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En route pour le développement inclusif à Timor Leste

Timor Leste doit promouvoir la croissance et l’emploi durable et inclusif dans ses zones rurales, où vit 70 pour cent de la population, pour atteindre ses objectifs de développement. Pour aider le pays, un projet de l’OIT sur l’infrastructure donne du travail à des femmes et à des personnes handicapées dans le secteur de l’agroforesterie.

Reportage | 5 septembre 2019
Plus de 90 kilomètres de routes rurales allaient être refaites et entretenues par des sous-traitants timorais, dans le cadre du projet de l’OIT ERA Agro-Forestry.
Baguia, Timor-Leste (OIT Infos) – Rui Guterres se battait pour nourrir sa famille de trois enfants en combinant riziculture et élevage. Il espérait trouver un emploi pour avoir des revenus plus réguliers. Mais en septembre 2018, quand il a entendu parler du projet de construction d’une route dans son village, Baguia, à l’Est de Timor-Leste, il pensait que ses chances d’être embauché étaient réduites. Rui Guterres, 32 ans, est né avec une malformation à la jambe droite. «Tout le monde est différent, mais quand on est handicapé, on joue pas à égalité avec les autres», dit-il. «Je suis quand même allé aux réunions au village pour en savoir plus sur le projet, et voir si j’avais une chance.»

Mr Rui Guterres
Aux réunions, il a appris que dans sa région, plus de 90 kilomètres de routes rurales allaient être refaites et entretenues par des sous-traitants timorais, dans le cadre du projet de l’OIT ERA Agro-Forestry. Ce projet, financé par l’Union européenne (UE), vise à promouvoir le développement rural et l’inclusion sociale en améliorant l’accès aux zones rurales agroforestières

«La main-d’œuvre pour ces projets de reconstruction et d’entretien des routes est recrutée parmi la population qui vit à côté de ces routes», explique Albert Uriyo, chef du projet ERA Agro-Forestry. «Ce programme bénéficie aux populations locales en développant l’économie locale grâce au versement de salaires, au développement des compétences des travailleurs et en offrant des opportunités à des personnes, notamment aux plus vulnérables, comme les handicapés, pour leur permettre d’acquérir de l’expérience grâce à un emploi plus formel.»

Le protocole d’accord signé entre les municipalités locales et les sous-traitants – environ 40 à ce jour – qui vont réaliser les travaux, met particulièrement l’accent sur l’inclusion des personnes handicapées et l’égalité entre les femmes et les hommes.

Le projet ERA Agro-forestry met l’accent sur l’inclusion des personnes handicapées et l’égalité entre les femmes et les hommes.
Cette approche inclusive s’inscrit dans le cadre des garanties sociales adoptées par le programme des routes pour le développement, qui comprend des dispositions sur la sécurité et la santé, l’égalité et l’égalité des chances pour les enfants (par exemple des salaires en fonction des tâches, l’égalité hommes-femmes, le handicap, la tolérance zéro vis-à-vis du harcèlement sexuel).

Rui Guterres a obtenu un emploi de travailleur non qualifié dans l’une des entreprises chargées du projet, Caidadale Unipessoal, Lda. L’entreprise a également reçu une formation dans le cadre du projet ERA Agro-forestry de l’OIT.

«Je suis ravi de pouvoir avoir un revenu mensuel régulier, et de subvenir ainsi aux besoins de ma famille. Maintenant ma famille vit mieux qu’avant car elle a ce dont elle a besoin au quotidien, ce qui n’était pas le cas avant. J’ai l’intention d’utiliser les économies que je pourrai faire pour ouvrir une petite entreprise, une petite échoppe peut-être», ajoute-t-il.

Des routes pour favoriser l’intégration sociale et l’autonomisation

Un autre des objectifs sociaux du programme ERA Agro-Forestry consiste à garantir qu’un tiers du nombre total des journées de travail (450 000) soit attribué à des femmes. Maria Angelina Guterres – sans lien de famille avec Rui – en est l’une des bénéficiaires. Cette mère de famille de 27 ans travaille comme superviseuse pour un autre sous-traitant, Jatono Unipessoal Lda. Avant d’accepter cet emploi, elle avait peur du défi que ce serait pour elle, qui n’avait pas de formation dans le domaine de l’entretien des routes à forte intensité de main-d’œuvre.

Ms Maria Angelina Guterres
Mais au centre de formation Don Bosco, elle a suivi un programme de deux mois pour apprendre les techniques d’entreprise et de gestion des contrats. «J’ai maintenant acquis les compétences nécessaires pour effectuer mon travail de superviseuse», dit Maria Guterres. «Et mes capacités sont également reconnues par mes pairs.»

«A Timor-Leste, les femmes sont encore sous-représentées dans la main d’œuvre, notamment dans les zones rurales où les opportunités d’emploi formel sont réduites», déclare Albert Uriyo. «Les idées reçues sur les capacités des femmes, leurs responsabilités familiales, et les exigences physiques de certains types de travaux peuvent les décourager de rechercher un emploi hors de chez elles.»

Depuis juin 2017, 25 entreprises sous-traitantes ont reçu une formation pour mettre en œuvre et superviser les projets de construction des routes qui permettront de faciliter l’accès aux marchés et aux zones reculées. Ce programme comprend du coaching et du mentorat pour garantir l’efficacité du transfert de compétences.

Il n’en demeure pas moins que des défis subsistent pour les femmes dans les domaines «techniques» et ceux qui exigent des niveaux de compétences plus élevés. Maria est l’une des trois femmes superviseuses, sur un total de 46 superviseurs, formés par ERA Agro- Forestry dans la municipalité de Baucau. D’après Albert Uriyo, «c’est un défi difficile qui implique une participation plus forte des femmes dans les domaines des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM) et des efforts pour les encourager à être plus nombreuses dans les domaines techniques.»

Il ajoute que des projets comme celui-ci, dont Maria et Rui ont bénéficié, et dont l’objectif est de ne laisser personne de côté, sont très importants pour la population de Timor Leste.

«Ça va développer l’emploi, les revenus, les compétences, et l’accès aux marchés des produits de l’agroforesterie. Il est essentiel d’autonomiser les populations locales dans le cadre d’un processus de développement inclusif et durable», conclut Albert Uriyo.

Plus avoir plus d’informations, vous pouvez contacter Albert Uriyo, chef de projet uriyo@ilo.org Projet de développement de l’accès aux zones rurales ERA Agro-Forestry Project era-af@ilo.org

Le développement des infrastructures rurales est une cible de l'objectif de développement durable des Nations Unies n ° 2 - Faim zéro. Voyez comment l’OIT travaille à la réalisation de cet objectif.