Devant la Conférence internationale du Travail M. Juan Somavia appelle à un soutien urgent aux territoires arabes occupés et à «un dialogue social» palestino-israélien

GENÈVE (Nouvelles du BIT) - M. Juan Somavia, Directeur général du BIT (Bureau international du Travail) a annoncé lundi que l'Organisation internationale du Travail (OIT) lancerait un plan d'urgence pour la création d'emplois dans les territoires arabes occupés et appelé Palestiniens et Israéliens «à prendre le risque d'engager un dialogue social».

Communiqué de presse | 10 juin 2002

GENÈVE (Nouvelles du BIT) - M. Juan Somavia, Directeur général du BIT (Bureau international du Travail) a annoncé lundi que l'Organisation internationale du Travail (OIT) lancerait un plan d'urgence pour la création d'emplois dans les territoires arabes occupés et appelé Palestiniens et Israéliens «à prendre le risque d'engager un dialogue social».

«La situation actuelle ne peut pas durer, a-t-il dit, et seul le dialogue peut conduire à la paix.»

Intervenant dans le débat général de la Conférence internationale du Travail, qui s'est ouverte le 3 juin à Genève en présence de quelque 3 000 délégués (gouvernements, employeurs, travailleurs), M. Somavia a estimé, citant le Rapport sur la situation des travailleurs des territoires arabes occupés *, que «l'humiliation et la frustration ressenties par les Palestiniens» résultaient du blocage des territoires et de l'action militaire décidés par Israël.

La notion de «punition collective» semble être la meilleure explication à «la colère qui couve», a-t-il dit, ajoutant que «le rapport reflète aussi le sentiment d'insécurité ressenti par Israël en raison des attentats-suicides et de la crise économique».

M. Somavia a indiqué que l'Organisation s'engageait à mettre en place de manière urgente un programme de coopération technique élargi en faveur des travailleurs arabes des territoires occupés, tant il est vrai, a-t-il rappelé, qu'une «paix universelle et durable ne peut exister que si elle se fonde sur la justice sociale».

Evoquant la récente ouverture au Myanmar d'un bureau de liaison, qui marque, selon lui, une «percée» dans les relations entre le BIT et le gouvernement birman, M. Somavia a indiqué que l'Organisation internationale du Travail allait œuvrer étroitement avec les autorités et toutes les parties concernées pour éliminer définitivement du pays le travail forcé.

Le Directeur général du BIT s'est ensuite longuement étendu sur le problème de la globalisation, notamment dans sa dimension sociale, estimant qu'il ne saurait y avoir «un modèle bon pour tous» et qu'il était plus sage d'envisager l'approche la plus large afin que les choix puissent être faits par le biais d'un débat démocratique.

M. Somavia a relevé que la forme actuelle de la globalisation n'avait pas débouché sur la création d'emplois suffisants. Aujourd'hui, a-t-il fait remarquer, plus d'un milliard de femmes et d'hommes sont sans emploi, sous-employés ou peu rémunérés. En conséquence de quoi, 120 millions de travailleurs migrants et leurs familles ont quitté leur pays dans l'espoir de trouver un emploi ailleurs. Qui plus est, a-t-il ajouté, on doit envisager la création de quelque 500 millions de nouveaux emplois, pour l'essentiel dans le monde en développement, dans les dix prochaines années afin d'absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail, principalement des jeunes et des femmes.

Le Directeur général du BIT a estimé qu'il était nécessaire de porter son attention dans cinq directions:

  • Se concentrer davantage sur le développement local, les marchés locaux, l'esprit et la capacité d'entreprise au niveau local. «Le commerce international et les investissements étrangers sont importants, mais l'expérience a montré que seulement une quinzaine de pays en développement en ont retiré l'essentiel des bénéfices. Pour les autres, les résultats sont maigres, particulièrement pour les pays les moins développés exportateurs de produits de base.»
  • Libérer la créativité et le potentiel productif des femmes et des hommes pris au piège de l'économie informelle.
  • Examiner les voies et moyens d'assurer à tous les travailleurs et à leurs familles une sécurité minimum au plan économique et social.
  • Assurer la cohérence des objectifs de notre système, mais promouvoir le pluralisme des politiques à suivre sur les moyens.
  • Maintenir le rythme des changements en cours au sein de l'Organisation internationale du Travail.
* Rapport du Directeur général: Annexe. Rapport sur la situation des travailleurs des territoires arabes occupés, Conférence internationale du Travail, 90e session, juin 2002, Bureau international du Travail, Genève. ISBN 92-2-212426-6. Prix: 12.50 francs suisses