VIH/SIDA

Vers une réponse efficace et durable au VIH sur les lieux de travail en Afrique

Avec 24,7 millions de personnes vivant avec le VIH en Afrique, un nouveau rapport de l’OIT révèle les stratégies innovantes en milieu de travail qui ont permis de diminuer les comportements à risque, d’augmenter le dépistage volontaire et de réduire la stigmatisation et la discrimination dans toute la région.

Actualité | 23 avril 2015
PRETORIA (OIT Info) – Les initiatives concernant le VIH et le sida et le monde du travail devraient être intégrées dans les programmes nationaux sur le sida et dans toute une série d’approches sanitaires, y compris la santé et la sécurité au travail, indique un nouveau rapport intitulé «Réponses efficaces au VIH et au sida en milieu de travail: étude multi-pays en Afrique», présentée par l’Organisation internationale du Travail (OIT) à Sandton – Johannesburg, en Afrique du Sud.

L’étude propose une évaluation approfondie des initiatives prises sur les lieux de travail en matière de VIH/sida dans 10 pays africains: Afrique du Sud, Côte d’Ivoire, Ghana, Kenya, Madagascar, Maroc, Mozambique, Namibie, Sénégal et Zambie.

«L’étude de l’OIT montre l’impact des programmes de lutte contre le VIH au travail pour réduire les comportements à risque et promouvoir le recours à des services de conseil et de dépistage volontaire en particulier. L’étude met aussi en évidence les facteurs qui contribuent à ce résultat – le principal étant l’engagement de la direction», déclare Alice Ouedraogo, Cheffe du Service du VIH/sida dans le monde du travail de l’OIT (ILOAIDS), à Genève.

«Le sida n’étant pas un problème réglé, nous espérons que l’étude sera mise en œuvre pour amplifier la réponse au VIH sur les lieux de travail», a-t-elle ajouté.

L’étude, commanditée par l’OIT et réalisée par le Conseil pour la recherche en sciences humaines d’Afrique du Sud, s’appuie sur les recherches conduites entre janvier 2013 et octobre 2014 dans 66 lieux de travail au total – publics et privés, formels et informels.

Elle souligne les progrès des initiatives en milieu de travail ainsi que les défis et les possibilités de rendre leur réponse au VIH plus efficace, de contribuer à la durabilité, à l’intensification et à l’appropriation par les pays de ces initiatives.

Principaux faits, chiffres et enseignements

  • La direction apporte la contribution la plus significative: l’engagement de la direction a été un élément essentiel pour accroître les connaissances sur le VIH et le sida dans 96 pour cent des lieux de travail examinés.
  • Environ 65 pour cent des lieux de travail inspectés ont dûment étayé les actions qui ont contribué à modifier ou réduire les comportements à risque: diminuer le nombre de partenaires sexuels, avoir des rapports sexuels protégés en utilisant des préservatifs, entretenir des relations basées sur la fidélité et accéder à des services de conseil et de dépistage volontaire du VIH.
  • Près de 79 pour cent des lieux de travail étudiés ont démontré qu’ils avaient accru l’utilisation des services de conseil et de dépistage volontaire (CDV). Dans 81 pour cent des lieux de travail, la stratégie du recours à des pairs éducateurs afin de promouvoir les CDV s’est avérée rentable.
  • Les bénéfices économiques des programmes en milieu de travail: le coût résultant de l’absence d’un programme de lutte sur le lieu de travail dépasse de beaucoup le coût de son existence. Six lieux de travail dans trois pays (Namibie, Kenya et Zambie) ont analysé le rapport coût-bénéfice et les résultats sont positifs.
  • Les partenariats public-privé sont essentiels. L’introduction de plans d’assurance à bas coût en Namibie, Zambie et au Kenya a permis aux entreprises de réduire les coûts liés à l’absentéisme.
  • Dans 96 pour cent des lieux de travail sondés, la mise en place d’un système d’évaluation et de surveillance sérieux a été essentielle pour évaluer et suivre l’évolution des niveaux de connaissance, identifier les lacunes et redéfinir les stratégies.
  • Réduire la stigmatisation et la discrimination: seuls 14 pour cent des sites visités ont été capables de fournir des données concluantes montrant que leurs programmes avaient réduit la discrimination relative au VIH. Les facteurs contribuant à réduire la stigmatisation et la discrimination étaient: une direction engagée, la création d’un environnement juridique et politique favorable, la mobilisation aux côtés des personnes vivant avec le VIH, le renforcement des systèmes de surveillance et d’évaluation.
  • L’étude montre combien il est important d’intégrer réellement les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) dans toutes les activités. Les PVVIH sont très précieuses pour accroître le recours aux services de conseil et dépistage volontaires en normalisant la perception du VIH et en augmentant l’acceptation parmi les employés.
  • L’emploi permet de conforter l’adhésion au traitement du VIH. Les personnes suivent davantage leur traitement quand elles ont un emploi. Le partenariat avec des programmes nationaux de lutte contre le sida est crucial puisque la plupart des pays fournissent gratuitement des traitements antirétroviraux. L’étude recommande aux entreprises de nouer des relations avec les programmes VIH existants afin de garantir la continuité des soins. Les lieux de travail devraient aussi couvrir le coût du traitement des infections opportunes et réduire ainsi le fardeau financier qui pèse sur les employés vivant avec le VIH/sida.
  • Des stratégies sexo-spécifiques ont été identifiées notamment pour permettre l’accès aux préservatifs féminins et masculins, pour offrir des sessions de formation relatives au harcèlement sexuel et pour renforcer la capacité des femmes à être des agents du changement.

Nouvelles recommandations politiques

L’objectif final de l’étude est d’accélérer les initiatives en milieu de travail pour en faire un instrument efficace et durable dans le cadre de la réponse au VIH en Afrique. Réussir à lutter contre le VIH et le sida au travail est important pour un avenir sans sida en Afrique.

L’étude fait suite à la présentation récente du rapport de l’ONUSIDA sur les Cibles de l’initiative Accélérer pour mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030. Le rapport a pour but d’accélérer les interventions en faveur de la réduction des nouvelles contaminations par le VIH et de l’augmentation du nombre de personnes ayant accès à un traitement.

Une nouvelle approche centrée sur ces initiatives pourrait donc mettre l’accent sur quelques mesures essentielles, telles que:

  • Il n’existe pas d’approche toute faite pour renforcer et étendre les connaissances relatives au VIH et au sida. Les lieux de travail sont encouragés à adopter des approches flexibles, adaptées au contexte et tenant compte de l’égalité hommes-femmes.
  • Les entreprises et les organisations devraient tirer parti des plans, stratégies, politiques et lois qui existent au plan national lorsqu’elles élaborent et mettent en œuvre leurs programmes sur le VIH en milieu de travail. Replacer ces programmes dans le contexte du pays et créer les liens nécessaires contribuent à leur efficacité.
  • Renforcer les systèmes de surveillance et d’évaluation est indispensable à la réussite des programmes sur les lieux de travail.
  • L’amplification des partenariats public-privé représente un potentiel immense dans la lutte contre le sida.

«L’étude de l’OIT vient à point nommé pour que les lieux de travail prennent vraiment conscience de leur contribution et qu’ils continuent de favoriser l’intensification des programmes de lutte contre le VIH et la tuberculose en vue de mettre fin à l’épidémie de sida en Afrique», déclare Simphiwe Mahbele, spécialiste du VIH/sida à l’OIT, basée à Pretoria, en Afrique du Sud.

L’étude a été officiellement présentée chez Ernst & Young, à Sandton/Johannesburg, en présence du ministre du Travail, S.E. Mme Mildred Oliphant.

Pour de plus amples informations, merci de contacter Tshepo Kau au +27-12/818-8000 et Simphiwe Mabhele au +27-78/803-7750 (OIT).