Les 13 pays candidats à l'Union europénne face au défi social de leur adhésion: Ils en débattront vendredi et samedi à Malte sous l'égide du BIT

Les 13 pays candidats à l'Union européenne se retrouveront vendredi et samedi à La Valette, Malte, pour débattre des moyens propres à répondre au double défi économique et social qu'ils auront à relever pour se joindre à une Europe élargie.

Communiqué de presse | 27 février 2003

GENÈVE (Nouvelles du BIT) - Les 13 pays candidats à l'Union européenne se retrouveront vendredi et samedi à La Valette, Malte, pour débattre des moyens propres à répondre au double défi économique et social qu'ils auront à relever pour se joindre à une Europe élargie.

La conférence, organisée par le Bureau international du Travail (BIT) et le gouvernement de Malte, se penchera principalement sur les mécanismes de dialogue social et la réforme des lois du travail dans les pays candidats. Elle se tiendra à un niveau élevé et sur une base tripartite: on y attend en effet des représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs de Bulgarie, Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie, Slovénie et Turquie.

Ces assises seront ouvertes par M. Lawrence Gonzi, vice-premier ministre et ministre de la Politique sociale de Malte, M me Sally Paxton, Directeur exécutif chargée du secteur dialogue social au BIT, et M. Eleftherios Giolas, secrétaire d'Etat au ministère du Travail et des Affaires sociales de Grèce, pays qui assume actuellement la présidence de l'Union européenne (UE). Les délégués entendront également des interventions de représentants de l'Union des Confédérations de l'industrie et des employeurs d'Europe (UNICE) et de la Confédération européenne des syndicats (CES).

L'objet premier de la conférence, a indiqué M me Paxton, sera d'évaluer «l'état du dialogue social au niveau national» dans les 13 pays et de lui insuffler un nouvel élan «pour que soient explorées les potentialités de ce dialogue afin de relever les défis économiques et sociaux auxquels sont confrontés les pays candidats, notamment en matière de réforme des lois du travail».

«Des réformes économiques et institutionnelles de grande envergure et sans précédent ont été introduites, en particulier dans les pays de l'ancien bloc de l'Est qui, en une décennie, ont accompli ce que beaucoup d'autres pays ont mis un siècle à accomplir», a-t-elle dit.

«En matière de réforme du marché du travail dans les pays candidats à l'UE, de nombreuses initiatives ont été prises, par le biais de textes de loi, mais il reste encore une large place à des réformes sur les lieux de travail: on pourrait s'y attaquer par le dialogue social et la négociation collective, au niveau de l'entreprise, du secteur et du pays», a poursuivi M me Paxton. «Notre tâche, en l'occurrence, est de faire en sorte que se crée un environnement favorable au développement d'un dialogue social et de relations industrielles crédibles, permettant à tous les pays candidats de tirer bénéfice de la prospérité d'une Europe élargie et, dans le même temps, d'y contribuer.»

A l'heure où les négociations d'accession à l'Union européenne approchent de leur conclusion pour 10 des 13 candidats, cette conférence offre l'occasion de passer en revue les défis auxquels les futurs membres sont confrontés dans les domaines du dialogue social et de la réforme des lois du travail.

Selon une étude du BIT, la situation économique et sociale dans les pays candidats est encore loin d'être satisfaisante, mais les tendances relevées récemment sont encourageantes. La croissance économique a été, en moyenne, de 4,7 pour cent sur la période 1995-2000 (contre 2,7 pour cent dans l'Europe des 15). La productivité dans l'industrie s'est accrue à un taux moyen annuel de 5,9 pour cent durant cette même période dans 10 pays d'Europe centrale et orientale. Cette remarquable performance est en grande partie due à des réformes structurelles donnant la priorité à une plus grande efficacité.

Le taux de chômage reste élevé dans six pays candidats - Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne et Slovaquie - se situant à plus de 10 pour cent, alors que, dans les sept autres, il atteint en moyenne 6,2 pour cent. Le chômage de longue durée (12 mois ou plus) représentait, en l'an 2000, 48,3 pour cent du nombre total des chômeurs dans 10 pays d'Europe centrale et orientale, un taux similaire à celui de l'Europe des 15.

Au plan des salaires, l'étude indique qu'ils ont augmenté à un rythme soutenu de 3,9 pour cent par an, durant la période 1995-2000, dans 10 pays d'Europe centrale et orientale, mais qu'ils restent très bas en regard des niveaux relevés dans l'UE. A titre indicatif, le salaire moyen dans l'industrie (environ 3 dollars de l'heure dans la manufacture) représentait, en 2000, moins de 10 pour cent de celui perçu en Allemagne (32 dollars de l'heure).

«Pour parvenir à une intégration totale dans l'Union européenne, les gouvernements et les acteurs sociaux des pays candidats doivent se pencher sur les institutions et les mécanismes du dialogue social et des relations industrielles et, le cas échéant, procéder aux révisions nécessaires afin d'en faire des instruments aussi efficaces et crédibles que ceux qui existent dans les Etats membres de l'Europe des 15», a ajouté M me Paxton.