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Dire des choses graves avec humour: le théâtre itinérant dans les campagnes contre l’économie informelle au Tadjikistan
Il y a deux ans, la Conférence internationale du Travail a adopté la recommandation (n° 204) sur la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle. Depuis lors, une campagne mondiale a débuté dans différentes régions du monde en faveur de la formalisation de l’économie informelle. Au Tadjikistan, les syndicats utilisent le théâtre pour illustrer les conséquences de l’emploi informel.

La salle, qui peut accueillir 300 personnes assises, est pleine. Les ouvriers en uniforme côtoient des représentants du gouvernement et des syndicalistes. Le public est aussi formé de badauds qui ont supplié qu’on les laisse regarder le spectacle. Dans le public, chacun est employé de manière informelle ou compte un travailleur informel dans son entourage familial ou parmi ses amis.

«L’économie grise est présente partout dans le monde et le Tadjikistan ne fait pas exception», explique Emin Sanginzoda, premier Vice-ministre du Travail, des Migrations et de l’Emploi. «Reconnaissant l’acuité du problème dans notre pays, le gouvernement a adopté le Programme global pour la réduction de l’emploi informel au Tadjikistan 2015-2017. L’une des priorités du Programme est de sensibiliser la société aux conséquences de l’emploi informel».
Sans surprise, les syndicats ont pris la tête de la campagne de sensibilisation nationale. «Les travailleurs informels viennent vers nous tous les jours pour recevoir de l’aide et des conseils et nous, en tant que syndicats, savons sans doute mieux que quiconque combien l’emploi informel peut affecter la vie de ces personnes. Je parle de déni des droits au travail, de protection sociale inadaptée, de mauvaises conditions de travail, d’absence de dialogue social – pour ne citer que quelques-unes des conséquences liées à l’emploi informel», explique Qodiri Qosim, président de la Fédération des syndicats indépendants du Tadjikistan. «Les syndicats sont aussi les mieux placés pour parler directement aux ouvriers sur leur lieu de travail».
«Pourquoi le théâtre itinérant? Il est profondément enraciné dans nos traditions, son langage est métaphorique et concis, il utilise un minimum d’accessoires de scène, il parle de choses graves avec humour et, enfin, il peut venir sur chaque lieu de travail», explique Shodi Salikhov, directeur artistique du théâtre itinérant et Artiste du peuple du Tadjikistan.



Le spectacle donné à Douchanbé était spécial en ce sens qu’il avait eu lieu dans une salle. Pour le reste du projet, quand le théâtre itinérant se rendra dans les autres régions du Tadjikistan, les acteurs joueront directement dans les fermes, les marchés locaux, les chantiers, où ils seront encore plus proches de leur public.
Le théâtre itinérant bénéficie du soutien du Projet de l’OIT De la crise à des emplois sûrs et décents, financé par la Finlande, qui a déjà soutenu la production de dessins animés sur l’économie informelle au Kirghizistan voisin.
Gocha Aleksandria, spécialiste principale des Activités pour les travailleurs au sein de l’Equipe d’appui au travail décent et du Bureau de pays pour l’Europe de l‘Est et de l’Asie centrale, salue l’initiative du syndicat tadjik: «Il y a deux ans, la Conférence internationale du Travail (CIT) a adopté la recommandation (n° 204) sur la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle. Au Tadjikistan, le théâtre itinérant est un exemple d’approche créative et une excellente contribution supplémentaire à la campagne mondiale contre l’informalité».