Travail contre rémunération

Fidji: Un village contraint au déménagement par la montée des eaux

L’Organisation internationale du Travail joue un rôle capital pour aider une communauté du littoral fidjien à reconstruire son village submergé.

Reportage | 13 septembre 2013
VUNIDOGOLOA, Fidji (OIT Info) – Les villageois de Vunidogoloa sur l’île de Vanua Levu, la deuxième plus grande île de l’archipel des Fidji, font personnellement l’expérience des conséquences du changement climatique sur leur vie quotidienne. Leur communauté côtière a été gravement affectée par la montée des eaux, l’érosion et les inondations – ce qui les a forcés à se reloger en altitude, sur des terrains plus secs.

Simione Botu, de Vunidogoloa (Fidji)
«J’ai dû déménager ma maison trois fois au cours des 30 dernières années en raison des effets du changement climatique», explique le chef du village, Simione Botu.

«Chaque jour, nous redoutons le pire, puisque l’eau continue de monter jusqu’au seuil de nos maisons. C’est aussi très dur pendant les intempéries. L’état des routes rend tout déplacement à pied difficile. Les taxis et les bus ne peuvent plus atteindre le village. Nous avons pris l’habitude de transporter les malades sur un «radeau de bambou» sur la rivière, ce qui est le chemin le plus court vers le dispensaire le plus proche, puisque la route est loin et qu’il n’y a aucun moyen de transport», raconte-t-il.

Toutefois, dix années d’efforts et d’endurance ont été récompensées.

Dans une initiative portée par les villageois eux-mêmes, 16 maisons ont été construites en sept mois, dans le cadre d’un projet de réinstallation liée au changement climatique – avec le soutien du Bureau du Commissaire pour le Nord, du ministère du Développement des provinces, du ministère du Travail et de l’Organisation internationale du Travail.

Travail contre rémunération


Ce projet s’appuie sur le modèle des programmes «Travail contre rémunération» de l’OIT qui consiste à aider les communautés affectées par une catastrophe naturelle à se remettre sur pied en gagnant de l’argent en échange de leur participation aux activités de nettoyage et de restauration consécutives au désastre. Ces projets sont généralement temporaires, répondant à un besoin immédiat tandis que des mesures de réhabilitation à long terme sont mises en place.

«L’OIT a une contribution unique à apporter aux programmes «Travail contre rémunération» en termes de conception de programme, de conditions d’emploi décentes et sûres pour les travailleurs, d’appui et de formation par des spécialistes pour toute une série de compétences qui sont indispensables à la réussite de ces programmes et à la création des futurs emplois», affirme Mike Shone, consultant auprès de l’OIT.

Si nous consacrons nos vies pour le bien des autres, alors nous pourrons construire un meilleur Fidji.»
Le ministre du Travail, des Relations professionnelles et de l’Emploi des Fidji a remanié le modèle original de l’OIT de «Travail contre rémunération» pour inclure le recours à des bénévoles – des chômeurs qualifiés inscrits au centre national pour l’emploi (CNE). Le ministre a intitulé le programme «Travail contre rémunération Plus».

Douze bénévoles vont aider à la construction d’un total de 30 nouvelles maisons et vont aussi assumer d’autres tâches, notamment le nettoyage des parcelles et la plantation de cultures à des fins de sécurité alimentaire. Les nouvelles maisons incorporeront des progrès techniques comme l’énergie solaire et un système naturel d’approvisionnement en eau.

Avec l’assistance financière de l’OIT, le ministère du Travail a pu acheter des outils d’ingénierie (de construction) et des équipements de sécurité. Au lieu de distribuer des sommes en liquide aux 30 familles concernées, l’OIT a accordé un financement pour l’achat de graines d’ananas, de plants de bananiers et d’autres semences qui vont être replantés dans le nouveau village réinstallé.

Cela va permettre aux villageois de générer de précieux revenus.

Le gouvernement fidjien a contribué pour deux tiers aux investissements nécessaires à ce déplacement, en apportant la main-d’œuvre, des matériaux, des ressources financières et le travail de conception. Les villageois ont fourni leur force de travail ainsi que du bois de construction.

«Je suis heureux que nous ayons pu accomplir cette énorme tâche en ayant recours aux usagers du NEC, leur donnant ainsi l’occasion de développer leurs compétences et d’obtenir un emploi permanent à l’avenir», a déclaré Jone Usamate, ministre du Travail, des Relations professionnelles et de l’Emploi.

Jone Veisamasama, un bénévole qui a aidé à terminer les travaux de plomberie dans les nouvelles habitations encense le programme.

«C’est bien parce que le gouvernement pense aux chômeurs et nous donne notre chance», souligne-t-il.

«Si nous consacrons nos vies pour le bien des autres, alors nous pourrons construire un meilleur Fidji», affirme un autre bénévole, Uraia Tawake.

Le ministère du Travail prévoit maintenant de mettre en œuvre le programme «Travail contre rémunération Plus» dans les zones nord et ouest, au bénéfice d’une centaine de foyers au total.

«Je souhaite exprimer ma reconnaissance sincère aux autorités concernées et aux volontaires engagés dans cette belle cause. Le programme «Travail contre rémunération Plus» contribue à offrir un meilleur Fidji à la population de Vunidogoloa», a ajouté M. Usamate.