En Chine

Lever la barrière du handicap intellectuel

Près de 200 millions de personnes sont atteintes d’un handicap intellectuel dans le monde. Pour beaucoup d’entre elles, trouver un emploi stable représente un immense défi. Dans le cas de Li, un coup de pouce fut décisif.

Reportage | 13 mai 2013
Li Chao
BEIJING (OIT Info) – Li Chao s’active derrière les fourneaux du restaurant Wan Feng, dans le district de Fengtai à Beijing. Il est âgé de 27 ans mais son handicap intellectuel a fortement limité son évolution

Li travaille au restaurant depuis trois ans maintenant et gagne environ 1600 Yuan par mois, suffisamment pour subvenir à ses besoins. Mais cela n’a pas toujours été le cas. Avant d’obtenir ce poste, Li a connu de nombreuses difficultés, semblables à celles que rencontrent les personnes intellectuellement déficientes quand elles sont à la recherche d’un emploi stable.

Les parents de Li souffraient tous deux d’incapacités intellectuelles et il fut élevé par son oncle, après le départ de sa mère quand il était encore enfant. Aucune école ni établissement de formation n’a voulu l’accueillir après l’école primaire mais les relations de son oncle lui ont permis de trouver du travail quand il avait 16 ans. Il a travaillé comme garçon d’ascenseur pour 500 Yuan par mois mais il a démissionné quand il en a eu assez de passer ses journées à appuyer sur des boutons. Une longue période de chômage s’en est suivie.

Les professeurs nous enseignent des techniques pour devenir quelqu’un d’utile pour la société.»
Le centre de réadaptation de Lizhi, dans le district pékinois de Fengtai (Centre Lizhi), allait considérablement changé les choses pour Li, grâce à une formation adaptée en compétences sociales, alphabétisation et calcul, travaux manuels, cuisine, service domestique et autres compétences recherchées sur le marché du travail.

«J’aime y aller parce que les professeurs nous enseignent des techniques pour devenir quelqu’un d’utile pour la société», explique Li.

La conseillère emploi du Centre, Mme Zou, se souvient de Li comme de quelqu’un de très désireux d’apprendre. Elle se rappelle qu’il lui a dit le premier jour: «J’ai besoin d’un emploi et je veux subvenir aux besoins de mon oncle.»

Formation sur le tas


Néanmoins, le parcours pour trouver un emploi ne fut pas de tout repos et Li a rencontré certaines difficultés quand il a débuté au restaurant Wan Feng. L’un des problèmes était de savoir comment parler et se comporter avec le reste du personnel, un autre était de comprendre les règles et les réglementations. Par exemple, le restaurant a reçu une amende de l’Agence d’inspection alimentaire parce que Li n’a pas compris qu’il ne devait pas continuer à cuisiner pendant une inspection.

Mais grâce au Centre Lizhi et à son modèle novateur «d’emploi aidé», Li a pu recevoir une formation sur le tas et acquérir les compétences qui lui ont permis de devenir un membre permanent du personnel du restaurant Wan Feng.

«La plupart des étudiants souffrant de déficiences intellectuelles n’est pas capable de s’adapter à l’environnement concurrentiel du travail pendant les premiers mois», constate Feng Lu, directrice du Centre Lizhi.

L’expérience internationale montre que pour les personnes handicapées intellectuelles la formation sur le tas est beaucoup plus efficace.»
«Les formateurs en milieu de travail et le soutien psychologique les aident à surmonter le problème», ajoute-t-elle.

L’un des inconvénients des programmes classiques de formation professionnelle est qu’ils n’aident pas à gérer les problèmes qui surviennent après la formation – une fois que la personne présentant un handicap intellectuel est sur son lieu de travail.

«L’expérience internationale montre que pour les personnes handicapées intellectuelles la formation sur le tas est beaucoup plus efficace – mieux vaut placer et former que former puis placer», affirme Barbara Murray, spécialiste principale des questions de handicap à l’Organisation internationale du Travail (OIT).

Davantage de formateurs en milieu de travail


Cependant, la pénurie de formateurs professionnels en milieu de travail s’est avéré un obstacle. «Très peu de gens sont formés pour exercer cette mission de formateur en milieu de travail», a précisé M. Feng.

Dans le cadre du projet PROPEL (Promouvoir par la législation les droits et les possibilités d’emploi pour les personnes handicapées en situation d’emploi), soutenu par la Coopération irlandaise, l’OIT travaille avec le Centre Lizhi, la Fédération chinoise des personnes déficientes (CDPF) et l’Institut d’éducation spécialisée de l’Université unie de Beijing (UUB) afin d’améliorer les perspectives d’emploi pour les personnes comme Li.

L’Institut d’éducation spécialisée de l’UUB forme des conseillers emploi pour encadrer les personnes intellectuellement déficientes. Le Professeur Xu Jiancheng, Doyen de cet Institut d’éducation spécialisée, affirme que chacune de ces personnes rencontre des problèmes spécifiques en milieu de travail ouvert. Dès lors, un plan doit être élaboré sur mesure pour chaque individu.

«Ils apprennent à coopérer avec des travailleurs non handicapés et se forment assez rapidement», déclare Mme Wang Huajie, l’une des dix conseillers emploi qui travaillent maintenant au Centre Bright (Jinan Intellectual Bright Center) dans la province de Shandong, dans l’Est de la Chine. Elle explique qu’avec la formation elle a acquis des connaissances et techniques pour savoir comment aider les personnes souffrant d’incapacités intellectuelles.

Pendant l’année 2013, PROPEL Chine va travailler avec la Fédération chinoise des personnes déficientes et leurs familles, la CDPF, et avec l’UUB, afin d’organiser un séminaire et de partager leur approche avec d’autres centres d’enseignement professionnel. Le séminaire constituera une première étape pour introduire l’approche de l’emploi aidé par le biais de plus de 5000 organismes de formation professionnelle pour personnes handicapées en Chine.