Le BIT lance une campagne mondiale en faveur de la sécurité sociale pour tous

Communiqué de presse | 18 juin 2003

GENÈVE (Nouvelles du BIT) – Quatre personnes sur cinq dans le monde ne bénéficient pas d'une couverture sociale de base, et le Bureau international du Travail (BIT) a annoncé mercredi qu'il allait prendre la tête d'une campagne pour encourager les pays à étendre la sécurité sociale au plus grand nombre de leurs ressortissants..

«Une seule personne sur cinq est aujourd'hui couverte dans le monde par un système adéquat de sécurité sociale, a déclaré le Directeur général du BIT Juan Somavia. Qui plus est, la moitié de la population mondiale ne bénéficie d'aucune sorte de couverture sociale. Nous avons la volonté – et il nous faut à présent trouver les moyens – de donner au plus grand nombre les avantages sociaux dont ils ont besoin pour survivre et prospérer.»

La Campagne mondiale sur la sécurité sociale et la couverture pour tous est lancée ce jour dans le cadre de la 91e Conférence internationale du Travail, qui se tient à Genève depuis le 3 juin. Cette campagne est l'expression d'un consensus qui s'est dégagé parmi les gouvernements, les employeurs et les travailleurs pour étendre cette couverture à l'ensemble du monde du travail, particulièrement dans l'économie informelle, et sensibiliser les opinions à l'impact de ce système de sécurité sur le développement économique et social. Elle visera à l'émergence d'un large partenariat impliquant les organisations internationales, les pays donateurs, les institutions chargées de la sécurité sociale et les diverses composantes de la société civile.

Selon une étude* (note 1) du BIT intitulée «Etendre la sécurité sociale: politiques pour les pays en développement», la couverture sociale englobe l'accès aux soins et un revenu minimum pour les personnes âgées, les chômeurs, les malades, les invalides, les victimes du travail, les femmes enceintes et les foyers privés de celui ou celle qui assurait les revenus. Dans ses conclusions, cette étude montre que:

  • 20 pour cent de la population mondiale bénéficie d'une couverture sociale adéquate;
  • plus de la moitié de la population mondiale n'a aucune couverture;
  • dans les pays les moins développés, moins de 10 pour cent de la population est couverte par un système de sécurité sociale;
  • dans les pays à revenu moyen, la couverture sociale touche 20 à 60 pour cent de la population, alors que ce pourcentage est près de 100 pour cent dans les nations industrialisées.

Dans son rapport à la Conférence – «S'affranchir de la pauvreté par le travail» –, M. Somavia précise que les systèmes de protection sociale préservent la sécurité et la dignité humaines, l'équité et la justice sociale, tout en favorisant l'autonomisation, la participation politique et la démocratie.

«Des systèmes efficaces de sécurité sociale concourent à améliorer les performances de l'économie et à établir un avantage comparatif sur les marchés mondiaux», estime M. Somavia.

Dans les pays en développement, les personnes sans couverture sociale sont généralement employées dans le secteur informel. Même dans ceux d'entre eux qui connaissent une forte croissance économique, un nombre croissant de travailleurs – le plus souvent des femmes – occupent des emplois peu sûrs: travail occasionnel, à domicile ou indépendant, qui n'est assorti d'aucune couverture sociale

«Il n'existe aucune approche universelle tendant à l'extension de la couverture sociale, a poursuivi M. Somavia. Chaque pays est dans une situation unique, qui requiert des solutions sur mesure».

Le Directeur général du BIT cite l'exemple d'un certain nombre de pays à revenu moyen qui ont réussi à étendre leurs systèmes de protection sociale. La République de Corée, fait-il remarquer, a porté la couverture maladie de 20 à 100 pour cent entre 1977 et 1989, alors que la Tunisie a étendu la couverture «santé et retraite» de 60 à 84 pour cent entre 1989 et 1999. Autres exemples: le Costa Rica a généralisé la couverture maladie en combinant assurance sociale et libre accès aux services publics de santé, et le Brésil a sorti des millions de familles de la pauvreté en étendant le versement de pensions sociales financées par des taxes.

La campagne aura à s'assurer du soutien des trois composantes de l'Organisation internationale du Travail (OIT) (gouvernements, employeurs, travailleurs) ainsi que de celui d'autres organisations pour aider les pays à étendre leurs systèmes de couverture sociale par le biais d'un processus d'expérimentation et du dialogue social.

Dans le même temps, elle devra permettre d'intensifier les efforts déjà déployés dans 40 pays pour étendre la couverture sociale, en se concentrant, dans un premier temps, sur cinq points: développer cette couverture par le dialogue social, renforcer les programmes conçus sur une base communautaire, y compris le recours à la micro-assurance pour répondre aux besoins de la couverture sociale, agir contre l'exclusion sociale, étendre la couverture maladie et dresser des projets-pilotes pour élargir la couverture sociale par le biais d'un Fonds social mondial, qui lierait pays industrialisés et pays en développement.

Pour plus d'informations, veuillez consulter: www.ilo.org/coverage4all ou contacter:

Service Politiques et Développement de la Sécurité Sociale:
Tel. +4122/799-6635
Fax: +4122/799-7962
Email: socpol@ilo.org


Note 1 - Extending social security: Policies for developing countries , ESS Paper No. 13, Social Security Policy and Development Branch, Wouters van Ginneken, International Labour Office, Geneva, 2003. ISBN 92-2-113487-3.