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Après l’éruption du volcan, une personne déplacée devient femme d’affaires
Une femme indonésienne déplacée suite à une éruption volcanique a ouvert avec succès une boutique après une formation de l’OIT sur l’éducation financière et l’entreprenariat.

Située dans le centre d’accueil des réfugiés du Mont Sinabung, dans le district de Karo au Nord de Sumatra, sa petite échoppe pourvoit aux besoins quotidiens, notamment de boissons et de légumes. Grâce à son entreprise, elle peut assumer la charge de sa famille et n’a plus à compter sur l’assistance des pouvoirs publics.
Mme Sembiring réussit même à mettre de l’argent de côté. Elle dispose maintenant d’un compte épargne à la coopérative de crédit Sondang Nauli avec une épargne mensuelle obligatoire de 30 000 roupies indonésiennes (IDR) minimum.
«J’ai même réussi à épargner pour l’éducation de mes trois enfants. Chaque mois, je mets 300 000 IDR de côté pour leur future éducation», dit-elle fièrement.
Susiyanti est l’une des 15 000 habitantes du district de Karo à avoir dû quitter son village – Gurukinayan – à cause de l’éruption du Mont Sinabung en 2013.
Le Mont Sinabung connaît toujours une intense activité volcanique.
«L’éruption a détruit tout le village. J’ai perdu les 8 hectares de terre agricole qui était la principale source de revenus de ma famille», se souvient t-elle, évoquant le jour où elle et sa famille ont dû fuir.

Pendant son séjour dans le camp, Susiyanti a travaillé comme ouvrière agricole pour subvenir aux besoins de sa famille et son mari a également trouvé du travail comme chauffeur dans le transport public local. En tant qu’ouvrière agricole, elle touchait 60 000 IDR par jour, mais elle ne travaillait pas tous les jours, seulement à la demande.
En 2015, elle a entendu parler d’un programme conjoint OIT-FAO-PNUD, financé par l’Agence néo-zélandaise d’aide et de développement international et destiné à aider les communautés locales à restaurer leurs moyens de subsistance. Elle s’est immédiatement inscrite pour participer à la formation de l’OIT sur l’éducation financière et l’entreprenariat basée sur le module GET Ahead (Aller de l’avant pour les femmes dans l’entreprise).
«Maintenant, je sais comment tenir une comptabilité, hiérarchiser les dépenses et utiliser l’argent avec précaution, en particulier dans une période difficile comme celle que nous traversons», a-t-elle déclaré.
«L’OIT a sélectionné des formations qui étaient adaptées au contexte et aux besoins locaux afin que les stagiaires s’approprient et appliquent ce qu’ils ont appris pour se relever de la catastrophe et vivre mieux», a expliqué Aidil Azhari, chargé de projet de l’OIT pour le projet conjoint, le «Sinabung Recovery Support Programme» (SIRESUP, Programme d’appui au relèvement du Mont Sinabung).
«Ces formations ne sont pas seulement consacrées à la vie pratique ou à la génération de revenus mais aussi aux changements de comportement et d’état d’esprit. Nous espérons que les gens de Sinabung pourront bénéficier de compétences entrepreneuriales de base et évoluer vers des activités commerciales pérennes à long terme», a-t-il précisé.
Une nouvelle boutique dans la zone d’accueil
En juillet 2015, la famille de Susiyanti a reçu une subvention du gouvernement pour se loger et louer un terrain agricole d’un montant total de 3,8 millions de roupies. Après avoir reçu la subvention, elle s’est installée dans un abri temporaire fourni par une ONG locale, Jenggala, à 6 km du Mont Sinabung et près du village de Gurukinayan.
Maintenant, je sais comment tenir une comptabilité, hiérarchiser les dépenses et utiliser l’argent avec précaution, en particulier dans une période difficile comme celle que nous traversons»
«Avant, je ne faisais qu’acheter et vendre. Je ne savais pas vraiment à combien s’élevait mon bénéfice. Mais maintenant, par rapport à ce que je dépense chaque semaine ou chaque mois, je sais exactement combien j’obtiens pour chaque article vendu», a-t-elle expliqué.
Depuis l’ouverture de sa petite boutique, son profit quotidien s’élève approximativement à 150 000 IDR. Elle envisage aussi son avenir avec plus de certitudes, en particulier pour sa famille et ses trois enfants.
«L’éruption m’a fait perdre mon entreprise et ma terre; pourtant l’éruption m’a aussi donné l’occasion d’apprendre dans le domaine commercial et financier et a fait de moi une meilleure femme d’affaires», a-t-elle conclu en arborant un grand sourire.