Rapport sur l'Emploi dans le Monde 1998-99

GENÈVE (Nouvelles du BIT) - Selon le Rapport sur l'emploi dans le monde, publié ce jour par le Bureau international du Travail (BIT), la crise financière qui sévit en Asie et dans d'autres régions du monde va faire considérablement augmenter le volume du chômage et du sous-emploi, alors que celui-ci atteint déjà un niveau sans précédent.

Communiqué de presse | 24 septembre 1998

GENÈVE (Nouvelles du BIT) - Selon le Rapport sur l'emploi dans le monde * , publié ce jour par le Bureau international du Travail (BIT), la crise financière qui sévit en Asie et dans d'autres régions du monde va faire considérablement augmenter le volume du chômage et du sous-emploi, alors que celui-ci atteint déjà un niveau sans précédent.

«La situation mondiale de l'emploi n'est guère réjouissante et ne cesse de s'assombrir», déclare Michel Hansenne, Directeur général du BIT. «La crise financière mondiale a fait peser un tel poids sur la mondialisation que nous craignons de voir les gouvernements tourner le dos à des réformes économiques qui sont pourtant indispensables. Mais le problème n'est pas la mondialisation en soi.»

Faisant observer qu'au-delà de la tempête financière, de nombreux pays souffrent de problèmes de chômage de longue durée que seule est susceptible de résoudre une action concertée des gouvernements, des syndicats et des organisations d'employeurs, M. Hansenne affirme: «Parmi les mesures destinées à favoriser la compétitivité, la croissance et l'emploi dans une économie qui se mondialise, il convient d'accorder davantage d'importance au formidable atout que représente le fait de disposer d'une main-d'œuvre de qualité, instruite et qualifiée.»

Principales constatations figurant dans le Rapport sur l'emploi dans le monde 1998-99:

  • Environ un milliard de travailleurs - soit le tiers de la population active de la planète - sont sans emploi ou sous-employés, chiffre qui n'a pratiquement pas bougé par rapport aux estimations réalisées par le BIT à l'époque du Rapport sur l'emploi dans le monde 1996-97;
  • Sur ce milliard de personnes, environ 150 millions sont effectivement au chômage, c'est-à-dire à la recherche d'un emploi ou disponibles pour travailler. Et sur ces 150 millions de chômeurs, 10 millions ont été privés d'emploi cette année uniquement à cause de la crise financière qui s'est déclarée en Asie;
  • En outre, 25 à 30% des travailleurs de la planète, soit de 750 à 900 millions de personnes, sont sous-employés, c'est-à-dire qu'ils travaillent beaucoup moins qu'ils ne le souhaiteraient ou qu'ils gagnent moins que le minimum vital;
  • Le BIT estime à 60 millions le nombre de jeunes demandeurs d'emploi de 15 à 24 ans, dont les recherches demeurent vaines;
  • L'évolution du chômage et du sous-emploi dans le monde, telle qu'elle se dégage du présent rapport, contraste nettement avec celle qui était escomptée dans le rapport précédent, publié à la fin de 1996, époque à laquelle le BIT considérait qu'un certain nombre de signes encourageants laissaient présager un redressement économique mondial et un recul du chômage et du sous-emploi dans le monde.

«En fait, au cours du premier semestre de 1998, de nombreuses régions du globe ont enregistré une croissance économique», fait observer M. Hansenne. «Pourtant, ce redressement dont nous espérions qu'il génère des emplois dans toutes les régions du monde, a seulement réduit le chômage et le sous-emploi aux Etats-Unis et dans une moindre mesure au sein de l'Union européenne.»

Et d'ajouter: «La persistance du chômage et du sous-emploi provoque l'exclusion sociale des jeunes et des personnes âgées, des travailleurs les moins qualifiés, des handicapés et des minorités ethniques, les femmes étant, à l'intérieur de chacune de ces catégories, les plus désavantagées.»

Le BIT considère que seule la formation professionnelle peut offrir une solution au problème d'emploi des femmes, des jeunes, des travailleurs du secteur informel et d'autres «catégories vulnérables» telles que celles des travailleurs âgés, des chômeurs de longue durée et des handicapés.

«Pour faire face à la mondialisation rapide et réussir dans la course à la compétitivité, les pays doivent investir dans la formation professionnelle», affirment les auteurs du rapport. «L'instruction et la formation professionnelle, qui ont été les ingrédients essentiels du miracle économique de l'Asie du Sud-Est, pourraient aider des millions de travailleurs d'autres régions du monde à sortir du sous-développement et de la pauvreté.»

Résumé du Rapport sur l'emploi dans le monde:

Asie -

En Indonésie, les conséquences de la montée en flèche du chômage et du sous-emploi sont aggravées par des pénuries alimentaires dues à la sécheresse. Selon les prévisions du BIT, «en 1998, les salaires réels risquent fort de baisser davantage encore que le PIB par habitant (-15% environ). Le chômage pourrait frapper entre 9 et 12% de la main-d'œuvre, contre 4% environ en 1996. Toutefois, une telle progression reflétera une augmentation du sous-emploi plutôt que du chômage déclaré».

En Thaïlande, le taux de chômage pourrait atteindre environ 6% de la main-d'œuvre en 1998, soit près de 2 millions de personnes (contre 1 à 2%, ou 400 à 700 000 chômeurs, il y a deux ans à peine). Comme de nombreux Thaïlandais comptent sur le «filet de sécurité» que constitue traditionnellement la famille élargie, le sous-emploi risque de quadrupler voire de quintupler. Selon le BIT, cette situation se répercutera bien au-delà des centres urbains, car «de nombreux habitants des zones rurales, notamment les personnes âgées, vivent en partie de l'argent qui leur est envoyé par les membres de leur famille travaillant à Bangkok».

En République de Corée, la contraction de l'emploi s'est accélérée l'année dernière. Le chômage a presque doublé de novembre 1997 à février 1998, date à laquelle il était supérieur à 5%, et atteignait 7% au mois de juin.

A Hong-kong, le taux de chômage a aussi beaucoup augmenté: il était de 4,5% à la fin du deuxième trimestre de 1998, contre 2,9% en 1997.

En Chine où, selon les estimations, 3,5 millions de travailleurs seront licenciés en 1998 et où le taux de chômage se situera alors entre 5 et 6%, l'emploi productif sera peut-être stimulé par le développement des entreprises privées, et surtout des PME.

En outre, le BIT redoute que les marchés du travail de l'Inde, du Pakistan et du Bangladesh, que la crise avait jusqu'à présent plus ou moins épargnés, ne se mettent à connaître de véritables difficultés avec la dégradation du climat économique de la région.

Europe centrale et orientale et Communauté d'Etats indépendants -

L'effondrement de la production a entraîné une contraction considérable de la demande de travail, un recul de l'emploi et, dans certains pays, une diminution des salaires réels.

Dans la Fédération de Russie, le chaos économique qui ne cesse de s'aggraver a entraîné une croissance négative des salaires réels, - actuellement à moins de 60% de leur valeur de 1989 - voire, dans un nombre croissant de cas, la suspension pure et simple du paiement des salaires pendant des mois. Les auteurs du rapport signalent que, bien que le PIB de la Russie ait augmenté de 0,4% en 1997 après huit années de récession et que l'inflation soit tombée à 15% contre 48% en 1996, la crise économique et l'instabilité politique risquent d'empirer les choses. Le taux de change a chuté et l'inflation s'accélère de jour en jour. Malheureusement, cette situation ne peut qu'aggraver la pauvreté.

En Pologne, en revanche, les salaires réels ont amorcé une lente remontée et sont actuellement à un peu moins de 80% de leur niveau d'avant 1989. Le chômage demeure élevé (10,4% en 1998).

Ailleurs en Europe orientale, le taux de chômage est de 5,4% en République tchèque, 9,2% en Hongrie, 9,2% en Roumanie, 13% en Bulgarie et 17,6% en Croatie.

Amérique latine -

En 1998, l'Amérique latine risque d'être victime d'un abandon général des marchés émergents par les investisseurs, qui pourrait provoquer une forte augmentation du chômage et du sous-emploi.

Le cas de l' Argentine est cité en exemple: après un programme de stabilisation et d'ajustement structurel, la croissance y a été moyenne de 5,8% par an de 1991 à 1997. Toutefois, la situation de l'emploi s'est détériorée et le taux de chômage a augmenté de 6,3% en 1991 à 15% en 1997, après avoir culminé à 17,5% en 1995.

«Incapables de trouver du travail dans le secteur formel où la productivité est élevée et les salaires relativement bons, beaucoup de gens doivent se rabattre sur des activités qui, parfois, leur permettent tout juste de survivre», expliquent les auteurs du rapport. Certains travaillent à leur compte, d'autres sont domestiques, d'autres encore trouvent un emploi dans des microentreprises.

Ailleurs en Amérique latine, le BIT estime qu'en 1998, le chômage était de 7,9% au Brésil, de 11,3% au Venezuela, de 3,4% au Mexique et de 15,2% en Colombie.

Afrique subsaharienne -

Néanmoins, tout en jugeant encourageante cette reprise observée en Afrique, le BIT met en garde contre «un optimisme excessif. Etant donné que la main-d'œuvre croît de près de 3% par an et que le secteur moderne crée peu d'emplois, la population doit surtout compter sur les emplois du secteur informel et d'un secteur agricole peu productif». En outre, comme on s'attend à ce que la population active africaine augmente de 2,9% par an de 1997 à 2010 (contre 1,9% pour l'Asie du Sud-Est et 1,8% pour l'Amérique latine), cela signifie que le marché du travail comptera chaque année 8,7 millions de demandeurs d'emploi supplémentaires.

Pays développés -

Dans l'Union européenne, on dénombre aujourd'hui plus de 18 millions de chômeurs, mais «ce chiffre ne tient pas compte du très grand nombre de travailleurs «découragés» et de personnes contraintes à travailler à temps partiel». Toutefois, on a observé des signes de reprise de la production et de l'emploi en Europe vers le milieu de 1998, ce qui s'est d'ailleurs traduit dans l'Union européenne par une diminution du taux moyen de chômage , qui a été ramené de 10,7% en mai 1997 à 10,2% en mai 1998. Au Japon, le taux de chômage demeure plus faible que dans la plupart des autres pays développés, mais il est en forte hausse du fait de la stagnation de l'économie depuis le milieu des années quatre-vingt-dix.

«Les chômeurs de longue durée n'ont guère de chance de pouvoir retrouver un emploi, même en cas d'embellie du climat macroéconomique», font observer les auteurs. «Les conséquences sociales de cette situation sont désastreuses. Elles exigent que l'on adopte des mesures et programmes propres à faciliter la réinsertion des chômeurs de longue durée sur le marché du travail.»

  • Les jeunes travailleurs: Le BIT estime que dans le monde entier, environ 60 millions de jeunes de 15 à 24 ans sont à la recherche d'un emploi, leur pourcentage étant de 20% dans beaucoup de pays de l'OCDE.

«En Europe occidentale, la faiblesse de la croissance a aggravé la situation tandis qu'en Europe orientale, la contraction de l'économie et les restructurations ont fortement réduit l'accès des jeunes à de nouveaux emplois», affirment les auteurs.

Dans les pays en développement d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, «les taux du chômage urbain des jeunes dépassent souvent 30%», peut-on lire dans le rapport. Du fait des bouleversements qui se produisent actuellement dans le monde, les jeunes sont encore plus menacés de licenciement - les employeurs s'adaptant à la récession en réduisant l'embauche de nouveaux travailleurs. Les auteurs attirent aussi l'attention sur les autres dangers du chômage des jeunes: vandalisme, criminalité, toxicomanie, aliénation, troubles sociaux et conflits.

Cependant, le BIT donne des exemples de programmes qui permettent de venir en aide aux jeunes. En Amérique latine et en Asie, par exemple, «les programmes qui permettent aux jeunes de mettre un pied sur le marché du travail par une brève expérience en entreprise peuvent effectivement améliorer les perspectives d'emploi dans les économies où il existe une demande de travailleurs faiblement qualifiés ou semi-qualifiés et où la croissance économique est relativement forte».

Plusieurs pays de l'Union européenne ont opté pour des mesures d'incitations financières à l'embauche et à la formation des jeunes. Vers le milieu des années quatre-vingt-dix, ces «contrats jeunes» représentaient près de 25% de l'emploi des jeunes en Italie, 20% en Grèce et 12% en Espagne et en France.

  • Les chômeurs de longue durée: «Le chômage de longue durée est l'un des problèmes sociaux les plus graves et les plus difficiles à résoudre.» Les chances de trouver un emploi s'amenuisent au fur et à mesure que la période de chômage s'allonge. Les qualifications s'érodent et les employeurs sont de plus en plus réticents à embaucher les chômeurs de cette catégorie.

Le phénomène est particulièrement préoccupant dans les pays de l'Union européenne où en 1996, plus de 60% des 9 millions de chômeurs de longue durée étaient sans travail depuis plus de deux ans.

Les travailleurs âgés et les femmes sont particulièrement menacés par le chômage de longue durée. De même, les travailleurs licenciés des industries en déclin et les handicapés en sont davantage victimes que les autres travailleurs.

Un train de mesures complémentaires est à cet égard beaucoup plus efficace que des programmes ponctuels. Une bonne combinaison de mesures consiste en l'association de programmes de subventions de l'emploi, d'aide à la recherche d'emplois, de cours de rattrapage et de formation ainsi que de conseils sur la manière de régler les problèmes familiaux et sociaux. La formation ou le placement en entreprise donne aux employeurs l'occasion de revenir sur l'opinion négative qu'ils peuvent avoir des chômeurs de longue durée. Les petites entreprises de réinsertion communautaires, qui offrent différentes formes d'appui aux chômeurs tout en produisant des biens et des services qui répondent aux besoins de la région et en favorisent le redressement économique, contribuent efficacement à la résorption du chômage de longue durée.

  • Les femmes et la formation à l'heure de la mondialisation: Depuis vingt ans, ce sont surtout les femmes qui augmentent les effectifs de la main-d'œuvre des pays industrialisés comme des pays en développement. En effet, dans toutes les régions sauf l'Afrique, leur proportion dans la population active s'est sensiblement accrue. Dans l'Union européenne, par exemple, elles ont contribué à près de 80% de l'augmentation de la main-d'œuvre depuis 1980 et dans des pays comme l'Irlande, l'Italie, le Royaume-Uni et la Suède, ce pourcentage avoisine 100%.

Deux tendances opposées se sont dessinées ces dernières années: d'un côté l'augmentation et la féminisation des emplois faiblement rémunérés du secteur tertiaire et de l'autre, l'accroissement du nombre des emplois de haut niveau qu'obtiennent les femmes en raison de leur niveau d'instruction. Dans les pays de l'OCDE, par exemple, les femmes sont généralement de plus en plus nombreuses «à entreprendre des études de médecine, de droit, de comptabilité ou encore de commerce, qui étaient jusqu'ici surtout l'apanage des hommes».

En revanche, «il est plus rare que les femmes optent pour des formations qui leur permettent d'accéder à des emplois de niveau intermédiaire ou inférieur traditionnellement occupés par des hommes». Cela s'explique à la fois par la ségrégation professionnelle et par le recul de la demande de ce type d'emplois.

Tous ces obstacles incitent un nombre croissant de femmes à créer leur propre entreprise. «Selon les estimations nationales, 10% des nouvelles entreprises ont été créées par des femmes en Afrique du Nord, 33% en Amérique du Nord et 40% dans l'ex-Allemagne de l'Est.» Et Selon des études récentes citées dans le rapport, ce pourcentage dépasse 60% aux Etats-Unis.

  • Le secteur informel: A l'heure actuelle, dans les pays en développement, la majorité des emplois sont créés dans le secteur informel qui, selon les estimations du BIT, fait travailler environ 500 millions de personnes. La pénurie d'emplois dans le secteur structuré de l'économie ainsi que le manque de qualifications d'une large fraction de la main-d'œuvre, ont conduit à l'essor d'un secteur informel dans lequel la plupart des travailleurs occupent un emploi faiblement rémunéré dans des conditions de travail médiocres et non réglementées.

Compte tenu du nombre de travailleurs concernés et de son augmentation constante, une action concertée est nécessaire pour améliorer les revenus, la productivité et les conditions de travail dans ce secteur. En complément d'un appui institutionnel et de possibilités de crédit à des taux abordables, la formation peut jouer à cet égard un rôle décisif. Les auteurs du rapport préconisent une politique de formation qui réponde aux exigences de ceux qui sont déjà installés dans la production du secteur informel et qui ont besoin d'un complément de formation qui leur permette de se familiariser avec telles technologies nouvelles et tels produits nouveaux.

  • Formation: Les auteurs passent en revue les différentes méthodes de formation adoptées à travers le monde en en signalant les qualités et les faiblesses. En outre, ils proposent des mesures susceptibles d'améliorer l'efficacité et la gestion des systèmes de formation au niveau mondial afin d'atteindre les normes de qualité exigées dans le monde hautement compétitif qui est le nôtre.

Tout en insistant sur le fait qu'il n'existe pas de système de formation idéal, ils font valoir que la réussite d'un système de formation suppose la réunion de trois facteurs: un enseignement solide, l'adaptation des objectifs de la formation à la demande économique réelle et la contribution des partenaires sociaux - employeurs, travailleurs et gouvernement - à l'amélioration des résultats et de l'efficacité à l'intérieur d'un cadre institutionnel adéquat.

D'une manière générale, les systèmes de formation des pays en développement ou en transition évoluent rapidement. En Asie de l'Est au cours des dernières décennies, les gouvernements ont investi massivement dans l'enseignement primaire et secondaire et se sont appliqués à fixer les objectifs de leurs programmes de formation professionnelle en fonction de la demande internationale; grâce au succès de cette approche très structurée, ces pays sont en train de mettre au point un système plus décentralisé comprenant un certain désengagement de l'Etat et un plus grand pouvoir de décision de populations de plus en plus prospères encadrées par des institutions sociales plus solides.

En Europe de l'Est, les gouvernements des pays à économie planifiée faisaient en sorte que l'offre de main-d'œuvre qualifiée corresponde à la demande des entreprises d'Etat qui, elles, dispensaient la formation complémentaire. A l'heure actuelle, en raison du passage de ces pays à l'économie de marché, la formation des travailleurs de la région est en général insatisfaisante.

Au niveau mondial, la réforme des systèmes de formation s'oriente vers des «systèmes axés sur la demande», qui répondent aux besoins réels et immédiats des entreprises, au détriment des systèmes axés sur l'offre, qui sont organisés en fonction de priorités fixées par les pouvoirs publics et les établissements de formation.

«L'orientation des systèmes de formation en fonction de la demande englobe plusieurs composantes. D'abord, les gouvernements aident les agents privés, à la fois les employeurs et les individus, à financer des efforts de formation qui servent leurs intérêts immédiats. Ensuite, pour ce qui est de la formation financée directement par les gouvernements, d'une part une plus grande place est accordée à l'information relative aux compétences demandées sur le marché du travail et, d'autre part le recours aux mécanismes du marché dans un souci d'efficacité a entraîné le remplacement progressif des organismes publics de formation par ceux du secteur privé», expliquent les auteurs du rapport du BIT. En d'autres termes, les organismes de formation du secteur public sont contraints d'entrer en concurrence avec les autres pour obtenir les contrats de formation.

Les pouvoirs publics encouragent de plus en plus les entreprises et les individus à assumer la majeure partie des coûts de la formation en démontrant son utilité et en favorisant la concurrence entre les organismes qui la dispensent. Cependant, sur ce plan aussi, il existe plusieurs modèles possibles.

Les taxes de formation, qui correspondent à un prélèvement annuel équivalent le plus souvent à 1 ou 2% de la masse salariale, sont utilisées dans plusieurs pays latino-américains. Dans d'autres pays, aussi divers que la France, Singapour et le Zimbabwe, il s'agit d'une taxe de formation assortie d'une subvention, c'est-à-dire que les entreprises sont exonérées de la taxe de formation dans la mesure où elles ont elles-mêmes des activités de formation. Autrement dit, les entreprises qui ne forment pas leur personnel doivent payer la taxe de formation au taux plein (qui sert à financer les programmes nationaux de formation) et les entreprises qui offrent des cours de formation peuvent déduire les frais correspondants du montant de leur taxe.

* Rapport sur l'emploi dans le monde 1998-99 - Employabilité et mondialisation: Le rôle crucial de la formation, Bureau international du Travail, Genève, 1998. ISBN 92-2-210827-2. Prix: 45 francs suisses.