Conférence de l’OIT

Lutter contre une maladie meurtrière: Comment la TÜV allemande promeut la santé sur et par delà le lieu de travail

On estime qu’un million de personnes dans le monde développent un cancer colorectal chaque année. En 2008, la TÜV, un organisme allemand de contrôle de sécurité et de certification du secteur privé, a lancé une campagne de dépistage du cancer colorectal qui a touché des dizaines de milliers d’employés. Cette semaine, l’initiative a été présentée lors de la Conférence internationale de l’OIT sur la santé et la sécurité au travail qui s’est tenue à Düsseldorf.

Article | 4 novembre 2009

DÜSSELDORF (BIT en ligne) – Dans les pays industrialisés, 30 à 35 cas de cancer colorectal sur 100 000 sont diagnostiqués chaque année, ce qui fait de ce cancer l’une des tumeurs malignes les plus fréquentes, à l’origine d’environ 15 pour cent des décès liés au cancer.

En Allemagne, c’est le deuxième cancer le plus fréquent. Chaque année en Allemagne, plus de 70 000 personnes développent un cancer de l’intestin et la maladie fait environ 27 000 morts par an. L'expérience prouve pourtant que plus la maladie est détectée tôt, plus les chances de guérison sont grandes.

L’an dernier, TÜV SÜD Life Service GmbH, une filiale de la société munichoise TÜV SÜD AG, a lancé une campagne de dépistage du cancer de l’intestin dans l’ensemble des petites et moyennes entreprises de 50 à 700 employés. Cependant ces entreprises ont des ressources humaines et budgétaires limitées pour prendre des mesures en faveur de la santé dans l’entreprise.

TÜV SÜD a mis au point un kit de campagne facile à utiliser et l’a distribué à plus de 4 000 sociétés pour toucher des dizaines de milliers d’employés. Le kit comprend des lettres d’accompagnement, des dépliants, des affiches, des formulaires et des informations sur la procédure à suivre pour mener la campagne.

En outre, TÜV SÜD a mis en place un «Centre d’information sanitaire sur l’intestin» comme premier point de contact pour les entreprises intéressées et qui fournit conseils et matériels pour organiser un dépistage dans l’entreprise. Ces mesures permettent aux entreprises de mener, sans grand effort et à bas coût, une campagne efficace de promotion de la santé auprès de leur personnel. En optant pour cette approche, la campagne a notamment permis d’atteindre des individus qui échappent aux dépistages sanitaires classiques.

Au total, plusieurs centaines d’entreprises ont contacté le centre d’information qui a répondu à de nombreuses questions sur la procédure et a envoyé des milliers de kits de campagne. 2 327 employés ont passé le test de dépistage du cancer de l’intestin et l’ont envoyé au laboratoire. Si 95,6 pour cent des résultats furent négatifs, 4,4 pour cent des tests se sont malheureusement révélés positifs. Les individus dont les tests ont été positifs pouvaient s’ils le désiraient s’entretenir avec le médecin de l’entreprise pour discuter des résultats et de la conduite à suivre.

«L’évaluation de la campagne montre la portée du dépistage du cancer de l’intestin. Le sujet fait peu à peu son chemin parmi les centres d’intérêt des entreprises qui commencent à reconnaître qu’un personnel en bonne santé est leur principal atout en ces temps de difficulté économique», explique le Dr Axel Stepken, PDG de TÜV SÜD AG.

TÜV SÜD AG conseille près de 10 000 entreprises en matière de santé et de sécurité au travail pour protéger la sécurité et la santé des travailleurs et pour réduire le coût des accidents du travail et des maladies professionnelles. L’organisme allemand de contrôle de sécurité et de certification revient sur sa longue histoire qui a commencé en janvier 1866 quand il fut fondé avec l’objectif de minimiser les risques technologiques.

A cette époque, de graves et fréquentes explosions de chaudières provoquaient de nombreux décès et de grands dommages aux bâtiments, ce qui a débouché sur la création d’une association consacrée aux inspections et à la surveillance des chaudières. Le prédécesseur du groupe TÜV SÜD actuel s’était assigné pour tâche de «protéger les personnes, l’environnement et la propriété contre les effets néfastes de la technologie» – un principe toujours inscrit dans les statuts de la TÜV SÜD AG aujourd’hui.

Pour s’adapter aux progrès technologiques, la société a progressivement étendu ses activités pour inclure l’électricité, les véhicules à moteur, la sécurité incendie et toute une série d’autres risques potentiels. Aujourd’hui, TÜV SÜD et ses quelque 14 000 employés opèrent au niveau mondial pour promouvoir la sécurité et la santé au travail.

Les activités de TÜV SÜD ont été présentées par son PDG à la conférence de l’OIT «Application au niveau mondial des normes de sécurité et de santé au travail» (Note 1) qui s’est déroulée à Düsseldorf du 3 au 6 novembre 2009. Cette année, l’événement annuel qui draine 300 participants de 60 pays du monde entier a examiné l’impact de la crise économique mondiale sur la santé et la sécurité au travail.

«Il est probable que le nombre d’accidents du travail, de maladies professionnelles et de problèmes de santé liés au chômage va augmenter avec la crise économique actuelle», déclare le Dr Sameera Al-Tuwaijri, directrice du programme Safework. «La réduction des dépenses publiques pourrait aussi compromettre les capacités des inspecteurs du travail et des autres services de santé et de sécurité au travail. Les conditions de travail précaires vont se répandre, augmentant les risques d’accidents et de maladies.»

S’adressant à la conférence, le Dr Axel Stepken, PDG de TÜV SÜD AG, et Gabriele Sommer, directrice de TÜV SÜD Life Service GmbH, ont appelé les entreprises à ne pas réduire leurs investissements dans la santé physique et mentale de leur personnel et dans des lieux de travail sûrs en période de crise économique.

«Il est maintenant plus important que jamais de renforcer la santé et la sécurité au travail (SST) et de veiller à l’application complète des normes de SST au niveau mondial afin d’assurer une performance et une compétitivité durables des entreprises», a conclu le Dr Stepken. Celui-ci a également signé la Déclaration de Séoul sur la santé et la sécurité au travail adoptée l’an dernier par 50 dirigeants de premier plan venus du monde entier comme un nouveau cadre de référence pour édifier une culture mondiale de la santé et de la sécurité au travail.

La Déclaration incite les gouvernements à envisager de ratifier en priorité la convention (n° 187) de l’OIT concernant le cadre promotionnel pour la sécurité et la santé au travail, 2006, ainsi que les autres conventions de l’OIT sur la SST, et à veiller à l’application de leurs dispositions – y compris par un système solide et efficace d’inspection du travail – afin d’améliorer de manière systématique les performances nationales en la matière.

Notant que des normes élevées de santé et de sécurité au travail vont de pair avec une bonne performance des entreprises, la Déclaration demande aux employeurs de s’assurer que la prévention fait partie intégrante de leurs activités, que des systèmes de gestion de la SST sont établis de manière efficace en vue d’améliorer la santé et la sécurité sur le lieu de travail, et que les travailleurs sont consultés, formés, informés et associés à ce processus.


Note 1 - «Application au niveau mondial des normes de sécurité et de santé au travail», Düsseldorf, 3-6 novembre 2009. Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le site web de la conférence sur http://www.ilosafetyconference2009.org/es/index.html qui présente le programme et la documentation de référence préparée pour cet événement.