Le BIT rapporte que les années 1990 ont vu le secteur du commerce enregistrer une importante croissance d'emplois à travers le monde

GENÈVE (Nouvelles du BIT) - Le commerce de gros et de détail, stimulé par les progrès technologiques, l'évolution de la demande des consommateurs et la libéralisation du commerce, est un secteur où, durant les années 1990, le nombre de nouveaux emplois créés à travers le monde a été considérable, selon un nouveau rapport publié aujourd'hui à Genève par le Bureau international du Travail (BIT).

Communiqué de presse | 25 octobre 1999

GENÈVE (Nouvelles du BIT) - Le commerce de gros et de détail, stimulé par les progrès technologiques, l'évolution de la demande des consommateurs et la libéralisation du commerce, est un secteur où, durant les années 1990, le nombre de nouveaux emplois créés à travers le monde a été considérable, selon un nouveau rapport * publié aujourd'hui à Genève par le Bureau international du Travail (BIT).

Relevant que le secteur du commerce est devenu l'un des principaux moteurs de création d'emplois dans le monde, le rapport fait état d'estimations selon lesquelles, entre 1990 et 1997, le commerce de détail aurait créé quelque 53,5 millions d'emplois dans 93 pays étudiés.

Sur ce chiffre, ce sont environ 40 millions d'emplois, dont la moitié rien qu'en Chine, qui ont été créés dans les dix-sept pays d'Asie et du Pacifique étudiés; environ six millions d'emplois nouveaux ont été créés dans les 24 pays industriels pour lesquels on dispose de statistiques; dans le même temps, six millions d'emplois ont été créés dans 27 pays latino-américains et 1,5 millions d'emplois nouveaux ont été créés dans 19 pays en transition.

Au titre des caractéristiques de l'emploi dans ce secteur, le rapport cite la forte proportion de femmes employées, des taux de rotation de main-d'œuvre élevés et une forte proportion de travailleurs n'ayant ni contrat à plein temps ni contrat permanent. Dans presque tous les pays, les femmes qui travaillent dans le commerce sont plus touchées par le chômage que les hommes, ce qui s'explique notamment par le fait qu'«elles sont plus nombreuses à occuper des emplois peu qualifiés, précaires et à temps partiel».

«L'impact de la mondialisation et de la restructuration sur l'emploi dans le commerce a donc d'importantes conséquences pour les politiques de promotion de l'égalité et les initiatives qui peuvent en découler dans le monde entier», affirme le rapport.

Bien que l'on ne puisse se prononcer avec certitude sur l'impact qu'aura le commerce électronique sur l'emploi, on estime à environ 760 000 le nombre d'emplois déjà créés par Internet aux Etats-Unis. En Allemagne, d'après des estimations récentes, 200 000 nouveaux emplois seront créés dans les services de communication de 1995 à 2005, dont plus de la moitié dans les nouveaux services du commerce électronique. Le commerce électronique pourrait déboucher sur la création de 500 000 emplois dans l'Union européenne d'ici 2005, selon une étude commandée par la Commission européenne. Le commerce électronique peut, à brève échéance, conduire à un développement de l'emploi dans le commerce de détail traditionnel, car les détaillants restent présents physiquement et dans le cyberespace; mais la désintermédiation et les changements dans la chaîne de la valeur ajoutée devraient avoir une incidence négative sur l'emploi dans ce secteur.

Le rapport sera examiné lors d'une réunion tripartite qui doit se tenir à Genève du 25 au 29 octobre afin d'étudier les implications de la mondialisation sur l'emploi et les conditions de travail des employés du commerce. La Réunion se penchera aussi sur le rôle des normes internationales du travail dans le secteur du commerce.

En dépit des licenciements résultant des fusions et acquisitions intervenues dans le secteur, poursuit le rapport, le potentiel de croissance et d'emplois y reste plus élevé que dans de nombreux autres secteurs. Dans la plupart des pays, le nombre de travailleurs du secteur du commerce s'est accru, alors que la proportion d'employés du commerce sur le nombre total d'emplois augmentait dans la moitié des pays étudiés, souligne le rapport.

Toutefois, bien que le commerce soit l'un des secteurs enregistrant le plus fort taux de croissance et qu'il constitue l'une des principales sources de création d'emplois dans le monde, «diverses appréhensions liées à l'apparition d'une société globale gouvernée principalement par les forces du marché» répondent fréquemment aux espoirs que ce secteur suscite en matière d'amélioration des conditions de travail et de vie, prévient le rapport.

«L'impact de la mondialisation dans le domaine social et notamment dans le domaine du travail exige que le monde politique, le monde des affaires et le monde syndical assument leurs responsabilités et veillent au respect des normes internationales du travail, ce qui contribuera à une amélioration des conditions de travail», ajoute le rapport.

Le développement du commerce international, qui aurait atteint 6 500 milliards de dollars, ainsi que la croissance du commerce intérieur des Etats ont fait du secteur commercial l'une des clefs de la croissance économique. Les grandes firmes multinationales ou les chaînes nationales de détaillants telles que Wal-Mart, The Gap et Toys'R'Us aux Etats-Unis, Metro Group AG en Allemagne, Carrefour SA et Pinault-Printemps-La Redoute en France, et Ito-Yokado au Japon, se placent aujourd'hui parmi les plus grandes entreprises dans nombre de pays industrialisés.

De par leur taille, les entreprises multinationales évincent les entreprises locales, en particulier dans les pays en développement. Ainsi, au Brésil, une concurrence acharnée a obligé les propriétaires de quatre des douze plus grandes chaînes de supermarchés à vendre en 1996. D'un autre côté, les multinationales stimulent la productivité du travail dans les entreprises locales, souligne le rapport. En Amérique latine et en Europe orientale, un certain nombre de détaillants ont déjà commencé à relever le défi avec efficacité.

Dans certains domaines du secteur du commerce, les emplois peu qualifiés tendent à disparaître au profit d'emplois exigeant un niveau d'instruction plus élevé. La segmentation de la clientèle et les améliorations de la qualité du service créent de nouveaux besoins et engendrent de nouvelles politiques de formation dans l'entreprise. Il en résulte un changement radical des groupes cibles des politiques de formation, lesquelles s'étendent désormais aux salariés qui sont en contact direct avec la clientèle. Il ressort d'une étude menée par le Centre européen pour le développement de la formation professionnelle (CEDEFOP) que 80% des entreprises étudiées dispensent une formation continue aux employés de commerce, alors que seules 26,6% proposent une formation continue aux caissiers. Curieusement, cette étude laisse apparaître que les entreprises les plus petites - celles qui comptent jusqu'à cent salariés - forment tous leurs vendeurs, tandis que les plus grandes n'en forment que la moitié.

Dans de nombreux pays, le commerce de détail et le commerce de gros figurent parmi les secteurs où le taux de syndicalisation est le plus faible. Toutefois, ce taux varie considérablement d'un pays à l'autre. En Finlande, le taux de syndicalisation atteint 81,9%, alors qu'aux Etats-Unis à peine 5,8% des travailleurs du commerce de gros et 5,2% de ceux du commerce de détail étaient syndiqués en 1998.

Un certain nombre de rapports et d'études ont fait état de violations des droits des travailleurs de la part de sous-traitants des entreprises multinationales de vente au détail. Aussi, la Réunion tripartite débattra-t-elle d'initiatives volontaires telles que les codes de conduite et les labels sociaux, dont l'utilisation par les entreprises multinationales est de plus en plus fréquente dans le secteur du détail du fait de son internationalisation rapide.

* Les implications de la mondialisation et de la restructuration du commerce du point de vue des ressources humaines. Rapport soumis aux fins de discussion à la Réunion tripartite sur les implications de la mondialisation et de la restructuration du commerce du point de vue des ressources humaines.
Bureau international du travail, Genève, 1999. ISBN 92-2-211761-1. Prix: 20 francs suisses.