LES "SWEATSHOPS" DANS LES INDUSTRIES DE LA CHAUSSURE, DES TEXTILES ET DU VÊTEMENT A L'ORDRE DU JOUR DE LA REUNION DE L'OIT, QUI ADOPTE UNE RESOLUTION SUR LE TRAVAIL DES ENFANTS

GENEVE (Nouvelles du BIT) - Une réunion tripartite sur les effets de la mondialisation des industries du textile, de l'habillement et de la chaussure (THC) a montré que l'apparition de " sweatshops" et de problèmes liés aux maladies professionnelles dans certains pays était un " motif de préoccupation" . Elle a en outre mis en garde sur le fait que la mondialisation dans ce secteur ne pourrait revêtir un caractère durable si elle ne s'accompagnait pas de justice sociale.

Communiqué de presse | 1 novembre 1996

GENEVE (Nouvelles du BIT) - Une réunion tripartite sur les effets de la mondialisation des industries du textile, de l'habillement et de la chaussure (THC) a montré que l'apparition de " sweatshops" et de problèmes liés aux maladies professionnelles dans certains pays était un " motif de préoccupation" . Elle a en outre mis en garde sur le fait que la mondialisation dans ce secteur ne pourrait revêtir un caractère durable si elle ne s'accompagnait pas de justice sociale.

Les participants à la réunion sont parvenus à la conclusion que " la lutte contre le travail clandestin devrait être renforcée" dans le secteur THC. Ils ont fait observer qu'" une coordination tripartite efficace des mesures prises aux niveaux national et international contre les " sweatshops" pourrait faire baisser la pression qui s'exerce sur les salaires et les conditions de travail en général et résulte de la concurrence déloyale créée par les entreprises qui ne satisfont pas à leurs obligations fiscales et légales, exploitent les travailleurs et perturbent les marchés" .

Les délégués, qui représentaient des employeurs, des travailleurs et des gouvernements de plus de 30 pays, ont abouti à la conclusion que l'évolution dramatique de ce secteur au cours des 20 dernières années " avait entraîné une nouvelle répartition de la production et de l'emploi dans le monde avec des suppressions d'emplois et la création d'emplois relativement précaires tant dans les pays développés que dans les pays en développement" . Mais, " de manière générale, cette évolution a eu un effet positif sur l'emploi à l'échelle mondiale" .

Les conclusions ont montré que, " dans un contexte à la demande demeure relativement stationnaire et à la concurrence entre les fabricants, les détaillants et les pays s'intensifie, les entreprises THC doivent s'adapter pour survivre" , ce qui présuppose qu'elles " doivent fonctionner avec une plus grande souplesse qu'auparavant" .

Les délégués ont insisté sur le fait qu'" une croissance régulière et la compétitivité à long terme devraient aller de pair avec le progrès social, et qu'elles devraient s'appuyer sur des relations professionnelles solides et des systèmes de consultation tripartite et/ou bipartite efficaces" .

Les délégués sont par ailleurs parvenus à la conclusion que, dans les zones franches d'exportation (ZFE), " on devrait s'attacher à la création de liens économiques avec le reste de l'économie nationale et au respect des droits fondamentaux de l'homme sur le lieu de travail afin d'éviter que ne se créent des enclaves de développement" . Ils ont vivement recommandé que les ZFE " relèvent de la législation nationale et que les normes de travail fondamentales de l'OIT y soient appliquées" . Ils ont en outre insisté sur le fait que, " dans les ZFE qui existent déjà, il serait bon de constituer des comités consultatifs tripartites sur les relations professionnelles" .

Ils ont déclaré que " les organisations d'employeurs et de travailleurs devraient coopérer pour essayer de réduire les coûts du travail non salariaux sans que cela ne porte atteinte au niveau des salaires et des prestations, en introduisant, par exemple, des programmes modernes de gestion en matière de santé et de sécurité visant à diminuer le nombre de maladies et de blessures professionnelles ainsi que les coûts qui en découlent" .

Les délégués ont également abouti à la conclusion suivante: " Une des conditions préalables nécessaires pour garantir le respect des droits fondamentaux de l'homme et du travailleur, et maintenir, voire améliorer, les conditions de travail, est d'assurer que, dans tous les pays, les entreprises se conforment aux législations du travail qu'elles sont tenues d'observer et qu'il existe des lois rendant la formation obligatoire, et que celles-ci sont appliquées."

Une résolution séparée adoptée par des délégués présents à la réunion demandait aux Etats Membres de l'OIT de " ratifier et d'appliquer intégralement la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant, la convention de l'OIT (no 138) sur l'âge minimum, 1973, la convention (no 29) sur le travail forcé, 1930, et la convention (no 105) sur l'abolition du travail forcé, 1957, à titre prioritaire" .

Cette résolution priait instamment les Etats Membres de l'OIT " de demander à tous les employeurs, organisations d'employeurs, distributeurs et détaillants de chaussures, de produits textiles et de vêtements (...) de prendre des mesures et d'adopter des directives facultatives afin d'éliminer tout recours à la main-d'oeuvre enfantine dans la fabrication, directe ou indirecte, la commercialisation ou la vente au détail de leurs produits" .

Une autre résolution invitait l'OIT " à assurer que les industries de la chaussure, des textiles et du vêtement continuent de recevoir l'attention et les ressources nécessaires à l'amélioration des niveaux de coopération technique et de recherche" .

Cette réunion, organisée par le Département des activités sectorielle du BIT, s'est tenue à Genève du 28 octobre au 1er novembre derniers. L'OIT, fondée en 1919 pour promouvoir la cause de la justice sociale sur le lieu de travail, compte 174 Etats Membres.