Handicap et travail

L'actrice américaine malentendante Marlee Matlin appelle à prendre en compte les personnes handicapées dans les efforts de relance économique

Exprimant ses craintes de voir s’aggraver l’exclusion des personnes handicapées du monde du travail en raison de la crise économique mondiale, l’actrice américaine Marlee Matlin, lauréate d’un oscar, star de la télévision et militante, a plaidé pour que les personnes handicapées soient prises en compte dans les plans de stimulation et de soutien à la reprise économique.

Communiqué de presse | 12 novembre 2009

GENEVE (Nouvelles du BIT) – Exprimant ses craintes de voir s’aggraver l’exclusion des personnes handicapées du monde du travail en raison de la crise économique mondiale, l’actrice américaine malentendante Marlee Matlin, lauréate d’un oscar, star de la télévision et militante, a plaidé pour que les personnes handicapées soient prises en compte dans les plans de stimulation et de soutien à la reprise économique.

«Nous lisons les gros titres des journaux qui nous parlent de raréfaction des emplois pour les personnes handicapées, de réduction des investissements publics dans les programmes relatifs à leur employabilité et à l’emploi, et d’une baisse des commandes dans les entreprises qui emploient des personnes handicapées», a déclaré l’actrice. «Les personnes handicapées doivent aussi être prises en compte dans les programmes et les services, y compris la formation professionnelle, qui contribuent à les armer et les préparer pour la reprise économique».

Marlee Matlin était l’une des principales intervenantes du débat organisé par le Bureau international du Travail (BIT) sur «les personnes handicapées en période de crise économique». Ce débat fut l’occasion de lancer des avertissements sur l’impact de la crise pour le Directeur général du BIT, Juan Somavia, le Directeur exécutif du secteur Emploi du BIT, José Manuel Salazar, et d’autres experts, dont M. Peter Purton, Chargé des politiques d’égalité et des droits dans le secteur de l’emploi au Trades Union Congress (Congrès des syndicats), Royaume-Uni, et Dr. Bernie Jones, Directeur international de Shaw Trust Ltd une des plus importantes organisations caritatives d’Angleterre qui procure notamment des emplois et des formations aux personnes handicapées.

M. Dáithí Ó Ceallaigh, Ambassadeur et Représentant permanent de l’Irlande auprès de l’ONU a évoqué le soutien de l’Irish Aid au travail de l’OIT pour promouvoir les débouchés pour les personnes handicapées dans les pays en voie de développement ainsi que la législation et les politiques en place en Irlande pour prohiber la discrimination à l’encontre des personnes handicapées.

Selon les estimations de l’ONU et de la Banque mondiale, les personnes porteuses de handicap représentent environ 10 pour cent de la population mondiale, soit 650 millions de personnes, et quelque 20 pour cent des pauvres dans le monde. La crise économique mondiale a déjà commencé à se répercuter sur ceux qui souffrent de handicap, en particulier les femmes, selon le BIT.

Marlee Matlin a rappelé que les personnes handicapées sont confrontées à la pauvreté à la fois dans les pays industrialisés et dans les pays en développement, relevant qu’aux Etats-Unis «une récente étude a montré que la moitié des adultes en âge de travailler qui vivent dans la pauvreté depuis au moins douze mois ont un handicap». Dans le même temps, elle a précisé que les femmes handicapées sont particulièrement menacées par la pauvreté, surtout dans les pays en développement.

Elle a cité la Banque mondiale qui estime que l’exclusion des personnes handicapées du travail, dès avant la crise, coûtait aux sociétés environ 1,94 milliard de dollars en pertes annuelles.

Le Directeur général du BIT, Juan Somavia, a loué l’action de Marlee Matlin pour promouvoir les droits des personnes handicapées et son soutien sans faille au travail de l’OIT dans ce domaine: «L’exemple, la direction et la conviction de Marlee Matlin sont indispensables dans ces efforts déployés pour que le monde entier réalise les capacités et les talents des personnes handicapées et non pas seulement leur handicap.»

M. Somavia a rappelé que la crise économique a ébranlé la société au point qu’on ne pouvait revenir en arrière comme si de rien n’était. Il a indiqué que le Pacte mondial pour l’emploi pointe la nécessité d’aider les plus vulnérables qui sont particulièrement affectés par la crise. Il a appelé à «agir pour qu’au même titre que n’importe quel autre travailleur, les personnes handicapées soient protégées et responsabilisées. C’est l’approche de l’OIT».

Il a ajouté qu’ «une des clés du combat pour le changement est l’inspiration que nous tirons de ceux qui osent. Et Marlee Matlin s’est liée avec tant de ceux qui souffrent non pas à cause de leur handicap, mais à cause de l’attitude de la société vis-à-vis du handicap».

De son côté, M. Salazar a déclaré que l’OIT œuvrait à accroître le taux d’activité des personnes handicapées, notamment parmi les femmes, afin de permettre que les personnes avec un handicap ne soient pas discriminées et reçoivent un salaire égal aux autres travailleurs ainsi qu’à promouvoir l’éducation et la formation professionnelle, et briser le lien entre pauvreté et handicap.

«Je crois qu’il nous reste beaucoup de chemin à parcourir mais, ensemble, nous pouvons faire la différence, a-t-il affirmé. Personne ne peut y parvenir seul.»

Marlee Matlin a fini son discours par une citation du premier Président malentendant de l’Université Gallaudet, la seule université semi-publique au monde dans laquelle tous les programmes et services sont spécifiquement conçus pour les sourds et malentendants, qui disait: «La seule chose qu’un sourd ne peut pas faire, c’est entendre». Elle a conclu en ajoutant: «Ce qui me laisse un monde de possibilités à réaliser. Je crois de tout mon cœur que le ‘réel’ handicap dont nous souffrons ne se trouve pas dans nos oreilles, nos yeux, nos bras ou nos jambes, il est dans l’esprit de ceux qui nous handicapent.»