Entreprises et migration de la main-d’œuvre

En 2019, l'OIT estimait à 169 millions le nombre de travailleurs migrants internationaux dans le monde, soit près de 5 % de la population active mondiale. Les femmes représentaient environ 42 % d'entre eux. Plus des deux tiers de ces travailleurs migrants internationaux se trouvaient dans des pays à revenu élevé, à savoir en Europe du Nord, du Sud et de l'Ouest (23,9 %), en Amérique du Nord (22,8 %) et dans les États arabes (12,6 %).

Les travailleurs migrants participent à l'économie des pays d'accueil en comblant les pénuries dans les secteurs critiques, en favorisant les transferts de compétences et de connaissances et en contribuant au développement et à la croissance des entreprises. Les travailleurs migrants constituent également une source importante de revenus et de croissance économique pour leurs pays d'origine, souvent des pays à revenu faible ou intermédiaire, grâce aux envois de fonds à destination de leurs familles. Les travailleurs migrants qui retournent dans leur pays d'origine avec une expérience professionnelle acquise à l'étranger peuvent également être une source d'innovation.

Cependant, les migrants internationaux – en particulier ceux qui rejoignent un pays étranger en dehors des flux migratoires ordonnés et réguliers – courent le risque de se retrouver dans des emplois informels, temporaires ou non protégés, ou dans des situations d'irrégularité, conduisant à des formes d'exploitation, voire de travail forcé. Dans ces conditions, ils peuvent craindre d'être expulsés, avoir une connaissance limitée de leurs droits et obligations en vertu des lois et règlementations locales, et n'avoir qu'un accès limité ou inexistant à la protection sociale et aux mécanismes de recours dans les pays d'accueil.

Les risques d'exploitation peuvent survenir à différentes étapes du cycle de migration internationale de la main-d'œuvre, depuis le recrutement jusqu’au retour dans le pays d'origine en passant par la période d'emploi proprement dite. Les travailleurs migrants en situation irrégulière, clandestins ou sans papiers sont particulièrement exposés aux risques d'exploitation. Les frais de recrutement élevés prélevés par les employeurs ou les agences de recrutement sur les revenus futurs des travailleurs peuvent contraindre ces derniers à rester dans un emploi qu'ils auraient autrement choisi de quitter. D'autres formes d'exploitation sont courantes : tromperie sur les conditions de travail, déductions illégales ou non-paiement des salaires, confiscation des passeports et restrictions de mouvement. En outre, la discrimination salariale, le paiement d'un salaire inférieur au salaire minimum et les frais excessifs de logement et de nourriture laissent peu de marge aux travailleurs migrants pour rembourser leur dette et envoyer de l’argent dans leur pays d’origine. Dans certains cas, ces abus peuvent s'apparenter à des situations de travail forcé et de traite des personnes. Les travailleurs migrants peuvent se retrouver dans l’impossibilité de rentrer chez eux en raison des conditions de travail abusives dans lesquelles ils ont été piégés. Nombre d’entre eux sont victimes de discriminations supplémentaires fondées sur le sexe, la religion, l'origine et/ou l'appartenance ethnique, ce qui les rend encore plus vulnérables.

Il appartient aux entreprises qui emploient des travailleurs migrants de veiller à ce que leurs droits humains et droits au travail soient pleinement respectés et à ce qu'ils soient protégés contre toute forme d'exploitation. Les entreprises doivent lutter contre les violations de droits réelles et potentielles auxquelles les travailleurs migrants peuvent être confrontés de façon à les prévenir et les réduire ; elles doivent également user de leur influence auprès de leurs partenaires commerciaux pour les sensibiliser à leur responsabilité en matière de respect des droits des travailleurs migrants.

Les Normes internationales du travail (NIT) qui concernent directement les travailleurs migrants peuvent guider les entreprises dans leurs politiques et pratiques: Convention (n° 97) sur les travailleurs migrants (révisée), 1949, Recommandation (n° 86) sur les travailleurs migrants (révisée), 1949, Convention (n° 143) sur les travailleurs migrants (dispositions complémentaires), 1975, Recommandation (n° 151) sur les travailleurs migrants, 1975.

Les Principes généraux et directives opérationnelles de l'OIT concernant le recrutement équitable et la définition des commissions de recrutement et frais connexes constituent l'orientation internationale la plus récente et la plus complète dans ce domaine. Ces principes et directives ont vocation à s’appliquer au recrutement de tous les travailleurs, y compris les travailleurs migrants, qu'ils soient recrutés directement par un employeur ou par le biais d’un intermédiaire. Ils visent les recrutements effectués aux niveaux national et transfrontalier, ainsi que les recrutements qui sont le fait d’agences de travail intérimaire, et couvrent tous les secteurs de l'économie.

L'OIT fournit également un manuel de formation complet et modulaire sur le recrutement équitable pour aider les entreprises à concevoir, soutenir et mettre en œuvre des pratiques de recrutement équitables pour les travailleurs migrants, ainsi qu'une boîte à outils pratique pour l’exercice d’une diligence raisonnable dans le processus de recrutement, produite par le Réseau mondial d’entreprises sur le travail forcé de l'OIT. Le Centre de ressources de l'Initiative de l'OIT pour le recrutement équitable offre une plateforme pour approfondir le sujet et échanger avec des décideurs et des praticiens dans ce domaine.

Questions/Réponses sur les entreprises et migration de la main-d’œuvre

  • Qu’est-ce que la migration de main-d’œuvre ?
  • Recrutement équitable
  • Rétention du passeport des travailleurs
  • Liberté syndicale
  • Protection sociale