Migration internationale

Nouvelle étude du BIT sur une approche de la migration de main-d'œuvre fondée sur les droits

Parmi les défis grandissants liés à la crise économique mondiale, une nouvelle étude du BIT met en lumière la nécessité d’adopter une «approche fondée sur les droits» pour accorder une «juste place» aux 105 millions de travailleurs migrants dans le monde.

Communiqué de presse | 31 mars 2010

GENÈVE (Nouvelles du BIT) – Parmi les défis grandissants liés à la crise économique mondiale, une nouvelle étude du BIT met en lumière la nécessité d’adopter une «approche fondée sur les droits» pour accorder une «juste place» aux 105 millions de travailleurs migrants dans le monde.

La nouvelle étude, intitulée «La migration internationale de main-d’œuvre: une approche fondée sur les droits» (Note 1), examine les tendances en matière de migrations internationales de main-d’œuvre, leur impact sur les pays d’origine et de destination, et les conditions de travail expérimentées par les migrants. L’étude explore également la contribution des normes à la formulation et la mise en oeuvre des politiques et des modes migratoires.

L’étude révèle les contributions positives qu’apportent les travailleurs migrants à leur pays de destination comme à leur pays d’origine. Cependant, elle met aussi en évidence le déficit de travail décent et de protection dont les travailleurs migrant pâtissent aujourd’hui encore: faibles rémunérations, non versement des salaires, milieux de travail dangereux, quasi-absence de protection sociale, déni de la liberté d’association et des droits des travailleurs, discrimination et xénophobie.

«La migration internationale est avant tout une question de marché du travail, d’emploi et de travail décent, et dans une moindre mesure une question de sécurité, de demandeurs d’asile ou de réfugiés», déclare Ibrahim Awad, Directeur du programme des migrations internationales du BIT. «Le défi consiste à gérer la migration de telle manière qu’elle crée de la croissance et de la prospérité à la fois dans le pays d’origine et dans le pays de destination, tout en protégeant et en profitant aux travailleurs immigrés eux-mêmes.»

«La crise financière et économique mondiale actuelle met en lumière le rôle que devrait jouer l’OIT sur la scène internationale en s’intéressant à l’intégration des politiques en matière d’emploi et de finance», a ajouté M. Awad.

L’étude du BIT donne plusieurs indications:

  • En 2010, les migrants internationaux sont estimés à 214 millions et ne représentent que 3 pour cent de la population mondiale;
  • Les femmes constituent près de 50 pour cent des migrants internationaux;
  • Les travailleurs migrants (ceux qui sont économiquement actifs parmi la population immigrée totale) sont environ 105 millions en 2010;
  • Et les travailleurs migrants – qui émigrent pour travailler – et leurs familles représentent 90 pour cent du total des immigrés.

L’étude conclut que la gouvernance nationale et internationale des migrations de main-d’œuvre devrait tenir compte du fait que l’essentiel des migrations sont motivées par la recherche d’un travail décent et fournir davantage de possibilités légales de mobilité à la main-d’œuvre. Elle suggère que les politiques s’appuient sur la reconnaissance des bénéfices mutuels aussi bien pour les pays d’origine que pour les pays de destination. Elle rappelle que la protection des droits des migrants se fait au bénéfice de tous; que des approches globales de la migration irrégulière sont indispensables, notamment en s’attaquant à ses causes profondes.

L'étude plaide pour une coopération bilatérale, régionale et multilatérale entre les gouvernements, les partenaires sociaux et les autres acteurs concernés par les migrations afin d’améliorer la gouvernance des processus migratoires, d’assurer la protection des travailleurs migrants, et afin de garantir les bénéfices des migrations de main-d’œuvre en termes de développement pour toutes les parties.

L’étude s’inspire des récents débats internationaux sur la question de la migration de main-d’œuvre telle qu’elle figure dans la résolution de l’OIT de 2004 sur la juste place des travailleurs migrants dans l’économie mondiale, le plan d’action de l’OIT pour les travailleurs migrants qui en découle, et le cadre multilatéral de l’OIT pour les migrations de main-d’œuvre adopté en 2006. L’élaboration de ce cadre multilatéral a constitué une étape majeure pour l’OIT dans la définition d’une approche des migrations de main-d’œuvre fondée sur les droits.


Note 1 - La migration internationale de main-d’œuvre: une approche fondée sur les droits, Genève, Bureau international du Travail, 2010, ISBN 978-92-2-119120-9.