Le secteur informel, un travail à tout prix

Date de parution: 11 mars 2002 | Taille/durée: 00:02:28

La journée de Monica commence tôt. Elle est seule pour subvenir aux besoins de ses quatre enfants et son travail à plein temps à l’usine lui rapporte tout juste assez pour payer ses frais de loyer et d’alimentation. Pour survivre, elle se lève tôt pour préparer du café et des petits pains qu’elle vend avant que sa journée de travail ne commence.

Monica fait partie des millions d’individus qui, à travers le monde, se tournent vers l’économie informelle pour survivre. Un demi-milliard d’entre eux travaillent pour un dollar par jour tout au plus. Dans les pays en développement, entre la moitié et les trois quarts des emplois non agricoles relèvent secteur informel et si l’on tient compte de l’agriculture, la proportion est encore plus importante. Même dans les pays industrialisés, des signes font apparaître que l’économie informelle est en pleine croissance.

Environ 160 millions de personnes dans le monde, dont 53 millions dans les économies industrialisées et en transition, sont sans emploi. Jamais la pression pour trouver un emploi – n’importe quel emploi – n’a été si forte.

Homme (ITW) faisant la queue dans une file de chômeurs, Afrique du Sud:

Je suis à la recherche d’un emploi. Je peux faire n’importe quel travail. Je vous cirerais les chaussures si je pouvais, oui, tant que ça me rapporte de l’argent, je pourrais le faire.

Les travailleurs du secteur informel ne sont pas protégés par le droit du travail; ils ne sont pas reconnus; ne sont pas organisés. Leurs conditions de travail sont précaires, leurs salaires faibles, leurs revenus incertains. Et le travailleur n’est pas le seul à ressentir l’impact de cette situation qui rejaillit aussi sur sa famille et sur la communauté.

A l’instar de Louisa Tenbe qui, grâce à un prêt de 160 dollars, a lancé une petite affaire de type boulangerie dans son village du Mozambique, les femmes représentent jusqu’à 70% de cette main-d’oeuvre informelle.

Louise Tenbe

Je me suis adressée à la banque du village parce que je suis une femme et que je suis pauvre et j’ai réalisé qu’un prêt pourrait m’aider. A l’origine, les hommes n’étaient pas autorisés à demander un prêt. C’était uniquement réservé à des femmes pauvres comme moi.

Au vu de ce qu’est aujourd’hui l’économie informelle, il apparaît que de nouvelles solutions créatives doivent être trouvées afin de pallier la vulnérabilité des travailleurs de ce secteur et d’exploiter le potentiel de ce domaine de l’activité économique en plein essor.

Assane Diop, OIT

On aide le secteur informel à s’organiser, à être un interlocuteur et qu’il y ait une organisation de ces mandats. Ils peuvent mieux négocier leur couverture en matière de conventions et de recommandations et contribuer à la lutte contre le travail des enfants et à la lutte contre les mauvaises conditions de travail, etc...

Une meilleure protection, une meilleure organisation, de meilleurs emplois – tout cela, en somme, se résume et concourt à un meilleur business. Mais il faudra de nouvelles idées et une énergie renouvelée pour atteindre les éléments les plus vulnérables de la main-d’oeuvre mondiale… afin de leur donner la chance de prétendre à un travail décent.