TRAFIC EN EUROPE
Le trafic d'êtres humains est une question de plus en plus préoccupante, selon un nouveau rapport publié par l'Organisation internationale du Travail. Si aucun pays n'est épargné par ce phénomène, l'Europe orientale est néanmoins confrontée à un problème particulier pour ce qui est de la perte de ses jeunes femmes.
Il y a des croix pour les disparus, mais heureusement pas pour les morts. Lorsque des vingtaines de jeunes femmes ont commencé à disparaître du village albanais de Blinisht, un prêtre local a planté une croix pour chaque femme portée disparue. Ce geste simple semble avoir porté ses fruits. Les femmes ne disparaissent plus du village.
Les témoignages des femmes recueillies dans ces abris décrivent un système de trafic très souple dans le cadre duquel les femmes peuvent être vendues plusieurs fois avant d'atteindre leur destination finale.
Une femme victime de trafic à partir de la Moldavie
L'Albanie n'est qu'une étape sur la route d'un trafic international qui génère chaque année 7 milliards de dollars tirés de la vente de femmes, d'hommes et d'enfants. Endiguer le flot du trafic : tel est l'objet d'un nouveau rapport mondial de l'Organisation internationale du travail sur le thème du travail forcé.
Si les trafiquants ne connaissent pas de frontières, les forces chargées de l'application des lois doivent tenir compte de frontières nationales qui limitent leur capacité à mettre un terme à ce commerce illicite. En Belgique, Serge Muyters dispose de quelques-unes des lois les plus sévères d'Europe pour l'aider dans sa lutte contre le trafic dans le quartier rouge d'Anvers. Mais il n'est pas facile de rassembler des preuves car les femmes ne sont pas enthousiaste à l'idée de devoir témoigner contre leurs ravisseurs.
Serge Muyters, Département de la police d'Anvers
En fait, elles ont peur parce qu'elles ont encore des proches, de la famille, parfois même - pour certaines - des enfants qui sont restés dans leur pays d'origine et si elles disent quelque chose à la police, ici, l'organisation tentera quelque chose contre les personnes restées là-bas. Or, nous n'avons malheureusement aucun contrôle sur ce qui pourrait se produire là-bas.
Une femme victime de trafic à partir de l'Albanie
Ils m'ont dit : "les femmes te montreront comment faire le travail". Et j'ai dit: "mais je ne veux pas faire ce travail". Alors ils ont dit: "si tu ne fais pas ce travail, nous te tuerons".
Si l'on coordonne l'action des agents chargés de l'application des lois, alors la route que suivent ces jeunes femmes sera pavée de promesses et d'espoir et non pas jonchée de croix.