Le travail décent dans l'économie informelle, le travail des enfants, les accidents du travail et les maladies professionnelles, et les territoires occupés à l'ordre du jour de la 90 e Conférence internationale du Travail

GENÈVE (Nouvelles du BIT) - Les délégués à la Conférence internationale du Travail, qui commencera à Genève le lundi 3 juin, doivent examiner un large éventail de questions, entre autres le travail décent dans l'économie informelle, la sécurité et la santé au travail, le travail des enfants et la situation des travailleurs dans les territoires arabes occupés.

Communiqué de presse | 31 mai 2002

GENÈVE (Nouvelles du BIT) - Les délégués à la Conférence internationale du Travail, qui commencera à Genève le lundi 3 juin, doivent examiner un large éventail de questions, entre autres le travail décent dans l'économie informelle, la sécurité et la santé au travail, le travail des enfants et la situation des travailleurs dans les territoires arabes occupés.

L'invité d'honneur de cette année, Son Excellence Dato'Seri Dr. Mahatir ben Mohamad, Premier ministre de la Malaisie, s'adressera à la Conférence le 11 juin à 10 heures. Autre invité de marque, Son Excellence Owen S. Arthur, Premier ministre de la Barbade, s'exprimera le 13 juin à 10 heures.

La Conférence commencera le lundi 3 juin à 17 heures 30 et se terminera le mardi 20 juin. Le Président de la Conférence sera élu lors de la séance plénière d'ouverture, qui se tiendra dans la Salle des Assemblées du Palais des Nations à Genève.

La Commission de l'économie informelle prévoit une discussion générale sur le rapport 1 Travail décent et économie informelle. A l'échelle mondiale, environ la moitié des travailleurs sont occupés dans l'économie informelle, laquelle, dans certains pays comme le Bangladesh, le Mali, le Népal et le Pakistan, représente 70 pour cent de l'emploi total. Selon le rapport en question, l'économie informelle s'est accrue à une vitesse inattendue partout dans le monde. Dans les pays en développement, les programmes d'ajustement structurel, les réformes économiques et la croissance démographique sont à l'origine de cette expansion. On estime que, au cours des dix dernières années, 90 pour cent des nouveaux emplois en Afrique ont été créés dans l'économie informelle.

D'après le rapport, le manque de protection juridique et sociale et de représentation des employeurs et des travailleurs, et l'observation insuffisante des droits au travail qui caractérisent l'emploi informel constituent dans beaucoup de pays un phénomène fréquent qui est inhérent à l'évolution actuelle de la mondialisation. Le rapport souligne que si l'on ne s'attaque pas aux causes profondes de l'économie informelle, on ne progressera pas durablement dans la voie d'un travail décent, reconnu et protégé. Le rapport présente une stratégie intégrée pour s'attaquer à ses causes.

Le 12 juin, lors d'une séance spéciale de la Conférence, les délégués examineront un rapport 2 global sur l'élimination effective du travail des enfants. Ce rapport, qui présente l'évolution à cet égard à l'échelle mondiale, a été élaboré dans le cadre du suivi de la Déclaration de l'OIT relative aux principes et droits fondamentaux au travail que la Conférence internationale du Travail a adoptée en 1998 à sa 86 e session.

Le rapport indique que 246 millions d'enfants travaillent, soit un sur six des enfants âgés de 5 à 17 ans dans le monde. Entre autres conclusions alarmantes, le rapport indique aussi qu'un enfant sur huit dans le monde, soit 179 millions d'enfants de la même tranche d'âge, continuent d'être exposés aux pires formes de travail, c'est-à-dire celles qui mettent en péril leur santé physique et mentale.

Le 12 juin, l'Organisation internationale du Travail (OIT) célébrera la Journée mondiale de lutte contre le travail des enfants, une manifestation étant prévue la veille au siège de l'Organisation. Cette initiative vise à renforcer la dynamique qui s'est créée ces dernières années pour mettre un terme au travail des enfants, en particulier à ses pires formes. Elle vise aussi à faire connaître les progrès réalisés à ce jour et à poursuivre l'action qui est déployée pour qu'aucun enfant ne travaille plus à l'avenir.

Afin d'harmoniser les systèmes d'enregistrement et de notification en vigueur, la Commission des accidents du travail et des maladies professionnelles à la Conférence examinera la question de l'adoption d'un projet de protocole à la convention sur la sécurité et la santé des travailleurs de 1981, et d'un projet de recommandation concernant la liste des maladies professionnelles et l'enregistrement et la déclaration des accidents du travail et des maladies professionnelles.

Il ressort des dernières estimations du BIT pour 2000 que, chaque année, on dénombre 2 millions de décès liés au travail, dont 80 pour cent environ pourraient être évités si l'ensemble des Etats Membres de l'OIT appliquaient les meilleures stratégies et pratiques existantes de prévention. Sans mécanisme fiable de déclaration et d'enregistrement, il est très difficile de faire baisser partout dans le monde le nombre de décès et d'accidents liés au travail et de prendre des mesures préventives à l'échelle nationale et des entreprises.

La Commission de la promotion des coopératives commencera sa deuxième discussion sur l'adoption d'une éventuelle recommandation qui remplacerait celle adoptée en 1966 (la recommandation ( nº127) de l'OIT sur les coopératives (pays en voie de développement)).

Les coopératives contribuent de plus en plus dans le monde à la création d'emplois, à la croissance économique et au développement social. Allant de petites entreprises à des sociétés qui manient des millions de dollars, elles occupent, estime-t-on, plus de 100 millions de femmes et d'hommes et comptent plus de 800 millions de membres.

La nouvelle recommandation suggère aux Etats Membres de prendre des mesures pour promouvoir les coopératives et créer ainsi des emplois, accroître leur potentiel économique, l'épargne et l'investissement, et améliorer le bien-être social. Elle leur demande aussi de considérer la promotion des coopératives comme l'un des objectifs du développement national et social, et de créer des conditions propres à favoriser l'expansion de coopératives économiquement viables et gérées démocratiquement.

Les délégués examineront également le rapport du Directeur général du BIT sur la situation des travailleurs des territoires arabes occupés ( voir communiqué de presse BIT/02/24 du 30 mai). Le rapport passe en revue la situation dans les territoires occupés et en Israël et demande instamment aux donateurs internationaux de contribuer sans plus attendre aux mesures destinées à créer des emplois et à promouvoir le dialogue social entre Israéliens et Palestiniens.

La Conférence examinera les informations et les rapports sur l'application des conventions et recommandations que les gouvernements ont soumis, ainsi que le rapport de la Commission d'experts pour l'application des conventions et recommandations. Les délégués à la Conférence débattront également du retrait de 20 recommandations qui sont considérées comme dépassées. La Conférence sera aussi saisie d'une étude d'ensemble des experts concernant la convention ( nº137) sur le travail dans les ports, 1973, et la recommandation nº145 correspondante.

La Commission de l'application des normes tiendra une séance spéciale sur la question de l'exécution par le gouvernement du Myanmar de la convention ( nº29) sur le travail forcé, 1930. Elle examinera cette question en tenant compte des observations de la Commission d'experts pour l'application des conventions et recommandations. Elle prendra aussi en considération des initiatives récentes, en particulier la création d'un bureau de liaison de l'OIT à Yangon.

La Conférence internationale du Travail a pour rôle d'adopter des normes internationales du travail et de contrôler leur application, d'établir le budget de l'Organisation et d'élire les membres du Conseil d'administration. Depuis 1919, elle constitue un lieu de débat de premier plan sur les grandes questions sociales et du travail à l'échelle mondiale.

La Conférence devrait réunir plus de 3 000 délégués, dont des ministres du Travail et des dirigeants d'organisations de travailleurs et d'employeurs, de la plupart des 175 Etats Membres de l'OIT. Chaque Etat Membre est autorisé à mandater quatre délégués à la Conférence: deux délégués gouvernementaux, un délégué des travailleurs et un délégué des employeurs, qui ont chacun le droit de s'exprimer et de voter de façon indépendante.

1 Rapport VI: Travail décent et économie informelle, Conférence internationale du Travail, 90 e session, juin 2002. Bureau international du Travail, Genève. ISBN 92-2-212429-4. Prix: 17,50 francs suisses.

2 «Un avenir sans travail des enfants», Rapport global en vertu du suivi de la Déclaration de l'OIT relative aux principes et droits fondamentaux au travail, Conférence internationale du Travail, 90 e session, 2002, Bureau international du Travail, Genève, ISBN 92-2-212416-2. Prix: 20 francs suisses. (Ce rapport peut également être consulté sur le site Internet de l'OIT www.ilo.org/declaration.)