Compétences et compétitivité

Guy Ryder appelle à combler le fossé entre les monde du travail et de l’éducation en renfoçant le développement des compétences

L’OIT et l’OMC rappellent leur objectif commun de tirer parti de l’ouverture des marchés pour créer des emplois décents et productifs pour davantage de personnes.

Communiqué de presse | 12 juillet 2013
WTO-ILO: Leveraging trade partnerships for job growth
Guy Ryder, Director General de la OIT
GENEVE – Le Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), Guy Ryder, a plaidé pour le renforcement et la promotion du développement des compétences en vue de pallier le déséquilibre existant entre le système éducatif et le marché du travail.

«Il est incontestable qu’à l’ère des changements technologiques et organisationnels qui s’accélèrent dans le monde du travail d’une économie mondialisée, la priorité consiste bien sûr à renforcer les systèmes qui offrent les compétences et les qualifications qui vont progressivement combler le fossé qui sépare parfois le monde de l’éducation et de la formation d’un côté du monde du travail de l’autre», a précisé M. Ryder.

«Il existe un paradoxe: même dans les circonstances actuelles d’un chômage de masse, les employeurs continuent d’affirmer qu’ils sont souvent dans l’incapacité de satisfaire les offres d’emploi disponibles», a-t-il ajouté.

M. Ryder intervenait lors d’une table ronde de haut niveau sur «Compétences et compétitivité», au côté du Directeur général de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), Pascal Lamy, dans le cadre du Quatrième examen global de l’aide pour le commerce qui a lieu à Genève.

L’événement, organisé par l’OIT et l’OMC, fut l'occasion de partager les résultats des recherches et les approches politiques sur le rôle du développement des compétences pour traduire l’ouverture du commerce en croissance durable et en un travail décent et productif.

Diverses recherches et données d’enquête montrent que de nombreuses entreprises classent la recherche de travailleurs convenablement qualifiés comme une contrainte majeure pour leurs affaires. Une nouvelle recherche de l’OMC a conclu que ce sont surtout ces difficultés qui empêchent les petites et moyennes entreprises de se connecter aux chaînes de valeur mondiales et d’en bénéficier.

M. Ryder a souligné l’importance d’une «collaboration sans précédent entre l’OMC et l’OIT» sur ce thème et sur d’autres questions de commerce et d’emploi et la considère comme essentielle pour mobiliser leurs mandants respectifs afin de combler le fossé entre le système éducatif et le marché du travail. Dans le même temps, il a demandé «davantage de cohérence entre les organisations internationales» qui collaborent pour atteindre des objectifs communs.

«La question est de savoir si la volonté existe de faire davantage à l’avenir. Pour ma part, je dois répondre par l’affirmative (…) Je suis frappé par l'impact de cette conversation pour l’avenir et je suis heureux d’y participer», a déclaré le Directeur général de l’OIT.

M. Ryder a considéré que les employeurs et les syndicats prenaient de plus en plus leurs responsabilités pour investir dans les compétences et ajuster le développement des qualifications aux politiques commerciales, au développement durable et à l’égalité des chances pour les femmes.

Le programme de l’OIT consacré aux Compétences en matière de commerce et de diversification économique travaille avec les responsables politiques et les partenaires sociaux pour identifier les secteurs économiques à fort potentiel de croissance, évaluer les besoins de compétences dans ces secteurs et renforcer les capacités des organismes de formation pour satisfaire ces besoins. «Voici comment résoudre le problème: enchainer des analyses économiques et des partenariats capables de concrétiser le potentiel du commerce dans des économies plus diversifiées et dans la création de plus d’emplois productifs et décents».

La nécessité d’impliquer les employeurs et les travailleurs

«La signification du tripartisme* devient particulièrement claire quand, comme le fait l’OIT à l’occasion, nous devons nous attaquer à quelques-uns des résultats néfastes de l’évolution du monde du travail, tout au long des chaînes de valeur mondiales qui sont une caractéristique tellement déterminante de l’économie mondiale en pleine mutation», a-t-il expliqué.

M. Ryder a fait référence à la «catastrophe industrielle» qui s’est produite en avril dans l’usine textile du Rana Plaza au Bangladesh.

«C’est absolument intolérable et je pense que cela attire notre attention sur des situations dans lesquelles la dynamique de la libéralisation des échanges commerciaux ne s’accompagne pas du développement des institutions et des pratiques dans le monde du travail qui sont indispensables pour garantir que le travail décent est l'aboutissement de ce processus», a déclaré M. Ryder.

«Il doit sans aucun doute exister des moyens pour réconcilier le potentiel de développement de ces industries avec l’absolue nécessité du travail décent et sûr», a-t-il ajouté.

Pascal Lamy a plaidé pour la cohérence des gouvernements et des organisations internationales dans l’intégration de l’éducation et de la formation professionnelle dans l’architecture du renforcement des capacités en vue de faciliter les échanges commerciaux qui permettent aux économies nationales de créer des emplois de qualité et d’accroître la compétitivité.

M. Lamy a mis l'accent sur «la relation complexe» entre commerce, croissance et emploi, et a évoqué la nécessité d’envisager les compétences de la main-d’œuvre comme un facteur déterminant de la compétitivité des entreprises et des pays.

Les compétences sont encore plus importantes que les ressources naturelles, selon le Directeur général de l’OMC: «Je suis intimement convaincu que – contrairement à la sagesse populaire qui met souvent en lumière les ressources naturelles et la présence d’industries extractives comme une mesure de la richesse – que la richesse des pays en développement, ce sont leurs habitants».

«Compte tenu du lien étroit entre compétences et compétitivité, il est logique, dit-il, que l’OIT et l’OMC s'associent dans ce domaine technique».
M. Ryder en a convenu, soulignant que «comme moteur de la facilitation des échanges, le développement des compétences offre d’énormes opportunités. Il réduit la contrainte qui pèse sur la productivité et dote davantage de personnes des moyens de participer aux secteurs en croissance de l’économie et de tirer profit du commerce pour gagner leur vie.»

*Coopération entre gouvernements, employeurs et travailleurs