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L’allocation d’aide aux enfants accélère la réduction de la pauvreté en Afrique du Sud

En Afrique du Sud, 11,7 millions d’enfants pauvres sont dorénavant couverts par une prestation sociale qui a un impact positif sur leur vie quotidienne.

Reportage | 14 avril 2016
GENÈVE (OIT Info) – Environ 60 pour cent des 23 millions d’enfants sud-africains vivent dans la pauvreté. Fournir une aide aux ménages les plus pauvres a été érigé en priorité par les autorités.

L’allocation d’aide aux enfants (Child support grant ou CSG en anglais) est l’une des prestations de protection sociale pour enfants qui a pris de l’ampleur au cours des dernières décennies. Alors que 10 pour cent des enfants pauvres étaient couverts en 1998, ils étaient 85 pour cent en 2015 (11,7 millions). Cette croissance est le fruit d’une augmentation du nombre d’enfants ayant droit à une allocation et d’une campagne de sensibilisation réussie.

La CSG accorde 330 rands sud-africains (27 dollars) par mois aux enfants pauvres jusqu’à leurs 18 ans. Elle est complétée par d’autres allocations du même genre, telle que l’Allocation pour famille d’accueil, ainsi que l’école et la cantine gratuites et des services de santé accessibles.

Elizabeth Mkase s’occupe de son neveu dans un quartier pauvre d’Afrique du Sud. «Je n’arrive même pas à me rappeler combien de temps mon neveu a passé avec moi depuis la mort de ses parents. La vie était rude pare que je n’avais pas de travail. Je suis reconnaissante pour l’aide qui m’a été donnée à travers l’allocation parce que je ne savais pas comment j’allais m’en sortir», se souvient-elle.

Comme le chômage est élevé et la pauvreté encore très répandue en Afrique du Sud, l’allocation est d’abord consacrée aux dépenses de nourriture. Cela a donc des effets positifs sur la santé et la nutrition des enfants. Une fiche pays de l’OIT, publiée en début d’année, signale une étude qui montre que les enfants bénéficiant de l’allocation ont en moyenne une taille supérieure de 3,5 centimètres.


Franchir le seuil de pauvreté

«La CSG a aidé des enfants à sortir de la pauvreté», a déclaré Frank Earl, directeur général de l’Administration des allocations de l’Agence sud-africaine de sécurité sociale (SASSA), notant aussi d’autres progrès réalisés en termes de soins de santé et d’éducation de base gratuite.

Une partie de la réussite est liée à la création de la SASSA, qui a rendu le versement des allocations sociales transparent et indépendant de toutes considérations politiques. De plus, un programme de sensibilisation spécifique aide les personnes vivant dans des régions isolées à s’inscrire pour éviter d’être exclues du bénéfice des prestations de protection sociale.

Utiliser les technologies modernes

Un système sophistiqué d’enregistrement électronique demande aux enfants et à leurs responsables de soumettre leurs données biométriques (photo, empreintes digitales et enregistrement vocal). Ces informations, associées au numéro d’identification du bénéficiaire, sont stockées sur une carte à puce électronique qui est le seul instrument utilisé pour identifier les bénéficiaires.

Une main-d’œuvre mieux formée permettra en fin de compte de réduire le chômage et d’instaurer une société plus productive.»

Brenton van Drede, directeur en chef de l’Assistance sociale au ministère du Développement social
Pour l’avenir, l’Afrique du Sud réfléchit maintenant à élargir l’accès aux prestations de protection sociale telles que l’allocation d’aide aux enfants.

«Actuellement, l’allocation est versée en fonction des revenus. Cependant, nous envisageons de l’étendre à tous les enfants, même à ceux qui ont dépassé l’âge de 18 ans parce que nous estimons qu’il est utile de contribuer à les soutenir pour qu’ils puissent achever leur éducation et leur formation», a déclaré Brenton van Drede, directeur en chef de l’Assistance sociale au ministère du Développement social.

«Une main-d’œuvre mieux formée permettra en fin de compte de réduire le chômage et d’instaurer une société plus productive», a-t-il ajouté.

Une volonté politique forte

«L’Afrique du Sud illustre bien que l’extension de la protection sociale aux enfants est à la portée des pays à revenu intermédiaire, en particulier parce que le pays a fait preuve d’une forte détermination politique pour augmenter les dépenses publiques de protection sociale», a déclaré Valérie Schmitt, cheffe du Service de la politique sociale, de la gouvernance et des normes au sein du Département de la protection sociale.

«Les allocations sociales pour les enfants, ainsi que l’éducation et la cantine gratuites, et des soins de santé accessibles, contribuent tous à réduire la pauvreté et la vulnérabilité, tout en veillant à ce que tous les enfants aient accès à l’alimentation, l’éducation et la santé», a-t-elle ajouté.

Aujourd’hui, l’Afrique du Sud redistribue environ 3,5 pour cent de son PIB par l’intermédiaire de ses programmes d’assistance sociale.

Construire des socles de protection sociale

Les socles nationaux de protection sociale (SPS) visent à assurer une sécurité élémentaire de revenu et un accès universel aux soins de santé essentiels aux enfants, aux personnes en âge de travailler et aux personnes âgées.

Adoptée par 185 pays, la recommandation (n° 202) sur les socles de protection sociale, 2012, vise à atteindre la protection sociale universelle.

Le Département de la protection sociale de l’OIT publie une série de fiches pays qui présentent des expériences innovantes menées à travers le monde pour étendre la protection sociale.