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Rendez-vous sur mon «terrain de jeux»: lutter contre le travail des enfants dans les mines d’or
Aux Philippines, un projet de l’OIT traite les conséquences du changement climatique et du travail des enfants, tout en améliorant les conditions de travail dans les activités artisanales d’extraction de l’or à petite échelle.

© OIT/M. Rimando
L’une de ces mines d’or, boueuse et chargée de mercure, est le «terrain de jeux» d’Archie. De prime abord, Archie, qui a commencé à travailler dans une mine à 11 ans, pensait que chercher de l’or, c’était s‘amuser et jouer avec ses amis.
Tandis que la plupart des enfants portaient leur cartable pour aller à l’école, Archie utilisait son dos pour transporter un sac de minerai pesant près de 45 kg – plus que son propre poids. Archie gagnait 100 pesos philippins (moins de 2 $) et travaillait entre 8 et 12 heures par jour.
«J’ai oublié l’école quand j’ai commencé à gagner de l’argent. Je pensais que ce serait amusant de travailler dans une mine d’or. Mes amis et moi jouions à des jeux et nous lancions de la boue», raconte Archie. Puis, un jour, la mine a été touchée par un gros glissement de terrain, provoqué par de fortes pluies, qui a tué et blessé plusieurs mineurs. Maintenant la mine n’a plus rien d‘amusant, ce n’est que «peur, douleur et angoisse».
Les enfants comme Archie mettent aussi leur santé et leur vie en danger avec la pratique dangereuse, dorénavant illégale, d’extraction par compression. Les enfants se glissent dans des passages étroits pour creuser à l’aveugle dans les mines d’or, dans des puits profonds, sous terre, respirant par des tuyaux reliés aux compresseurs à moteur diesel en surface. Parfois, les puits s’effondrent et les enfants sont exposés aux produits chimiques.
L’orpaillage: une activité familiale
Etant le seul garçon de trois enfants, Archie n’a eu d’autre choix que d’aider sa famille.L’extraction de l‘or est un mode de vie pour Archie et sa famille, qui se transmet de génération en génération, en raison de leur pauvreté. Son grand-père a travaillé dans une mine d’or tandis que sa mère a appris à chercher de l’or à la batée quand elle avait 14 ans.
La mère d’Archie dit qu’elle ne veut pas que ses enfants subissent le même destin. Elle a cherché différents moyens de gagner de l’argent et a bénéficié de programmes de soutien aux moyens d’existence qui proposaient une formation en vente, couture et massage. L’extraction de l’or demeure cependant la principale source de revenus de la famille comme pour le reste de la communauté.

© OIT/M. Rimando
Les mines d’or à petite échelle représentent près de 80 pour cent de la production d’or aux Philippines et emploient environ 350 000 travailleurs, dont 18 000 femmes et enfants. Elles sont pour la plupart informelles et illégales, installées dans les arrière-cours de familles pauvres.
Travailler dans ces mines d’or peut nuire à la santé, à la sécurité et au développement des enfants. Ils travaillent durant de longues heures et s’exposent aux produits chimiques toxiques comme le mercure et le cyanure. La manutention de lourdes charges peut aboutir à des difformités et des handicaps à vie. Une forte exposition au mercure peut provoquer des insuffisances rénales et respiratoires, de sérieux dommages au système nerveux et parfois la mort.
S’attaquer aux causes profondes du travail des enfants
L’OIT, en partenariat avec BAN Toxics, met en œuvre le projet CARING Gold pour lutter contre le travail des enfants et pour améliorer les conditions de travail dans les petites mines artisanales d’extraction d’or. Le projet, financé par le ministère du Travail des Etats-Unis, s’efforce de traiter les causes profondes du problème, la pauvreté, la vulnérabilité et l’absence de reconnaissance officielle de ce type de travail.Le projet ne se limite pas à des interventions axées sur l’enfant. Il va entrainer d’importants acteurs pour contribuer au passage d’une économie informelle à une économie plus formelle, pour améliorer les conditions de travail et pour réduire le travail des enfants.

© OIT/M. Rimando
Archie, qui a maintenant 17 ans, est actuellement inscrit dans le Système d’apprentissage alternatif, un système d’apprentissage parallèle aux Philippines, qui lui offre une solution pratique pour achever son éducation primaire. Il considère cela comme un défi parce qu’il a des difficultés pour lire et écrire. Pourtant, Archie pense qu’avoir une bonne éducation l’aidera à trouver un emploi décent.
«Je suis prêt à prendre tout ce qui se présente, à accepter toute offre disponible. J’ai compris que plus on est éduqué, meilleures sont les possibilités de carrière. J’espère seulement qu’il n’est pas trop tard pour moi», a conclu Archie.
Pour plus d'informations:
Mme Minette RimandoAssistante principale de Communication et information publique à l'OIT, Bangkok
Tél.: +632 5809905
Email: rimando@ilo.org