Travail des enfants

Convergence – un moyen de mettre fin au travail des enfants en Inde

L’OIT s’associe aux pouvoirs locaux pour aider à soustraire les enfants au travail et à prévenir le travail des enfants en zone urbaine et rurale dans cinq Etats de l’Inde.

Reportage | 31 juillet 2013
Par Allan Dow, Unité régionale des partenariats, Bureau régional de l’OIT pour l’Asie et le Pacifique.

DISTRICT D’UJJAIN, Madhya Pradesh, Inde (OIT Info) – On entend le ronronnement d’une machine à coudre dans un petit deux-pièces situé dans la province rurale de Madhya Pradesh. La couturière, une mère de trois enfants, fait une pause, ajuste le vêtement et poursuit son travail. L’une de ses jeunes filles, Muskan, l’observe attentivement.

La famille de Muskan connaît de grosses difficultés financières. Jusqu'à récemment, Muskan ne pouvait aller à l'école car elle était obligée de travailler. Mais l'arrivée de cette machine à coudre dans sa maison a tout changé. La mère de Muskan est bénéficiaire d'une initiative gouvernementale soutenue par l'Organisation internationale du Travail (OIT), qui offre aux parents les moyens de gagner leur vie et de permettre ainsi à leurs enfants de retourner à l'école.

Le visage de Muskan s'illumine lorsqu'elle récite une histoire qu'elle a récemment apprise dans sa classe de cours préparatoire.

«C'est l’histoire d'une amitié entre un garçon et un arbre. Le garçon rend visite à l'arbre tous les jours. Il prend une guirlande de fleurs et s’amuse à grimper dans l’arbre. Il mange ses fruits délicieux», raconte la petite Muskan âgée de 10 ans. «J'aime bien cette histoire», ajoute-t-elle en arborant un large sourire.

Partenariats pour mettre fin
au travail des enfants en Inde
(vidéo en anglais)
L'OIT collabore avec les autorités indiennes aux niveaux national, des Etats et des districts pour aider à soustraire les enfants au travail et à prévenir le travail des enfants en zone urbaine et rurale dans cinq Etats de l'Inde. Ce projet pilote, connu sous le nom de projet «Convergence», est mis en œuvre par le Programme international pour l'abolition du travail des enfants (IPEC) de l’OIT, avec le soutien du ministère du Travail des Etats-Unis. Associer la scolarisation d'un enfant et la capacité d'une famille de subvenir à ses propres besoins est au cœur de bon nombre des activités déployées dans le cadre de ce projet – la clé de la réussite étant toutefois fonction de l’aptitude à réunir ces éléments de manière complémentaire.

«Nous collaborons depuis des années avec le gouvernement indien dans ses efforts de lutte contre le travail des enfants, et un certain nombre des méthodes mises en œuvre se sont traduites par de bonnes pratiques ayant fait leurs preuves», indique Tine Staermose, directrice de l’Equipe d’appui technique de l’OIT au travail décent pour l’Asie du Sud (EAT) et du Bureau de pays de l’OIT pour l’Inde. «Grâce au projet Convergence, nous avons pu, en collaboration avec nos partenaires gouvernementaux, associer ces bonnes pratiques de manière cohérente et durable pour l'avenir.»

Améliorer l'accès à la formation professionnelle des enfants plus âgés est un exemple de ces bonnes pratiques, qui s’est révélé particulièrement bénéfique pour les adolescents exposés au risque d'abandon scolaire.

Dans l'Etat du Gujarat, le père de Kanha Behara, un adolescent de 15 ans, a entendu parler de ces cours lors d'une «campagne de sensibilisation» menée au sein de sa communauté, avec le soutien du projet Convergence. «J'ai dû retirer Kanha de l'école lorsque j'ai perdu mon emploi et qu’on manquait d'argent. J'étais désolé de devoir lui faire abandonner l'école», se souvient K. C. Behara. Après avoir entendu parler des cours de formation bénéficiant du soutien du gouvernement, M. Behara a immédiatement demandé à son fils de s'y inscrire. «Ma femme et moi ne savons ni lire ni écrire. Nos parents ne nous ont pas donné d’instruction. Mais je veux que mes enfants reçoivent une éducation. Kanha est intelligent. Il peut réussir dans la vie.»

«Avant d'arrêter l'école, j’aimais bien y aller. J'étais un élève attentif et j’aimais bien jouer et faire d’autres activités», explique Kanha, qui suit désormais une formation d'électricien. «Aujourd'hui, j'apprends à faire l'installation électrique d’une maison et, quand j'aurai terminé ma formation, j'espère trouver un bon travail – ou peut-être même créer ma propre entreprise.»

Les actions de proximité au niveau communautaire ont aussi encouragé les parents à renvoyer leurs plus jeunes enfants à l'école. Sangeeta Devipujak, âgée de 13 ans, en a bénéficié. A la fin du cours préparatoire, elle est allée dans une école publique ordinaire.

«Je n'aimais pas rester à la maison quand je voyais les autres enfants aller à l'école», raconte Sangeeta. «Tout enfant devrait avoir la chance d'étudier, comme c'est mon cas aujourd’hui. Je pourrai aller loin dans la vie une fois que j’aurai terminé mes études.»

«Ces gens sont pauvres. Ils envoient leurs enfants travailler par nécessité économique», explique Suchitra Debnath, directrice de l'école primaire préparatoire où est scolarisée Muskan. «Si l’on offre à ces familles la possibilité d'accroître leurs revenus, elles pourront envoyer leurs enfants à l'école. Chacun cherche à grandir dans la vie, et ces enfants n’échappent pas à la règle.»

En œuvrant au sein des cadres d’action existants aux niveaux national et des Etats pour lutter contre le travail des enfants, le projet Convergence soutient les activités de mise en œuvre menées par les fonctionnaires de district, en les aidant à fournir des services aux familles et aux enfants qui travaillent. Cette approche multidisciplinaire et à plusieurs niveaux est considérée comme déterminante.

«Ce projet n’est pas simple. Il ne vise pas uniquement le travail des enfants. Il s’agit d’un projet de convergence. Le projet ‘converge’ avec la société pour sensibiliser le public au travail des enfants», indique K.S. Gill, commissaire adjoint au travail à Surat, Etat du Gujarat. «Il converge aussi avec diverses administrations publiques pour que les familles obtiennent des aides. Il converge avec les établissements d’enseignement et les ministères de l'éducation pour veiller à ce qu'un enfant admis à l'école reste attentif.»

Avis de non-responsabilité: Le financement du projet Convergence provient du ministère du Travail des Etats-Unis. Le contenu de cet article ne reflète pas nécessairement les vues ou politiques du ministère du Travail des Etats-Unis ni celles du gouvernement de l'Inde. La mention de tel ou tel produit ou telle ou telle entreprise ou organisation commerciale ne signifie pas que le gouvernement des Etats-Unis ou le gouvernement de l'Inde y souscrivent.