Nouveau Rapport global sur le travail des enfants

Nouveau Rapport global sur le travail des enfants: Alors que les efforts pour mettre fin au travail des enfants se relâchent, le BIT appelle à une action globale «redynamisée»

Outre des préoccupations grandissantes quant à l’impact de la récession économique, le Bureau international du Travail (BIT) avertit que les efforts déployés pour éliminer les pires formes de travail des enfants se relâchent et appelle à une campagne mondiale «redynamisée».

Communiqué de presse | 7 mai 2010

Outre des préoccupations grandissantes quant à l’impact de la récession économique, le Bureau international du Travail (BIT) avertit que les efforts déployés pour éliminer les pires formes de travail des enfants se relâchent et appelle à une campagne mondiale «redynamisée».

Dans son Rapport global quadriennal sur le travail des enfants, le BIT indique que le nombre mondial des enfants qui travaillent a reculé de 222 à 215 millions, soit une baisse de trois pour cent, au cours de la période 2004 à 2008, qui montre un ralentissement du rythme de réduction à l’échelle globale. En outre, le rapport souligne que la crise économique mondiale pourrait «freiner davantage» le progrès vers le but d’éliminer les pires formes de travail des enfants d’ici à 2016.

«Les progrès sont irréguliers: ni assez rapides, ni suffisamment étendus pour atteindre les buts que nous nous sommes fixés», a déclaré le Directeur général du BIT, Juan Somavia. «Nous devons faire de nouveaux efforts à grande échelle. La situation exige une campagne redynamisée contre le travail des enfants. Nous devons amplifier notre action et passer à la vitesse supérieure».

M. Somavia a ajouté: «La récession économique ne peut servir d’excuse pour réduire nos ambitions ni justifier notre inaction. Au contraire, elle offre l’occasion de mettre en œuvre des mesures politiques efficaces pour la population, pour la reprise et pour un développement durable.»

Le nouveau rapport du BIT, intitulé Intensifier la lutte contre le travail des enfants - Edition partielle. Rapport du Directeur général, Conférence internationale du Travail, 99e session, 20101, est publié à la veille de la Conférence mondiale sur le travail des enfants organisée par le gouvernement néerlandais à La Haye en coopération avec l’OIT. M. Somavia a indiqué que cette conférence mondiale qui doit examiner une nouvelle «feuille de route» pour l’élimination du travail des enfants, donnera un nouvel élan à la lutte contre le travail des enfants.

Tendances depuis 2006

Les enseignements du nouveau rapport contrastent avec la dernière évaluation quadriennale de 2006 qui dressait un tableau encourageant. Les nouveaux chiffres montrent une progression «irrégulière» vers l’objectif d’éradication des pires formes de travail des enfants d’ici à 2016. L’avertissement est clair: si la tendance actuelle se poursuit, l’objectif de 2016 sera manqué.

La bonne nouvelle, c’est que le schéma d’ensemble de réduction du travail des enfants a été préservé: plus le travail est dangereux et les enfants impliqués vulnérables, plus le déclin est rapide. Cependant – le chiffre est stupéfiant – 115 millions d’enfants sont encore exposés à des «travaux dangereux», un qualificatif souvent utilisé pour évoquer les pires formes de travail des enfants.

Le rapport analyse les données par âge et par sexe. Les progrès ont été plus substantiels parmi les enfants âgés de 5 à 14 ans, une tranche d’âge où le nombre d’enfants au travail a baissé de 10 pour cent. Dans cette même tranche d’âge, le recul est de 31 pour cent pour les travaux dangereux. Parmi les filles, le travail des enfants a considérablement diminué (de 15 millions ou 15 pour cent). En revanche, il a augmenté parmi les garçons (de 8 millions ou 7 pour cent). Chiffre également alarmant, le nombre de jeunes gens âgés de 15 à 17 ans impliqués dans le travail des enfants a augmenté de 20 pour cent passant de 52 à 62 millions.

Le Rapport global comprend aussi des données consolidées par régions. Il montre, par exemple, que l’Asie et le Pacifique comme l’Amérique latine et les Caraïbes continuent de réduire le travail des enfants, alors que l’Afrique subsaharienne a connu une hausse tant en termes relatifs qu’absolus. Cette région est aussi caractérisée par la plus forte proportion d’enfants qui travaillent, avec un enfant sur quatre enrôlé dans le travail des enfants.

Constance Thomas, chef du Programme international pour l’abolition du travail des enfants (IPEC) de l’OIT, a souligné quelques-uns des défis majeurs à relever dans la lutte contre le travail des enfants: l’ampleur du problème en Afrique, les progrès nécessaires dans l’agriculture – secteur qui emploie le plus grand nombre d’enfants – et la nécessité de s’attaquer aux formes «dissimulées» du travail des enfants, qui figurent souvent parmi ses pires formes.

«Le problème du travail des enfants prend ses racines dans la pauvreté. La méthode à suivre pour régler le problème est claire. Nous devons nous assurer que tous les enfants ont la possibilité d’aller à l’école, nous avons besoin de systèmes de protection sociale qui assistent les familles vulnérables – particulièrement en période de crise – et nous devons veiller à ce que les adultes aient accès à un travail décent. Ces mesures, combinées avec un respect effectif des lois qui protègent les enfants, sont la voie à suivre», explique Mme Thomas.

Le programme IPEC de l’OIT fut initié en 1992. En 2008-2009, il était opérationnel dans plus de 90 pays.

La Conférence mondiale sur le travail des enfants de La Haye les 10 et 11 mai va rassembler 450 délégués venus de 80 pays. La réunion offrira également une tribune au lancement d’un rapport inter-agences préparé par l’OIT, la Banque mondiale et l’UNICEF. Le rapport, «Tous unis dans la lutte contre le travail des enfants – Rapport inter-agences en vue de la Conférence mondiale de La Haye sur le travail des enfants de 2010», invite à placer le travail des enfants en tête des agendas nationaux pour le développement et présente une série de faits qui attestent que le travail des enfants constitue un obstacle important au développement national.

Pour plus d’informations sur le Rapport global, merci de contacter le Département de la communication du BIT au + 4122/799-7912 ou communication@ilo.org

Pour vous renseigner sur la réunion de La Haye, veuillez consulter www.childlabourconference2010.com

1 Rapport intégral en anglais:

Accelerating action against child labour. Report of the Director-General, International Labour Conference, 99th session, 2010