Beyrouth, Liban 19-21 octobre 2009

Le Forum arabe pour l’emploi aborde l’impact de la crise financière Mondiale sur l’emploi

Un Forum arabe pour l’emploi se tient avec la participation de délégués de haut niveau venus des 22 pays de la région afin d’étudier les conséquences de la crise économique mondiale sur les Etats arabes et d’envisager les façons de soutenir l’emploi et d’étendre la protection sociale pour leurs citoyens.

Communiqué de presse | 18 octobre 2009

BEYROUTH (Nouvelles du BIT) – Un Forum arabe pour l’emploi de trois jours s’ouvre avec la participation de délégués de haut niveau venus des 22 pays de la région (Note 1) afin d’étudier les conséquences de la crise économique mondiale sur les Etats arabes et d’envisager les façons de soutenir l’emploi et d’étendre la protection sociale pour leurs citoyens.

«Les assertions selon lesquelles les économies arabes seraient relativement immunisées contre les effets contagieux de la crise se sont révélées fausses», a déclaré M. Juan Somavia, Directeur général du Bureau international du Travail qui organise le Forum, conjointement avec l’Organisation arabe du Travail (OAT). «Comme dans d’autres régions, de nombreux travailleurs et travailleuses du monde arabe ont perdu leur emploi, alors que les entreprises sont confrontées à une baisse de la demande et à un report des investissements. L’avenir demeure incertain.»

«Ce Forum est l’occasion d’aborder les défis que pose la crise actuelle à court terme et de s’attaquer aux faiblesses structurelles, telles que le manque de protection sociale, de manière à construire ensemble un avenir équilibré et durable fondé sur la croissance et le travail décent», a précisé M. Somavia.

Le Forum pour l’emploi va étudier l’application dans la région du Pacte mondial pour l’emploi adopté par la Conférence internationale du Travail en juin dernier. Le Forum essaiera également de rebondir sur l’élan créé par la 36e Conférence de l’AOT d’avril dernier qui avait plaidé en faveur d’une coopération et d’une coordination régionales plus fortes avec l’OIT afin de lutter contre les effets de la crise économique et de l’emploi. Les représentants des gouvernements, des travailleurs et des employeurs des 22 pays devraient discuter de l’impact de la crise et explorer de nouvelles options politiques pour en traiter les conséquences.

Le Directeur général de l’Organisation arabe du Travail, M. Ahmed Mohamed Luqman a rappelé «qu’en janvier 2009, le Sommet arabe économique s’était tenu au Koweït et avait adopté la “Décennie arabe pour l’emploi” qui couvre la période 2010-2020. Cela incluait l’engagement de lancer des programmes régionaux pour faire baisser les taux de chômage dans les pays arabes et réduire de moitié le pourcentage des travailleurs pauvres d’ici la fin de la décennie».

Le Forum arabe pour l’emploi se déroule alors qu’il apparaît que la crise économique mondiale affecte les pays de la région de diverses manières à travers différents canaux. Un rapport du BIT (Note 2) préparé pour le Sommet estime que, globalement, la croissance économique de la région risque de baisser jusqu’à environ 2 pour cent en 2009, contre environ 4,5 pour cent en 2008.

Le rapport fournit des estimations de chômage au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Dans le pire des scénarios, le taux de chômage pourrait atteindre 11 pour cent dans chacune des deux régions d’ici la fin 2009.

Dans le même temps, le rapport indique aussi qu’en tenant compte du nombre de travailleurs migrants dans la région il pourrait y avoir quatre fois plus de travailleurs en situation d’emploi vulnérable que de travailleurs au chômage en 2009.

Le rapport met en garde contre toute tentative d’aborder les économies arabes comme un groupe homogène. L’impact de la crise pourrait connaître des variations probablement aussi importantes au sein des économies régionales qu’entre le monde arabe et le reste du monde. Cependant, il existe certaines caractéristiques générales communes.

Par exemple, le rapport rappelle que la crise frappe les économies arabes à un moment où le chômage était déjà élevé et la couverture de protection sociale insuffisante pour amortir efficacement de nouvelles pressions. Il met aussi l’accent sur les difficultés qu’éprouvent les économies régionales à créer des emplois, en particulier pour les jeunes, hommes et femmes.

M. Luqman a souligné que «le chômage est un fardeau commun qui menace tous les pays arabes sans exception. Les taux de chômage ont augmenté au fil de l’aggravation de la crise économique. Une coopération arabe active est indispensable si l’on veut éviter les effets destructeurs de la crise, en particulier sur les jeunes, sur la stabilité sociale et la sécurité du monde arabe».

Selon le rapport, de nombreux pays arabes mettent en œuvre des mesures pour surmonter les répercussions négatives de la crise, s’appuyant souvent sur l’extension des politiques existantes, pour protéger les revenus des plus vulnérables et soutenir les petites entreprises, ainsi que sur des investissements et des entreprises à haute intensité de main-d’œuvre.

«La crise a révélé et parfois accentué certains problèmes structurels du monde arabe. Les politiques relatives à l’emploi et à la protection sociale ont tendance à être parcellaires et peu intégrées aux débats politiques nationaux. On peut dire la même chose pour la promotion des principes et droits fondamentaux au travail et pour le dialogue social. A cet égard, le Pacte mondial pour l’emploi offre un cadre utile que les pays peuvent adapter à leur situation nationale», a précisé M. Somavia.

M. Somavia a cependant mis l’accent sur le fait que «des avancées positives avaient été enregistrées dans la région. Certains pays envisagent d’étendre et de réformer leur système de sécurité sociale. Les ministères du Travail développent des capacités pour prendre en charge de façon spécifique les questions d’emploi et de protection sociale. D’autres pays ont pris des mesures pour institutionnaliser le dialogue social. Nous devons nous appuyer sur ces initiatives pour assurer la protection des travailleurs dans toute la région alors que nous traversons cette tempête».

M. Luqman a déclaré que «la priorité pour le monde arabe pendant cette crise doit être la création de nouvelles possibilités d’emploi, ainsi que la protection des emplois existants. Des efforts devraient également être déployés pour favoriser la mobilité de la main-d’œuvre arabe et renforcer les investissements interarabes».

Au cours des trois jours de réunion, les représentants des gouvernements, des travailleurs et des employeurs devraient discuter de toute une série de recommandations stratégiques, y compris:

  • Faire de l’emploi l’objectif explicite des politiques économiques, qu’il s’agisse de relance budgétaire et de relance des investissements au niveau macroéconomique ou d’amélioration de l’employabilité grâce à des politiques actives sur le marché du travail.
  • Introduire ou étendre l’assurance chômage et créer un minimum de protection sociale donnant accès à des soins médicaux, à des pensions de retraite pour les personnes âgées et à des allocations pour les familles avec enfants et pour les personnes handicapées.
  • Adopter des politiques qui respectent à la fois le droit des ressortissants nationaux à l’emploi et les droits des travailleurs migrants tout en maximisant les allocations et en réduisant les risques des migrations liées au travail.
  • Donner la priorité à des solutions «anti-crise» négociées. Le dialogue social et la négociation collective revêtent une importance particulière en ce moment et devraient être promus comme des instruments utiles, non seulement pour faire face aux conséquences sociales de la crise mais aussi pour en traiter les causes – grâce à une meilleure gouvernance – et pour rétablir une stabilité et une croissance riche d’emplois et qui n’exclut personne.

«La crise ajoute à l’urgence de faire de l’emploi et de la protection sociale un objectif central des politiques aux niveaux national et mondial. Le BIT promeut une approche globale à travers l’Agenda pour le travail décent. C’est tout le sens du Pacte mondial pour l’emploi. Une croissance plus équilibrée et plus durable dans le monde arabe dépend de la mise en œuvre à l’échelon national des voies vers le travail décent», a conclu M. Somavia.

Note à l’attention des journalistes:

Pour plus d’informations ou pour obtenir un interview, merci de contacter l’Unité Médias et Communication du Bureau de l’OIT: Mlle Reham Rached: Tél. +961-1-752400 (ext 108). Portable +961-3292722. Courriel: rached@ilo.org.

Vous pouvez également consulter le site web du Forum arabe pour l’emploi à l’adresse suivante: www.ilo.org/arabstates/aef qui propose une documentation de référence préparée à l’occasion du Forum.


Note 1 - Algérie, Bahreïn, Comores, Djibouti, Egypte, Irak, Jordanie, Royaume d’Arabie Saoudite, Koweït, Liban, Libye, Mauritanie, Maroc, Oman, Autorité palestinienne, Qatar, Somalie, Soudan, Syrie, Tunisie, Emirats arabes unis et Yémen.

Note 2 - La crise financière, économique et sociale mondiale et les pays arabes, p. 29. www.ilo.org/public/english/region/arpro/beirut/downloads/aef/global_eng.pdf