XVIIIe Congrès mondial sur la santé et la sécurité au travail, 29 juin - 2 juillet 2008 – La microassurance au service de la gestion des risques sur les lieux de travail

Chaque année le sinistre bilan des maladies et accidents liés au travail rappelle que la gestion des risques en matière de santé et de sécurité est une dimension essentielle de la vie professionnelle. Outre la prévention qui permet d’améliorer la santé et la sécurité au travail (SST), la microassurance pourrait jouer un rôle complémentaire dans la gestion des risques sur les lieux de travail et apporter un bénéfice direct aux employeurs et aux travailleurs. Reportage de BIT en ligne.

Article | 2 juillet 2008

BRASILIA, Brésil (BIT en ligne) – Maciri travaillait comme assistant de production dans une entreprise de bois brésilienne, où il était responsable du traitement du bois. Marié, père de deux enfants, il était employé de ce secteur depuis 2001.

Un jour, alors qu’il fabriquait des planches, il a été distrait et s’est blessé. Un doigt de sa main droite s’est trouvé coincé entre deux planches, sectionnant un nerf. Après un contrôle médical, il fut établi qu’il avait perdu 100 pour cent de la mobilité de son doigt.

Maciri est l’une de ces millions de personnes dans le monde victimes chaque année d’accidents du travail non mortels qui se concrétisent par un arrêt de travail d’au moins trois jours. Mais pour un petit entrepreneur ou pour d’autres employés comme lui, une blessure n’est pas une option envisageable, en particulier dans l’économie informelle où la survie de nombreuses familles repose sur un seul et unique soutien de famille.

«La maladie, la blessure ou le décès d’un travailleur peuvent mettre en péril les économies de toute une vie pour sa famille, tout en freinant la compétitivité et les profits de l’entreprise», déclare Craig Churchill, responsable du tout nouveau Fonds pour l’innovation en microassurance (Note 1) du BIT. «Améliorer l’accès aux produits d’assurance peut être bénéfique pour tous, mais il existe peu de produits de microassurance efficaces et valables pour secourir les personnes exclues du système de protection conventionnel.»

Par chance, Maciri avait souscrit une assurance et il a reçu une indemnité de 1 200 réals (748 US$) qui lui a permis de se rétablir sans se faire de souci puisque ses besoins financiers étaient couverts jusqu’à ce qu’il reprenne le travail.

Le programme d’assurance, intitulé «PASI» (Note 2) ou Programme d’assistance sociale immédiate, est un programme d’assistance sociale innovant qui fut lancé au Brésil il y a 20 ans par MAPFRE, une grande société d’assurance brésilienne. Le programme offre des garanties d’assurance extensives pour le secteur de la construction – secteur qui, traditionnellement, ne fournissait aucune couverture à ses employés. Cette catégorie de travailleurs qui peuvent être confrontés à de grands risques sur le terrain n’était pas considérée comme un marché viable par les autres assureurs commerciaux.

Les produits d’assurance PASI de MAPFRE ont été directement proposés aux travailleurs, usine par usine. La seule condition était la capacité des travailleurs à se grouper pour s’acquitter d’une prime mensuelle de 15 dollars.

Le forfait PASI offre des garanties d’assurance aux travailleurs et à leur famille en cas de décès, y compris les enfants, la femme, le mari ou le compagnon de la personne victime d’un accident fatal ou d’une invalidité partielle ou totale; il prévoit une aide alimentaire et des services funéraires.

Le produit ayant une finalité sociale et – le plus important – étant abordable, quelques syndicats de travailleurs ont commencé à faire pression pour qu’il soit considéré comme un thème du dialogue social entre travailleurs et employeurs sur les éléments constitutifs de la rémunération totale. Quant les deux parties se sont mises d’accord, les employeurs ont été obligés par contrat de financer, totalement ou en partie, le coût du PASI pour leurs employés. Dans le même temps, le PASI comprenait aussi une garantie permettant aux employeurs de compenser les pertes liées à l’interruption du contrat de travail de l’employé.

Selon M. Churchill, le succès de l’implémentation de l’approche du PASI/MAPFRE peut être attribué au fait qu’il sert autant les travailleurs que les employeurs.

«Si la microassurance doit se développer pour toucher un grand nombre de pauvres sans assurance, il faudra que certains avantages reviennent à ceux qui prennent les risques, c’est-à-dire aux assureurs, au moins à long terme», ajoute-t-il.

En effet, le PASI/MAPFRE est devenu rentable après cinq ans d’activités, en grande partie parce qu’il a réalisé des économies d’échelle, desservant 2 millions de personnes.

Le concept du PASI/MAPFRE s’est rapidement répandu hors du secteur de la construction pour toucher l’industrie textile, les employés des stations services, des imprimeries, les travailleurs domestiques et les couturières; il couvre maintenant un très grand nombre de travailleurs victimes des conditions de travail difficiles de leur secteur.

«Le projet a célébré son 20e anniversaire, mais nous pensons qu’il n’a pas encore atteint son apogée puisque le PASI continue à apporter sa contribution à de meilleurs lieux de travail et pourrait être dupliqué dans d’autres secteurs d’activités au Brésil ou ailleurs en Amérique latine: le potentiel pour améliorer la SST grâce à l’assurance est vraiment élevé», conclut Antonio Cassio dos Santos, PDG du Groupe MAPFRE.

Le XVIIIe Congrès mondial sur la santé et la sécurité au travail, qui s‘est tenu à Séoul, en République de Corée, du 29 juin au 2 juillet, est le plus vaste événement mondial sur la santé et la sécurité au travail. Le Congrès a pour but de contribuer à l’amélioration de la santé et à la prévention des accidents et des maladies sur le lieu de travail par l’échange d’informations et de bonnes pratiques; il a réuni plus de 4 000 responsables politiques, cadres dirigeants, professionnels de la santé et de la sécurité, représentants des travailleurs et des employeurs, et experts de la sécurité sociale. Le Congrès triennal est organisé conjointement par l’Organisation internationale du Travail (OIT) et l’Association internationale de la Sécurité sociale (AISS). Le XVIIIe Congrès mondial est accueilli par l’Agence coréenne pour la santé et de la sécurité au travail (KOSHA).

Pour plus d’informations, merci de contacter Sarah Bel, Responsable de la Communication du Fonds pour l’innovation en microassurance (bel@ilo.org).


Note 1 – Le Fonds pour l’innovation en microassurance, une initiative d’une durée de cinq ans de l’OIT et de la Fondation Bill & Melinda Gates, a été lancé en 2008 pour stimuler le développement de la microassurance pour les travailleurs pauvres et se concentrer sur des produits abordables, des modèles durables et l’éducation des consommateurs. Il attribue des subventions pour l’innovation, une assistance technique et un programme de recherche pour collecter et diffuser les bonnes pratiques. Consultez www.ilo.org/socialfinance ou contactez microinsurance@ilo.org.

Note 2 – Pour plus d’informations, veuillez contacter le PDG du Groupe d’assurances MAPFRE au Brésil, M. Antonio Cassio dos Santos presidencia1@mapfre.com.br.