Moldavie

Aider les travailleurs migrants à faire respecter leurs droits à la sécurité sociale

Au moins 25 pour cent des travailleurs de Moldavie vont travailler à l’étranger au cours de leur carrière. Cependant, peu d’entre eux savent que, dans de nombreux cas, ils ont droit à la sécurité sociale de leur pays de destination une fois de retour au pays. Une campagne de l’OIT s’efforce de remédier à cette méconnaissance.

Reportage | 19 décembre 2013
Veaceslav Bicbaev, retraité moldave
BUDAPEST (OIT Info) – Veaceslav Bicbaev est un retraité moldave de 65 ans qui a travaillé en République tchèque à trois périodes différentes de sa vie.

«Quand je suis parti à la retraite et que je suis rentré en Moldavie, j’ai essayé de voir si je pouvais toucher ma pension tchèque. Les choses semblaient très compliquées, j’ai donc abandonné l’idée», raconte-t-il.

«Mais plus tard, un ancien collègue m’a dit que la Moldavie avait signé un accord sur la sécurité sociale avec la République tchèque. J’ai rempli tous les papiers nécessaires et maintenant je perçois ma pension de retraite tchèque. C’est une somme d’argent importante, surtout que ma pension moldave est faible», ajoute-t-il.

Au cours des dernières années, la Moldavie – qui ne fait pas partie de l’Union européenne – a signé des accords bilatéraux similaires avec plusieurs pays de l’UE et d’autres sont en préparation.

Dans le cadre de ces accords, les travailleurs étrangers moldaves ont accès aux mêmes droits, obligations et prestations de sécurité sociale que les ressortissants nationaux, y compris le droit de toucher leur pension de retraite de retour au pays.

Le problème est que très peu de gens en Moldavie connaissent leurs nouveaux droits, ce qui a incité l’Organisation internationale du Travail (OIT) à lancer une campagne de sensibilisation.

«Le but est d’aider des personnes comme Veaceslav à mieux connaître leurs droits. Plus de 200 000 exemplaires de prospectus d’information ont été distribués dans des lieux publics, comme les arrêts de bus, les gares de chemin de fer et les aéroports de Moldavie. La même chose a été faite dans les ambassades et les consulats de Moldavie à l’étranger», explique Oxana Lipcanu, coordinatrice du projet de l’OIT.

Selon ma propre expérience de travailleur émigré, un contrat de travail formel est beaucoup plus sûr, parce que vous avez droit à l’assurance sociale et aux soins médicaux.»
«Deux vidéos de service public ont également été produites pour toucher un public plus large. Elles ont été diffusées sur les chaînes de télévision nationales et sont en ligne sur plusieurs sites web», ajoute-t-elle.

La tentation de l’expatriation est très répandue chez les Moldaves qui sont parfois confrontés à une situation économique difficile chez eux. Mais comme la Moldavie ne fait pas partie de l’UE, obtenir un permis de travail en bonne et due forme peut être compliqué, ce qui alimente le travail clandestin. Dès lors, le but de cette campagne est aussi de faire prendre conscience aux migrants qu’ils devraient insister pour avoir un contrat de travail formel quand ils s’expatrient.

«Selon ma propre expérience de travailleur émigré, un contrat de travail formel est beaucoup plus sûr, parce que vous avez droit à l’assurance sociale et aux soins médicaux», déclare M. Bicbaev.

«De même, et c’est plus important encore, un authentique contrat de travail signifie que vous êtes traité équitablement. Et puis vous pouvez percevoir la pension à laquelle vous avez droit quand vous rentrez chez vous.»

La campagne, qui s’achève fin 2013, a été mise en place en coordination avec le ministère du Travail, de la Protection sociale et de la Famille et avec la Caisse nationale de sécurité sociale.

Elle s’inscrit aussi dans le cadre d’un projet financé par l’UE, Effective Governance of Labour Migration and its Skills Dimension (Une gouvernance efficace des migrations de main-d’œuvre et de ses compétences), qui est mis en œuvre par l’OIT en collaboration avec l’Organisation internationale des migrations (OIM), les partenaires sociaux de l’OIT, ainsi que les gouvernements de Moldavie et d’Ukraine.