Juan Somavia invite les organisations internationales à participer à la campagne mondiale en faveur de l'élimination des pires formes de travail des enfants

Le Directeur général du Bureau international du Travail a invité les organisations multilatérales, ainsi que les citoyens de tous les pays, à participer à la campagne mondiale en faveur de l'élimination des pires formes de travail des enfants.

Communiqué de presse | 5 juillet 1999

GENÈVE (Nouvelles du BIT) - Le Directeur général du Bureau international du Travail a invité les organisations multilatérales, ainsi que les citoyens de tous les pays, à participer à la campagne mondiale en faveur de l'élimination des pires formes de travail des enfants.

Dans le cadre de la déclaration préliminaire qu'il a prononcée ce matin à Genève lors de la séance d'ouverture du débat de haut niveau de la 12 ème réunion du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), M. Juan Somavia a indiqué que «dans un monde qui manque véritablement de causes à défendre, la lutte contre les pires formes de travail des enfants constitue une cause autour de laquelle chacun peut se mobiliser». «J'invite tout le monde à prendre part à cet effort international», a-t-il ajouté.

Evoquant les stratégies internationales visant à éliminer la pauvreté, promouvoir l'emploi productif et atteindre l'égalité entre les sexes, M. Somavia a énoncé trois propositions. «D'abord, nous devons nous assurer que les marchés fonctionnent pour tout le monde (...). Il semble en effet que les bénéfices de l'économie globale soient bloqués quelque part et ne parviennent pas à un nombre suffisant de personnes», a-t-il expliqué. Par voie de conséquence, a-t-il prévenu, l'ensemble du processus risque de perdre sa légitimité aux yeux de l'opinion publique, en dépit de son potentiel énorme pour générer des richesses. Il est essentiel, a-t-il suggéré, que l'on accorde davantage d'attention à l'interaction entre les marchés et les sociétés.

Deuxièmement, a déclaré M. Somavia, «nous avons atteint une limite dans la recherche de solutions sectorielles à des problèmes d'ensemble». Actuellement, les politiques «sont définies au niveau sectoriel». Mais la société, à l'instar du corps humain, constitue un ensemble indissociable. M. Somavia s'est référé aux efforts sectoriels destinés à restructurer le système financier international et à créer toutes les conditions nécessaires au développement, au nouveau cycle de négociations commerciales sur le point de commencer, à la nouvelle Conférence de la CNUCED, au processus de suivi des conférences des Nations Unies de Copenhague et de Beijing, ainsi qu'à la prochaine Assemblée du millénaire et à la promotion du «travail décent» entreprise par le BIT, avant de conclure que «la somme de ces activités ne produit pas un tout». Nous avons besoin d'un cadre analytique intégré, basé sur les décisions prises lors des grandes conférences des Nations Unies des années 90, a-t-il ajouté.

Troisièmement, a-t-il poursuivi, «nous devons élargir la notion de productivité au-delà de ses aspects économiques». Après avoir qualifié le travail domestique, le travail bénévole et l'utilisation gratuite des ressources de l'environnement comme des «subventions cachées», qui ne sont ni reflétées par les statistiques ni chiffrées, M. Somavia a demandé que soit déterminé un «cadre plus large pour la notion de productivité. Nous avons besoin d'un cadre pour la productivité sociale. Comment mesurer l'intégration des considérations liées aux sexospécifités? Comment mesurer la protection de l'environnement, la reconnaissance des droits fondamentaux ou du processus participatif?», s'est-il interrogé. «Nous ne pouvons pas nous permettre d'utiliser une notion de productivité économique qui ne soit pas intégrée à la notion de stabilité d'une société».

Les pires formes de travail des enfants subsistent en partie parce que «nous ne disposons pas d'une approche intégrée qui nous permette de concentrer nos efforts sur ce fléau (...). Si l'objectif du système multilatéral est de mettre en œuvre des actions communes sur des questions ciblées, pourquoi ne choisissons-nous pas l'élimination des pires formes de travail des enfants comme une cause que nous puissions tous embrasser?», a proposé M. Somavia. «Il ne s'agit pas seulement d'un domaine d'action pour le système multilatéral. Il s'agit d'une cause autour de laquelle les citoyens du monde entier peuvent se mobiliser», a-t-il conclu.