Viet Nam

Aider les agences de recrutement à faire la différence

Au Viet Nam, l’association des agences de recrutement pilote un outil d’autorégulation pour promouvoir une saine concurrence et mieux protéger les travailleurs migrants.

Reportage | 18 septembre 2013
Session de formation pour les futurs travailleurs émigrés dans une agence de recrutement d'Hanoï
HANOI (OIT Info) – La nécessité de fournir des services sur un marché du travail qui se développe et évolue rapidement a entraîné un essor considérable des agences de recrutement ces vingt dernières années.

Avec la croissance du secteur, c’est aussi la nécessité de réglementer ces sociétés qui augmente, à la fois pour garantir qu’elles dispensent les services requis et pour protéger les travailleurs – généralement des travailleurs migrants – qui ont recours à leurs services.

Les gouvernements ont la responsabilité de contrôler les agences de recrutement, mais les entreprises elles-mêmes peuvent contribuer à mettre en œuvre des mécanismes d’autorégulation.

Au Viet Nam, par exemple, l’Association vietnamienne des agences de main-d’œuvre (VAMAS) a mis en place un code de conduite (COC-VN) pour les agences de recrutement en 2010. Ce COC-VN est un instrument volontaire qui vise à améliorer le respect de la législation vietnamienne et les normes internationales afin de promouvoir une meilleure gestion des entreprises et pour protéger les travailleurs migrants de situations d’exploitation, y compris le travail forcé.

Le COC-VN couvre diverses questions, comme la publicité, la sélection, la formation, les contrats des travailleurs vietnamiens à l’étranger, le règlement des litiges et l’aide au retour des travailleurs au Viet Nam. Même s’il ne se substitue pas au système de surveillance et d’inspection du gouvernement, qui a le pouvoir de sanctionner les agences, il encourage les sociétés à revoir et à améliorer les procédures existantes.

Les outils d’autorégulation peuvent jouer un rôle important en relevant le niveau d’exigence dans le secteur du recrutement.»
En 2011, la VAMAS a lancé un mécanisme de surveillance pour mesurer l’application des principes du code de conduite.

L’an dernier, un total de 20 sociétés – responsables de l’envoi de près de 30 pour cent des travailleurs vietnamiens à l’étranger – se sont portées volontaires pour prendre part à la première phase pilote de notation des agences en fonction de leur respect du COC-VN. Huit d’entre elles ont été classées comme «excellentes». Maintenant, l’évaluation va s’étendre à 50 agences parmi les 170 agences qui existent dans le pays.

«Les outils d’autorégulation peuvent jouer un rôle important en relevant le niveau d’exigence dans le secteur du recrutement, parce qu’ils complètent et soutiennent la régulation par les pouvoirs publics et le contrôle des agences de recrutement», déclare Max Tunon, coordinateur du projet GMS TRIANGLE de l’OIT. «Cela est particulièrement important dans des pays qui, comme le Viet Nam, envoient un nombre croissant de travailleurs à l’étranger.»

Selon le Vice-ministre du Travail, des Invalides et des Affaires sociales, Nguyen Thanh Hoa, le COC-VN aide les sociétés à améliorer leur réputation aux yeux des travailleurs et des partenaires étrangers, tout en protégeant mieux les droits des travailleurs migrants.

Pour la présidente de la VAMAS, Nguyen Luong Trao, le COC-VN est «un outil d’évaluation équitable qui favorise une compétition saine entre les entreprises».

Tran Van Tu, directeur de la division Politique au sein de la Confédération générale du travail du Viet Nam, a déclaré que le respect du code pouvait contribuer à prévenir les pratiques abusives dans les processus de recrutement, réduisant ainsi les coûts pour les travailleurs et améliorant la qualité du service offert par l’entreprise.

Un modèle à suivre


«Le Viet Nam est l’une des rares nations qui ait réussi à introduire un code de conduite pour les agences de recrutement et son expérience peut servir de modèle pour la région», ajoute Max Tunon.

Des pays comme le Bangladesh, le Cambodge, la République démocratique populaire Lao et le Myanmar envisagent d’adopter des outils similaires d’autorégulation.

Les bénéfices de cette pratique ont été reconnus tant par les agences de recrutement que par les travailleurs eux-mêmes.

LETCO, une agence basée à Hanoï, affirme avoir attiré davantage de clients et de partenaires locaux et internationaux depuis qu’elle a été classée deuxième parmi les agences de recrutement.

«Nos négociations avec des partenaires internationaux sont également devenues plus faciles quand ils ont su que nous nous conformions entièrement au COC-VN», déclare Bui Kim Son, le directeur de la société.

Phung Thi Tram, qui a consulté le classement en juillet quand son jeune frère cherchait une agence de recrutement pour l’aider à trouver du travail au Japon, était contente de pouvoir disposer d’une source crédible à laquelle se référer.

«Il est important de savoir quelles agences offrent de bons services, sinon vous devez prendre le risque et vous pouvez perdre votre argent», explique-t-elle.

«A l’avenir, il sera important d’augmenter le nombre d’agences dans le classement», souligne M. Tunon, «et d’intégrer un organe indépendant pour évaluer les sociétés de manière objective».

Le dernier rapport du ministère du Travail, des Invalides et des Affaires sociales du Viet Nam montre qu’environ 80 000 travailleurs vietnamiens s’expatrient chaque année. Quelque 500 000 personnes travaillent sous contrat à l’étranger dans plus d’une quarantaine de pays. Elles devraient envoyer chez elles des fonds équivalant à 1,8 à 2 milliards de dollars en 2013.