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Des boutiques en ligne pour aider les entrepreneurs handicapés à relever les défis du COVID-19

Au moment où le COVID-19 transforme le monde du travail, une formation de l’OIT aide les personnes vulnérables en Indonésie à rester compétitives et à améliorer leurs revenus.

Reportage | Jakarta, Indonesie | 7 octobre 2020
Laura Lesmana Wijaya
Assise devant son ordinateur portable, Laura Lesmana Wijaya est en train de créer sa première boutique en ligne. Ce portail sera utilisé pour promouvoir et vendre les produits ménagers fabriqués localement par des personnes aveugles et sourdes.

Jusqu’à présent, les gants de cuisine brodés, les nappes et les paillassons produits par ces travailleurs étaient vendus dans des bazars et des expositions, mais Wijaya a d’autres ambitions. «Avoir une boutique en ligne peut augmenter les ventes de ces produits grâce à un marketing et des transactions en ligne qui vont ensuite améliorer les moyens d’existence de ses membres», dit-elle.

Laura a l’habitude d’utiliser des applications numériques. Elle s’est spécialisée dans la formation de professeurs sourds pour qu’ils enseignent la langue des signes à ceux qui peuvent entendre, et elle connaît plusieurs applications en ligne.

Cette jeune femme sourde de 29 ans fait partie des 19 personnes handicapées sélectionnées pour suivre deux programmes de formation en ligne de l’OIT: une formation sur une application pour créer des boutiques en ligne et une formation sur l’administration de boutiques en ligne. Cette formation portait sur la conception de la boutique en ligne, différentes plateformes, des bases de données, la gestion des transactions et des clients, l’inventaire et l’administration des ventes, et le marketing numérique. Il y avait également un coaching sur les entreprises donné par des mentors et des conseils techniques fournis par des programmateurs.

L’objectif était d’améliorer les revenus et de créer des moyens d’existence plus durables. La propagation du COVID-19 a rendu cette formation encore plus pertinente parce que de nombreuses entreprises ont été contraintes de fermer leurs installations.

Au total, plus de 620 personnes dans l’ensemble de l’Indonésie ont suivi les cours durant quatre mois, qui ont pris fin en août 2020. En plus du groupe de personnes handicapées, il y avait parmi les stagiaires des propriétaires d’entreprises et des travailleurs licenciés. 58 pour cent des participants étaient des femmes. L’objectif était de leur permettre de créer eux-mêmes leur boutique en ligne ou d’augmenter leurs chances de trouver un emploi dans le secteur de la vente au détail.

Ces programmes étaient offerts dans le cadre de l’Initiative Femmes de l’OIT au sein du projet STEM, dont l’objectif est d’aider les femmes à obtenir des emplois de qualité et de favoriser leur évolution de carrière, notamment en lien avec les technologies de l’information. Ils étaient réalisés en partenariat avec l’association indonésienne du commerce de détail (APRINDO).

Les recherches de l’OIT montrent que les travailleuses ont été touchées de façon disproportionnée par la crise du COVID-19, dans le cadre de leur travail rémunéré et avec une augmentation de leurs responsabilités familiales.

«Les femmes ont plus de probabilités de perdre leur travail que les hommes car elles sont employées dans les secteurs les plus touchés comme le logement, l’alimentation, les ventes et la fabrication», explique Santy Otto, la responsable du projet de l’OIT pour les femmes dans la science, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STEM). «Alors que les femmes et les hommes ont perdu leurs sources de revenus, nous privilégions l’assistance aux femmes car elles sont plus vulnérables à l’impact de l’épidémie du COVID-19.»

Laura est d’accord pour dire que les femmes – notamment celles qui rencontrent des obstacles supplémentaires à cause de leur handicap – peuvent être particulièrement vulnérables aux changements créés par les nouvelles technologies. Elle considère cette formation comme une chance d’actualiser ses compétences et d’améliorer ses chances de rester compétitive alors que le COVID-19 bouleverse le monde du travail.

«L’une des raisons pour lesquelles j’ai rejoint cette formation, est de montrer que les femmes, même les femmes handicapées, peuvent s’adapter aux changements. Si on nous donne notre chance, on peut aussi améliorer nos compétences numériques», dit Laura.