Questions pour une économie mondiale: protéger les travailleurs contre les incendies d'usine

Les incendies sur le lieu de travail sont parmi les aléas industriels les plus redoutés; ils ont marqué l'histoire de leur empreinte. Depuis l'incendie d'usine de New York en 1911 qui tua 146 ouvriers du textile jusqu'aux incidents et accidents plus récents qui ont laissé derrière eux des centaines de morts et de blessés à travers le monde, ces événements conduisent souvent à l'adoption de législations du travail pour protéger les employés d'usine. Une série d'incendies industriels récents a de nouveau souligné le besoin de vigilance, de planification et de préparation dans la gestion de l'imprévu - en particulier sous la forme d'un plan d'évacuation viable. David Gold, expert du BIT pour la sécurité et la santé au travail s'est entretenu avec BIT en ligne de protection incendie et de gestion de l'urgence.

Article | 30 mars 2006

BIT en ligne: A quelle fréquence se produisent les grands incendies d'usine et les incidents provoquant de fortes chaleurs ou des flammes?

David Gold: Nous n'avons pas de chiffres globaux, mais de nombreux feux nous sont rapportés dans le monde entier. En 1993, un immense incendie à l'usine Kader Industrial Co. Ltd. en Thaïlande a tué 188 travailleurs. Cette catastrophe demeure l'incendie industriel le plus meurtrier de l'histoire mondiale récente.

BIT en ligne: Quel est le point commun entre ces désastres, s'il en existe un?

David Gold: Sans plan d'évacuation, il est impossible d'évacuer rapidement les zones qui regroupent un grand nombre de travailleurs. Dans le cas de la catastrophe du World Trade Center à New York par exemple, nous devons reconnaître que si 4 000 vies ont été perdues, plus de 25 000 vies ont pu être sauvées. Pourquoi? Parce qu'il y avait un plan d'évacuation et qu'il a fonctionné.

BIT en ligne: Quelles sont les principales caractéristiques d'un plan d'évacuation viable?

David Gold: Le fait que tellement de personnes aient réussi à évacuer les bâtiments du World Trade Center est riche d'enseignements valables pour n'importe quel lieu de travail. En premier lieu, il y a nécessité d'avoir un plan d'urgence qui répertorie les actions à prendre en cas d'incendie. Deuxièmement, il doit y avoir au strict minimum deux issues de secours bien éclairées, clairement balisées et sans obstruction qui permettent de quitter le poste de travail pour une zone sûre. Les itinéraires d'évacuation et les déviations doivent être clairement affichés à chaque poste de travail. Troisièmement, une coordination est indispensable entre les employés, le service interne d'urgence et les services locaux de secours. Batteries et générateurs de secours doivent être prêts pour assurer un éclairage convenable qui facilite l'évacuation. Enfin, nous avons besoin d'un mécanisme pour regrouper travailleurs, visiteurs et invités en lieu sûr et de procédures pour assister les handicapés dans les évacuations d'urgence.

BIT en ligne: En dépit des efforts considérables de prévention et de régulation qui ont été mis en oeuvre depuis l'incendie de l'usine Triangle Shirtwaist de New York, des incendies se déclenchent aujourd'hui encore, surtout dans les pays en développement... Avez-vous constaté quelque progrès au cours des dernières décennies?

"BIT en ligne: Ce type de catastrophe soulève également des questions pour une économie mondialisée?Dix étapes pour renforcer l'inspection du travail" qui donne aux politiques et aux inspecteurs du travail une direction et un aperçu global de la pratique de l'inspection du travail. Travailleurs et employeurs jouent un rôle également important. Les principes directeurs du BIT concernant les systèmes de gestion de la sécurité et de la santé au travail (SST) encouragent l'intégration de ces questions aux autres systèmes de gestion et affirment que la SST devrait être partie intégrante de la gestion de l'entreprise. Si l'intégration est souhaitable, des adaptations souples sont nécessaires selon la taille et le type d'opération. Il est également important que chaque travailleur reçoive une formation adéquate en SST, en particulier en matière de prévention et de planification de l'urgence.David Gold:" Entrer dans l'ère d'une économie mondialisée implique que des produits sont fabriqués en un lieu et utilisés ailleurs à travers le monde. Le désir d'être compétitif sur ce nouveau marché ne devrait pas conduire à compromettre les dispositifs de sécurité incendie fondamentaux dans l'industrie. Il y a une obligation morale de fournir aux travailleurs un niveau satisfaisant de protection contre les incendies, où qu'ils se trouvent. Cela est aussi reflété dans la Déclaration de principes tripartite sur les entreprises multinationales et la politique sociale qui dispose que "les entreprises multinationales devraient maintenir les normes de sécurité et d'hygiène les plus élevées, conformément aux exigences nationales, compte tenu de leur expérience correspondante acquise dans l'entreprise tout entière, y compris la connaissance de risques particuliers... A l'instar d'entreprises nationales comparables, on est en droit d'attendre de ces multinationales qu'elles jouent un rôle prépondérant dans l'examen des causes des risques industriels pour la sécurité et la santé et dans l'application des progrès qui en résultent dans l'entreprise tout entière."convention de l'OIT sur la sécurité et la santé des travailleurs de 1981 (n° 155) BIT en ligne: Comment l'OIT peut-elle contribuer à éviter les incendies industriels?

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BIT en ligne: Quel est le rôle du gouvernement et celui des partenaires sociaux?

David Gold: Le gouvernement devrait assurer une inspection du travail appropriée avec un financement conséquent, un nombre suffisant d'inspecteurs du travail et une stratégie d'inspection bien organisée. Pour faciliter l'inspection, le Programme focal SafeWork du BIT a développé un guide intitulé "Dix étapes pour renforcer l'inspection du travail" qui donne aux politiques et aux inspecteurs du travail une direction et un aperçu global de la pratique de l'inspection du travail. Travailleurs et employeurs jouent un rôle également important. Les principes directeurs du BIT concernant les systèmes de gestion de la sécurité et de la santé au travail (SST) encouragent l'intégration de ces questions aux autres systèmes de gestion et affirment que la SST devrait être partie intégrante de la gestion de l'entreprise. Si l'intégration est souhaitable, des adaptations souples sont nécessaires selon la taille et le type d'opération. Il est également important que chaque travailleur reçoive une formation adéquate en SST, en particulier en matière de prévention et de planification de l'urgence.

BIT en ligne: Comment l'OIT peut-elle contribuer à éviter les incendies industriels?

David Gold: La Constitution de l'OIT appelle à "une protection adéquate pour la vie et la santé des travailleurs de toutes les professions". La convention de l'OIT sur la sécurité et la santé des travailleurs de 1981 (n° 155) dispose que les employeurs devraient adopter, lorsque c'est nécessaire, des mesures pour faire face aux urgences et aux accidents, y compris des arrangements de premiers secours adéquats. Les principes directeurs de l'OIT de 2001 concernant les systèmes de gestion de la sécurité et de la santé au travail (SST) prônent l'établissement et le maintien de dispositifs de prévention, de préparation et de réaction aux urgences. Ces dispositifs devraient identifier les risques d'accident et de situations d'urgence et proposer la prévention des risques SST qui leur sont associés. Ces dispositifs doivent tenir compte de la taille et de la nature de l'activité de la structure; ils doivent être établis en coopération avec des services de secours extérieurs et autres organismes le cas échéant. L'OIT a également soutenu activement les initiatives de certains pays pour développer des politiques et des programmes nationaux, alors que, dans d'autres cas, elle travaillait en étroite collaboration avec les gouvernements pour établir des organes consultatifs tripartites nationaux pour la SST. Les efforts pour s'attaquer aux problèmes de SST, que ce soit au niveau national ou international, sont souvent dispersés, fragmentés, et par conséquent ne sont souvent pas suffisamment cohérents pour avoir un impact réel. Il faut donc mettre la priorité sur la SST au niveau international, national et des entreprises et engager les partenaires sociaux à initier et à soutenir des mécanismes qui permettent une amélioration continue des systèmes nationaux de SST.

BIT en ligne: Ce type de catastrophe soulève également des questions pour une économie mondialisée?

David Gold: Entrer dans l'ère d'une économie mondialisée implique que des produits sont fabriqués en un lieu et utilisés ailleurs à travers le monde. Le désir d'être compétitif sur ce nouveau marché ne devrait pas conduire à compromettre les dispositifs de sécurité incendie fondamentaux dans l'industrie. Il y a une obligation morale de fournir aux travailleurs un niveau satisfaisant de protection contre les incendies, où qu'ils se trouvent. Cela est aussi reflété dans la Déclaration de principes tripartite sur les entreprises multinationales et la politique sociale qui dispose que "les entreprises multinationales devraient maintenir les normes de sécurité et d'hygiène les plus élevées, conformément aux exigences nationales, compte tenu de leur expérience correspondante acquise dans l'entreprise tout entière, y compris la connaissance de risques particuliers... A l'instar d'entreprises nationales comparables, on est en droit d'attendre de ces multinationales qu'elles jouent un rôle prépondérant dans l'examen des causes des risques industriels pour la sécurité et la santé et dans l'application des progrès qui en résultent dans l'entreprise tout entière."