Pour tirer le meilleur parti du travail à distance, il faut se concentrer sur la dimension humaine, affirme l'OIT

Il est de notre responsabilité collective de tirer le meilleur parti des opportunités créées par le travail à distance, tout en restant concentré sur la dimension humaine, a déclaré le Directeur général de l'OIT lors d'une conférence de haut niveau sur l'avenir du travail, organisée par la présidence portugaise du Conseil de l'UE.

Actualité | 9 mars 2021
L'OIT a participé à une conférence de haut niveau sur l'avenir du travail intitulée : « Travail à distance : défis, risques et opportunités », organisée par la présidence portugaise du Conseil de l'UE.

Dans son discours d'ouverture, le Directeur général de l'OIT a félicité la Commission européenne pour son plan d'action sur le pilier européen des droits sociaux et a salué les objectifs qu'il fixe pour 2030. Le plan d'action encourage les partenaires sociaux à travailler ensemble pour étudier les mesures nécessaires pour garantir des conditions équitables de télétravail et pour faire en sorte que tous les travailleurs puissent effectivement jouir de leur droit à la déconnexion.

Il souligne la croissance du travail à distance qui a été rendue possible par les plateformes numériques. Selon les Perspectives sociales et de l'emploi dans le monde 2021, l'utilisation des plateformes numériques de travail a été multipliée par cinq dans le monde au cours des dix dernières années, et ce chiffre n'inclut pas la croissance massive qui s'est
produite pendant la crise du COVID-19. Dans l'Union européenne, environ 11 % de la main-d'œuvre a déjà effectué un travail en utilisant des plateformes numériques.

« Il n'est pas surprenant que le type de travail à distance qui a connu la plus forte augmentation pendant la pandémie soit celui des travailleurs qui se rendaient auparavant au bureau et qui sont passés au travail à domicile, » a déclaré M. Ryder. « Il est clair que le télétravail a été une tendance importante et que de nombreux aspects de cette tendance resteront certainement présents après la pandémie également.»

Une récente enquête d'Eurofound montre à quel point le télétravail s'est répandu dans l'UE pendant la pandémie: 34 % des salariés interrogés pratiquaient le télétravail à temps plein, et près de la moitié à temps partiel.

« Le travail à distance et le télétravail peuvent offrir des opportunités passionnantes - comme une plus grande autonomie des travailleurs dans l'organisation de leurs tâches, une plus grande inclusion - permettant aux personnes handicapées ou confrontées à d'autres obstacles de trouver un emploi, et un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée - du moins potentiellement. Certainement pas automatiquement. Et, bien sûr, des gains environnementaux - par exemple, la réduction des émissions de CO2 dues aux déplacements domicile-travail. Mais nous voyons aussi des inconvénients, » a déclaré le Directeur général.

Il s'agit notamment de l'effacement des frontières entre le travail et la vie privée, les travailleurs devant être constamment disponibles. Les plateformes numériques de travail apportent leurs propres défis. De nombreux travailleurs des plateformes sont classés comme indépendants. Cela signifie qu'ils ne bénéficient pas de la protection des lois sur le travail et la sécurité sociale, y compris des droits fondamentaux tels que la liberté d'association et la négociation collective. Ils ont souvent des horaires de travail longs et imprévisibles, un travail dangereux et une faible rémunération.

Les algorithmes remplacent de plus en plus les humains dans la répartition et l'évaluation du travail, ainsi que dans l'administration et le suivi des travailleurs. Cela soulève de nombreuses questions, notamment celles de l'éthique et de la vie privée.

« Ces questions doivent être abordées, et rapidement, » a déclaré M. Ryder. « Il est plus important que jamais, alors que nous traçons notre chemin pour sortir de la pandémie, de mettre les gens au premier plan. Il s'agit de l'approche du monde du travail centrée sur l'être humain décrite dans la Déclaration du Centenaire de l'OIT. »

Plusieurs États membres de l'UE ont bien progressé en matière de télétravail. Le Portugal a été le pionnier de la législation sur le télétravail et rédige actuellement un Livre vert sur l'avenir du travail. La Belgique et le Luxembourg ont récemment adopté des conventions collectives de travail pour le télétravail.

Le Directeur général de l'OIT a également salué plusieurs initiatives de l'UE, notamment l'accord-cadre des partenaires sociaux sur la numérisation, et la résolution du Parlement européen sur le droit à la déconnexion. Le mois dernier encore, la Commission a lancé un processus de consultation des partenaires sociaux dans le cadre d'une nouvelle initiative sur l'amélioration des conditions de travail des travailleurs des plateformes.

Le plan d'action du pilier européen des droits sociaux fournit des orientations, tout comme les objectifs de développement durable, en particulier l'objectif 8 sur le travail décent.

« Il existe donc de nombreuses opportunités pour l'OIT et l'UE de travailler ensemble pour s'assurer que nous tirons le meilleur parti de la croissance du travail numérique, et je suis impatient d'en tirer le meilleur parti, » a-t-il conclu.