail ce matin.

«Inspirer confiance aux seuls marchés financiers tout en perdant la confiance des peuples n’aggrave pas seulement la spirale infernale de la récession économique, cela laisse aussi le champ libre aux solutions extrémistes», a-t-il averti.

Les mesures actuelles n’ont pas réussi à réduire l’endettement public, elles ont même alourdi la dette sociale qui devra elle aussi être remboursée. M. Somavia a rappelé que les pays européens qui avaient subi les conditions les plus drastiques dans le cadre des plans de sauvetage face à la crise régressent sur les valeurs fondamentales de l’OIT dont la région s’était pourtant fait le chantre.

«Les mesures d’austérité univoques prises pour assainir les finances publiques conduisent à la stagnation économique, à des suppressions d’emplois, à une protection réduite; elles occasionnent des coûts humains considérables, minant ces valeurs sociales que l’Europe fut la première à instaurer», ajoute M. Somavia.
Les mesures d’austérité univoques prises pour assainir les finances publiques conduisent à la stagnation économique, à des suppressions d’emplois, à une protection réduite”.
J. Somavia


Il met en garde contre l’affaiblissement de la tradition du dialogue entre gouvernements, employeurs et travailleurs en Europe, parce que «c’est précisément grâce au dialogue social que nous pourrons sortir de la crise, par des investissements productifs dans des entreprises durables qui peuvent tout à la fois accroître le nombre d’emplois, la demande des consommateurs et les recettes budgétaires».

Le Directeur général a plaidé pour un «assainissement des finances publiques socialement responsable» et rappelé que le Pacte mondial pour l’emploi de l’OIT de 2009 était un bon point de départ pour élaborer cette réponse équilibrée.

Le Pacte avait été adopté par l’OIT en 2009 en réponse à la crise économique mondiale de 2007-2008; il offre une palette d’initiatives en réponse à la crise que les pays peuvent adapter à leur situation et leurs besoins spécifiques. Parmi ces mesures figurent le maintien des personnes dans l’emploi, la pérennisation des entreprises, l’accélération de la création d’emplois et de la reprise de l’emploi, associés à la protection sociale, en particulier pour les plus vulnérables.

«Nous sommes à un moment clé où la crise nous donne l’occasion de changer de cap. J’y vois un rôle crucial à jouer pour l’OIT en se saisissant des opportunités qui s’offrent à nous», a conclu M. Somavia.