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BIT: Il est essentiel de tirer les leçons des expériences réussies pour faire progresser économiquement les Pays les moins avancés

Un nouveau rapport du Bureau international du Travail (BIT) reconnaît le potentiel de progrès économique des Pays les moins avancés (PMA) ces dix dernières années mais souligne que des changements structurels majeurs restent nécessaires en ce qui concerne la nature de la croissance, en matière d’emploi et de travail décent.

Communiqué de presse | Geneva | 29 mars 2011

NEW YORK (Nouvelles du BIT) – Un nouveau rapport du Bureau international du Travail (BIT) reconnaît le potentiel de progrès économique des Pays les moins avancés (PMA) ces dix dernières années mais souligne que des changements structurels majeurs restent nécessaires en ce qui concerne la nature de la croissance, en matière d’emploi et de travail décent.

La nouvelle étude, intitulée «Croissance, emploi et travail décent dans les Pays les moins avancés» (en anglais), a été préparée à l’occasion de la quatrième Conférence sur les Pays les moins avancés qui doit se tenir à Istanbul du 9 au 13 mai 2011.

Le rapport examine surtout la relation entre la croissance du PIB, l’emploi et le travail décent dans les PMA, dans une perspective de long terme, mais en s’intéressant surtout aux dix dernières années. Il aborde un certain nombre de problèmes clés pour la croissance et le développement à travers les trois principales régions que sont l’Afrique, l’Asie et les pays insulaires; il met aussi en lumière les difficultés et les opportunités de changements structurels, de création d’emplois et d’éradication de la pauvreté.

L’étude du BIT comprend les principaux chiffres et les grandes tendances. Elle montre qu’au cours de la période 2000-2009 l’emploi a augmenté de 2,9 pour cent par an en moyenne dans les PMA, un taux légèrement supérieur à la croissance démographique mais bien plus faible que la croissance du PIB. La majeure partie de la hausse s’est produite dans le secteur des services, alors que l’industrie ne représentait que 10 pour cent de l’emploi total en 2008 contre 8 pour cent en 2000. La part des salaires et des travailleurs salariés a un peu augmenté, passant de 14 pour cent en 2000 à 18 pour cent en 2008 mais les travailleurs sont pour l’essentiel toujours pris au piège de formes vulnérables d’emploi qui ne leur permettent pas de se hisser au-dessus du seuil de pauvreté.

«Dans les Pays les moins développés, le premier défi qui se pose sur le marché du travail n’est pas le chômage mais la carence en matière d’emploi productif et de travail décent pour les innombrables travailleurs pauvres. C’est le principal obstacle aux efforts déployés pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement et pour placer les Pays les moins avancés sur la voie du développement durable», déclare le Directeur général du BIT, Juan Somavia.

Le rapport du BIT montre également que «ces dix dernières années, la croissance fut forte mais volatile, parce qu’elle était basée sur les exportations de matières premières plutôt que sur une structure de production diversifiée». Il met aussi l’accent sur «les énormes lacunes en matière d’infrastructures publiques, d’éducation et de formation, qui compromettent une stratégie de croissance plus durable et équilibrée». Résultat d’une «croissance mal équilibrée et d’un environnement politique incertain», le rapport montre qu’il y a eu une légère progression de l’emploi productif, en particulier pour les femmes et les jeunes, mais avec une proportion toujours élevée de travailleurs pauvres, d’emploi vulnérable, d’informalité et de faible productivité.

Néanmoins, certaines régions ou certains pays ont mieux réussi que d’autres en matière de croissance, d’investissement, de réduction de la pauvreté et de protection sociale, entre autres. L’un des principales conclusions du rapport est qu’il est important de prendre en compte ce qu’un pays produit car cela augmente les capacités en matière de savoir-faire qui sont à la base de la transformation et de la croissance de la productivité.

Enfin, l’étude du BIT se conclut par une liste de 20 recommandations qui prônent la diversification sectorielle à l’export, passant des matières premières au secteur manufacturé, et qui soulignent l’indispensable cohérence entre les cadres macroéconomiques, favorisant la création d’emplois et la réduction de la pauvreté, et les politiques de soutien à la création de capacités de production dans l’industrie et l’agriculture, d’infrastructures et d’un nombre suffisant d’entreprises durables créatrices d’emplois. Elle plaide aussi pour une meilleure protection sociale, ainsi que pour des mécanismes de transferts en espèces et des programmes d’emplois publics destinés aux groupes vulnérables, en particulier les femmes et les jeunes.

Entre autres suggestions, les auteurs recommandent d’appliquer des politiques sociales et de marché du travail encourageant la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle, protégeant aussi les revenus des catégories les plus vulnérables, tout en mettant en place diverses institutions du marché du travail qui traitent de la législation de protection de l’emploi et du salaire minimum. «La législation sur le salaire minimum, en particulier, est un moyen éprouvé pour garantir que tous les travailleurs reçoivent un salaire qui leur permet au moins d’offrir une vie décente à leur famille», affirme le rapport, avançant aussi l’idée que la négociation collective et la liberté syndicale ont d’importantes répercussions sur le développement.

«Les Pays les moins avancés peuvent s’appuyer sur diverses expériences de combinaisons de politiques économiques pour orienter leur calendrier de réformes structurelles et de travail décent», déclare M. Somavia. «Pourtant, chaque pays doit élaborer la combinaison de politiques qui conviendra le mieux aux circonstances et aux priorités nationales. Ces pays ont également besoin d’un environnement extérieur favorable, mû par une mondialisation plus juste et une cohérence politique plus grande. Le BIT est prête à nouer des partenariats avec les PMA, avec les donateurs, ainsi qu’avec les organisations régionales et internationales dans une nouvelle ère de croissance, de développement et de justice sociale», conclut-il.

Pour plus d’informations et pour organiser des interviews, veuillez contacter notre Bureau auprès des Nations Unies à New York au +1 212 697-1050 ext 110, cassidy@ilo.org

Le Bureau international du Travail (BIT) est le secrétariat permanent de l’Organisation internationale du Travail (OIT).