Conférence de l'OIT - 9-11 mars 2010

Questions et réponses sur le handicap intellectuel

En Afrique, quelque 10 à 15 millions de personnes souffrent d’une forme quelconque de handicap intellectuel et la majorité d’entre elles vit dans la pauvreté et l’isolement. Lors d'une conférence qui se tiendra à Lusaka du 9 au 11 mars, le Programme de partenariat OIT-Irish Aid va réunir des représentants de pays d’Afrique de l’Est, d’Australie et du Royaume-Uni afin de se pencher à nouveau sur cette question et d’envisager par quels moyens promouvoir la formation et l’emploi pour les personnes présentant un handicap intellectuel. BIT en ligne répond à quelques questions relatives aux personnes handicapées intellectuelles en Afrique.

Article | 4 mars 2010

Question: Qu’est-ce qu’un handicap intellectuel?

Réponse: Le handicap intellectuel se caractérise par un fonctionnement intellectuel et une capacité d’adaptation limités qu’expriment des compétences conceptuelles et d’adaptation sociale et pratique. Les personnes qui présentent des incapacités intellectuelles sont confrontées à des difficultés dans un ou plusieurs des domaines suivants: apprentissage, communication, autonomie, maintien à domicile, compétences sociales, vie en société, santé et sécurité, loisirs et travail. Un handicap intellectuel peut apparaître précocement dans la vie ou, dans le cas de personnes avec un handicap léger, ne sera diagnostiqué qu’à l’âge de la scolarisation, voire plus tard. Cette déficience survient avant l’âge adulte (Note 1).

Question: Quelle est la situation des personnes handicapées intellectuelles en Afrique?

Réponse: La fiabilité et la couverture des statistiques démographiques relatives au handicap intellectuel posent problème partout dans le monde, l’Afrique ne fait pas exception. Malgré cela, les statistiques montrent qu’environ 10 à 15 millions de personnes – sur une population de plus de 800 millions d’habitants – souffrent d’un handicap intellectuel. En raison de la stigmatisation et de la discrimination, une majorité d’entre elles vit dans la misère et l’isolement. Même dans les pays développés, les personnes handicapées intellectuelles et leurs familles ont beaucoup plus de risques d’être pauvres que la population générale (Note 2).

Question: A quels risques les personnes porteuses d’un handicap intellectuel sont-elles confrontées?

Réponse: Plus que toute autre catégorie de personnes, y compris les personnes souffrant d’une autre forme de handicap, les personnes handicapées intellectuelles connaissent un fort taux de chômage et subissent l’exclusion de l’éducation, de l’emploi, des soins médicaux et d’autres services, et la marginalisation par rapport à leur communauté (Note 3).

Question: Quelles sont les répercussions du handicap intellectuel sur les autres membres de la famille?

Réponse: Les familles prodiguent l’essentiel du soutien aux déficients intellectuels, qu’il s’agisse d’adultes, d’enfants ou d’adolescents. La prise en charge de membres de famille handicapés par des adultes productifs signifie que l’un des parents au moins ne peut exercer un travail rémunéré, ou qu’il doit réduire ses horaires de travail ou renoncer à sa carrière professionnelle. Cela aggrave la situation économique et sociale de toute la famille, alimentant ainsi le cercle vicieux de la pauvreté et l’exclusion.

Question: Existe-t-il des allocations et des services publics destinés aux personnes handicapées intellectuelles?

Réponse: Dans de nombreux pays du monde, le secteur public assume la principale responsabilité quant au financement des services destinés aux personnes ayant des incapacités intellectuelles. En Afrique, moins de 30 pour cent des pays de la région (au sens de l’OMS) dispensent des aides et des services – pension d’invalidité, aides alimentaires, médecine, transport, assurance maladie ou sécurité sociale, aux adultes ou aux familles ayant un enfant handicapé intellectuel. Plus de 50 pour cent des pays n’octroient aucune aide quelle qu’elle soit (Note 4). De nombreuses ONG et organisations internationales sont engagées dans la fourniture de services aux personnes handicapées intellectuelles.

Question: De quel type de soutien peut-on bénéficier en Afrique quand on est déficient intellectuel?

Réponse: Les programmes qui visent au développement des compétences professionnelles, de l’emploi protégé et subventionné, existent dans la plupart des pays africains, bien qu’à un moindre degré que dans les pays à hauts revenus. Les services disponibles augmentent en fonction du niveau de revenus des pays. Par exemple, les services liés aux compétences professionnelles générales, à la formation et au développement dans les pays à revenus intermédiaires ou supérieurs sont plus que deux fois plus importants que ceux des pays à bas revenus (Note 5).

Question: Quel est le principal thème de la conférence?

Réponse: Les droits des personnes handicapées, y compris les hommes et les femmes déficients intellectuels, ont connu un nouvel élan avec la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées, adoptée en 2008. La convention demande aux Etats d’offrir une formation et un emploi aux demandeurs d’emploi handicapés au même titre que les travailleurs non-handicapés. De nombreux pays africains ont affirmé leur engagement envers l’intégration des personnes handicapées en ratifiant ou en signant la convention. Pendant trois jours, la conférence sous-régionale de Lusaka offre l’occasion d’aborder les stratégies d’intégration pour la formation et l’emploi des personnes handicapées intellectuelles grâce à l’action des gouvernements, des employeurs, des travailleurs et de la société civile. Plus concrètement, la conférence vise à: étudier les expériences en cours en Afrique et au niveau international dans le domaine de la formation professionnelle et de l’emploi en faveur des déficients intellectuels, et pour les préparer à assumer un travail; rechercher les cadres stratégiques les plus propices à la promotion de la formation et de l’emploi de cette catégorie de personnes; identifier les étapes à franchir et les mesures que les gouvernements, les partenaires sociaux et la société civile peuvent adopter afin de favoriser l’insertion socio-économique des déficients intellectuels; et favoriser la coopération entre les agences qui participent à la conférence pour établir des réseaux de collaboration durables.

Question: Que fait le partenariat OIT-Irish Aid afin de promouvoir le travail décent pour les personnes handicapées intellectuelles?

Réponse: Dans un certain nombre de pays d’Afrique orientale et australe, le Programme de partenariat s’efforce de promouvoir le travail décent pour les femmes et les hommes, quel que soit leur type de handicap, grâce à la création au niveau national de groupes consultatifs du Programme tripartite-plus. Ce dernier plaide pour prendre en compte la perspective du handicap au plan législatif et politique et pour promouvoir l’égalité des chances pour les personnes handicapées en matière de formation professionnelle et de services d’emploi généraux. La consultation tripartite-plus permet de faire participer des ONG de (ou en faveur des) personnes handicapées qui sont souvent les mieux placées pour aborder les besoins et les préoccupations des personnes handicapées.

Question: Quel est le message que l’OIT et Irish Aid en ce qui concerne les handicapés intellectuels?

Réponse: Les personnes porteuses d’un handicap intellectuel veulent pouvoir accéder à toute une série d’expériences de vie de la même façon que les non-handicapés ou les personnes atteintes d’une autre forme de handicap. Or la possibilité de travailler comme tout un chacun a été refusée à la grande majorité des personnes déficientes intellectuelles. Pourtant l’expérience montre qu’ils sont nombreux à être capables d’occuper divers emplois, qu’ils sont des travailleurs fiables, à condition qu’ils reçoivent la formation et le soutien appropriés. Le travail ne permet pas seulement de leur donner à eux et à leurs familles les moyens de satisfaire leurs besoins élémentaires, il leur procure dignité et respect de soi.


Note 1 - Conférence de l’OIT pour promouvoir la formation et l’emploi des personnes handicapées intellectuelles, 9-11 mars, Lusaka, Zambie.

Note 2 - Inclusion international, Hear our voices: a global report (Ecoutez nos voix: rapport global). Des personnes handicapées intellectuelles et leurs familles s’expriment sur la pauvreté et l’exclusion, 2006, p. 2.

Note 3 - Ibid, p. 1.

Note 4 - WHO, Atlas - Global Resources for Persons with Intellectual Disabilities, 2007, http://www.who.int/mental_health/evidence/atlas_id_2007.pdf, p. 35. Ce rapport mondial comprend des informations en provenance de 147 pays représentant 95 pour cent de la population mondiale.

Note 5 - Ibid, p. 47.