Le BIT publie la 7e édition des «Indicateurs Clés du Marché du Travail (2011)»

Le BIT publie la 7e édition de son étude phare Les indicateurs clés du marché du travail, une étude biennale qui rassemble en 18 indicateurs sur l’emploi et le travail décent les dernières données disponibles pour plus de 200 pays, régions ou territoires dans le monde.

Communiqué de presse | 14 octobre 2011

GENÈVE (Nouvelles du BIT) – Le Bureau international du Travail (BIT) a publié la 7e édition de son étude phare Les indicateurs clés du marché du travail (KILM en anglais), qui rassemble en 18 indicateurs sur l’emploi et le travail décent les dernières données disponibles pour plus de 200 pays, régions ou territoires dans le monde.

Nouvel élément essentiel de cette septième édition des KILM, une première base de données internationale d’estimations nationales sur les travailleurs pauvres qui s’appuie sur des données émanant de 54 pays et ventilées par catégorie d’âge et de sexe. Cette version enrichie fournit de nouveaux chiffres globaux concernant ceux qui travaillent mais qui vivent eux et leur famille en dessous des seuils de pauvreté de 1,25 dollar et de 2 dollars par personne et par jour. (Voir ci-dessous).

Comme dans les précédentes éditions, les KILM de cette année contiennent également des données relatives au chômage, aux taux d’activité de la main-d’œuvre, au statut dans l’emploi, à l’emploi par secteur et par profession, aux travailleurs à temps partiel, à l’emploi des jeunes, à la réussite scolaire et à l’illettrisme, à la pauvreté et à la répartition des richesses, entre autres. Et, pour la première fois, deux nouveaux indicateurs sont introduits: le salaire mensuel moyen et l’emploi par profession.

Depuis 1999, les KILM sont considérés comme un outil de recherche multifonctionnel – une publication, un logiciel interactif (CD-Rom) et une base de données numérique – indispensable pour observer et évaluer la situation réelle du monde du travail. C’est aussi une source de données au niveau national permettant de mesurer les progrès accomplis pour la réalisation de l’Objectif du Millénaire pour le développement n° 1, «Assurer le plein emploi et la possibilité pour chacun, y compris les femmes et les jeunes, de trouver un travail décent et productif».

En plus de la série habituelle d’indicateurs, cette édition contient trois sections analytiques: la section sur «Les travailleurs pauvres dans le monde: introduction de nouvelles estimations issues de l’enquête sur les ménages» est spécialement consacrée aux travailleurs pauvres, l’un des quatre indicateurs clés sélectionnés pour évaluer l’OMD1; la section sur «L’égalité entre hommes et femmes, l’emploi et le travail à temps partiel dans les économies développées» étudie l’emploi à temps partiel comme variable de l’égalité entre les sexes sur le marché du travail; et «L’analyse du marché du travail au Brésil fondée sur le KILM et les données nationales» montre comment les différents indicateurs contenus dans le rapport peuvent être utilisés pour retracer l’histoire du marché du travail d’un pays.

Voici les principaux enseignements de la septième édition des KILM:

  • Le nombre global de travailleurs pauvres âgés de 15 ans et plus et vivant avec moins de 1,25 dollar par jour a chuté entre 1991 et 2010, passant de 874 à 476 millions, tandis que le nombre de ceux qui vivent avec moins de 2 dollars par jour est passé de 1,25 milliard à 942 millions1. Cependant, si l’on exclut la Chine de l’estimation globale, le tableau est bien moins optimiste: le nombre de travailleurs pauvres sous le seuil de 1,25 dollar ne baisse que de 23 millions sans la Chine, passant de 437 millions en 1991 à 414 millions en 2010. Quant à ceux qui vivent sous le seuil de 2 dollars par jour, ils sont en fait plus nombreux au terme de la même période, passant de 697 à 794 millions.
  • Essentiellement en raison du recul rapide de la pauvreté en Chine, l’Asie de l’Est est la région qui a fait le plus de progrès pour réduire le nombre de travailleurs pauvres au cours des vingt dernières années, alors que l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud représentent maintenant une plus large proportion des travailleurs pauvres dans le monde qu’en 1991. En 2010, plus de la moitié des travailleurs pauvres du monde vivait en Asie du Sud (contre moins d’un quart jusqu’en 1991) et 25 autres pour cent vivaient en Afrique subsaharienne (contre à peine plus de 10 pour cent en 1991).
  • La crise économique mondiale a eu un impact considérable sur la croissance mondiale des salaires. Alors que les salaires progressaient à un taux moyen de 2,7 pour cent en 2006 et de 2,8 pour cent en 2007, la croissance mondiale des salaires s’est ralentie à 1,5 pour cent en 2008 et 1,6 pour cent en 2009. Si la Chine est sortie de l’équation, les salaires ont augmenté à un rythme bien plus modéré (moins d’un pour cent en 2008 et 2009).
  • Au paroxysme de la crise (2009), le taux du chômage de longue durée a enregistré une hausse dans 29 des 40 pays pour lesquels des données sont disponibles. En 2010, la situation s’est encore détériorée avec une hausse annuelle dans tous les pays sauf quatre: Allemagne, Israël, République de Corée et Turquie. Les hausses les plus sévères ont été constatées dans les Etats baltes, en Irlande et en Espagne.
  • Dans la plupart des pays, les taux de chômage des jeunes sont entre deux et trois fois supérieurs à ceux des adultes. Dans certains pays, comme dans certaines régions d’Asie, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, c’est même cinq fois plus avec un chômage des jeunes qui dépasse souvent les 18 pour cent.
  • Les jeunes âgés de 15 à 24 ans représentent environ 23,5 pour cent des travailleurs pauvres dans les pays qui disposent de données alors qu’ils ne représentent que 18,6 pour cent des travailleurs non pauvres. Ce qui signifie que les jeunes travailleurs constituent une part disproportionnée des travailleurs pauvres dans le monde.
  • Dans la majorité des pays étudiés, les travailleurs ayant un niveau d’études primaires forment la dernière catégorie des chômeurs. Cependant, dans certaines économies à bas revenus, les travailleurs ayant acquis une éducation secondaire voire supérieure sont confrontés à des taux de chômage beaucoup plus élevés que les travailleurs n’ayant qu’un niveau d’études primaires.
  • Le ratio emploi-population (ou la proportion de la population en âge de travailler qui est réellement employée) est plus élevé pour les hommes que pour les femmes dans pratiquement tous les pays. Bien que ce fossé se soit en partie comblé dans la plupart des régions, globalement la proportion des hommes en âge de travailler qui ont un emploi se situe toujours à 23,7 points de pourcentage au-dessus de celle des femmes.
  • Depuis des décennies, la plus forte productivité du travail, mesurée par le PNB par personne employée, est enregistrée aux Etats-Unis. Cependant, plus de la moitié (68 sur 121) des pays pour lesquels nous avons des données ont atteint une croissance plus rapide de la productivité du travail que les Etats-Unis au cours de la période 2000-2010.

Ces informations et analyses relatives au marché du travail doivent être considérées comme des éléments de référence pour élaborer des stratégies intégrées de promotion de l’emploi productif, des normes et des principes et droits fondamentaux au travail, de la protection sociale et du dialogue social, et pour aborder les thèmes transversaux de l’égalité hommes-femmes et du développement. C’est là que les indicateurs-clés entrent en jeu.

Pour plus d’informations sur les Indicateurs cés du marché du travail, merci de contacter le Département de la communication et de l’information publique du BIT au +4122/799-7912 ou communication@ilo.org

1 Par rapport aux versions précédentes des KILM, dans cette édition, les estimations des travailleurs pauvres sont plus précises grâce à une nouvelle méthodologie basée sur les données nationales des ménages qui viennent d’être rendues publiques.