Reconstruction post-conflit

Sri Lanka: Se relever de la guerre

Au Sri Lanka, les pêcheurs qui ont perdu leur bateau pendant les 26 années de guerre civile ont repris la mer. Les agriculteurs apprennent à obtenir de meilleurs rendements et les veuves de guerre gèrent des entreprises. Coup de projecteur sur un projet de l’OIT qui vient en aide aux victimes d’un terrible conflit.

Reportage | 2 janvier 2013
IRANAIMATHA NAGAR, Sri Lanka (OIT Info) – Alors que le soleil matinal fait scintiller les eaux pures du lagon de Poonakary, les pêcheurs remontent leur dernière prise de crabes, une scène empreinte de sérénité, à l’opposé des années noires de la guerre civile qui a ensanglanté le Sri Lanka.

Dans le district septentrional de Kilinochchi, la plupart des villageois ont été déplacés au cours des 26 années de conflit qui ont prélevé un lourd tribut humain et économique. De nombreuses entreprises ont été anéanties, y compris les pêcheries.

Quand ils ont regagné leurs maisons en 2009, ils ont dû repartir de zéro. Leurs bateaux et leurs équipements de pêche avaient disparu.

«Nous avons tout perdu dans la guerre. Tout ce qu’il nous reste, c’est d’être en vie», constate Alosias Savin, âgé de 39 ans.

Mais ils sont maintenant de retour aux affaires. La coopérative de pêcheurs Iranaithivu Iranaimatha Nagar a reçu des bateaux de la part d’une ONG et une subvention pour réhabiliter ses activités de pêche.

La subvention faisait partie du projet LEED de l’OIT d’autonomisation locale via le développement économique qui est financé par Australian Aid, la coopération australienne, et qui encourage l’autonomie économique et le travail décent pour les communautés les plus vulnérables et les plus affectées par le conflit.

Nous avons tout perdu dans la guerre. Tout ce qu’il nous reste, c’est d’être en vie.»
Le besoin le plus pressant à ce stade pour la coopérative est de disposer de plus de bateaux. Elle devrait recevoir une donation de 20 navires qui seront construits dans un chantier naval mis sur pied grâce au projet LEED.

Le chantier emploie huit personnes et possède une capacité de construction de 80 navires par an. La société Neil Marine basée à Colombo – gros fabricant de bateaux en fibre de verre – dispose d’un expert en construction navale sur site pour former les jeunes victimes de guerre.

Aider les femmes à trouver du travail


L’une des composantes du projet LEED concerne l’aide aux veuves de guerre qui sont restées sans ressources après le décès de leur mari pendant la guerre civile.

Le projet soutient la coopérative Iranaimatha Nagar pour la construction d’une usine de transformation de crabe, ainsi que d’une crèche pour faciliter l’embauche des femmes de la région. Une entreprise privée, Taprobane Sea Foods, a déjà donné son accord pour acheter la chair de crabe conditionnée.

Le projet LEED a également aidé les femmes à créer ou réhabiliter de petites fermes, à vendre leur production ou à monter de petits commerces.

Selva Malar Indrakumar, 45 ans, a perdu son mari en 1991 et a été déplacée 15 ans plus tard avec son fils unique. Aujourd’hui, elle contribue à gérer la Société de développement rural des femmes qui a reçu une subvention de l’OIT pour aider les femmes à vendre à prix fixe le riz qu’elles cultivent.

Dans le district voisin de Vavuniya, 200 femmes vont recevoir un demi-are de terre, des graines de papaye et une formation pour faire pousser des papayers. Cela fait suite à un projet pilote dans lequel 34 agriculteurs ont réussi à faire pousser des papayes red lady, une variété hybride à haut rendement.

Chandrabalasinham Shanmugam, 57 ans, l’un des cultivateurs qui a participé au projet pilote a été déplacé deux fois pendant la guerre civile. Quand il est rentré pour de bon, seuls les murs de sa ferme tenaient encore debout. Avec l’aide d’une subvention de l’OIT, il s’est lancé dans la culture d’aubergines, de bananes plantains et d’arachides et a doublé son revenu depuis qu’il a commencé à cultiver des papayes.