Une formation de l’OIT pour garder les Fidji vertes et propres

Les ramasseurs de déchets et les habitants des villes occidentales de Nadi et Lautoka jouissent de meilleures conditions de vie, plus écologiques et plus sûres, grâce aux recommandations du premier programme associant des mesures de soutien à un environnement «vert» à des techniques de santé et sécurité au travail (SST). Surfaka Katafono, administrateur national de programme au Bureau de pays de l’OIT pour les pays insulaires du Pacifique Sud à Suva nous envoie un reportage des Fidji.

Article | 28 April 2011

NADI, Iles Fidji (BIT en ligne) – Le manuel et le programme de formation d’Ajustement du travail pour recycler et gérer les déchets (WARM en anglais) ont été mis au point par des spécialistes de la SST au BIT, en vue de s’adapter à la situation locale, d’améliorer la santé et la sécurité des travailleurs et de les sensibiliser à l’importance du recyclage et d’autres mesures en faveur de l’environnement. Un an après la formation pilote organisée pour les prestataires en charge de la gestion des déchets dans les municipalités de Nadi et Lautoka, les changements peuvent être constatés aussi bien dans la routine quotidienne des éboueurs que dans les conditions dont la benne à ordures circule.

Les employés du ramassage des déchets ont dorénavant pris l’habitude de suivre une simple feuille de route qui leur rappelle les principes de WARM et comment travailler proprement et en toute sécurité pour recycler et gérer les déchets. Ils connaissent l’importance de trier et recycler les déchets et de respecter l’environnement. L’emploi du temps quotidien des travailleurs comprend cinq minutes d’étirements corporels avant le travail et le port d’un équipement de protection personnel constitué d’un bleu de travail, de gants et de bottes, et le maintien de la propreté sur leur poste de travail, sur le camion et sur eux-mêmes.

La nouvelle approche a maintenant eu le temps de faire ses preuves et sa réussite signifie que le programme WARM est largement adopté par les conseils municipaux et leurs prestataires. Premila Chandra, directrice du Département de la santé au conseil municipal de Nadi, affirme que les techniques WARM ont été très utiles. «Les ramasseurs d’ordures revêtent maintenant un équipement de protection, ils font des exercices tous les jours, sont soucieux de la propreté, travaillent en binômes et font attention aux lourds conteneurs. Nous avons noté des changements dans la manière dont les ramasseurs d’ordures manient les poubelles et prennent toutes les précautions pour éviter les accidents», dit-elle. Parallèlement à la formation des nouveaux prestataires, son département dispense aussi des cours de remise à niveau pour renforcer les normes en matière de pratiques professionnelles alliant sécurité et qualité.

Le programme WARM a été élaboré avec le soutien de l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA). Il se caractérise essentiellement par l’usage de techniques de formation participatives, orientées vers l’action, avec la visite d’installations de collecte des ordures; il s’adresse en priorité aux résidents locaux et aux fonctionnaires municipaux, ainsi qu’aux ramasseurs de déchets et à leurs responsables.

De petits ajustements conduisant à d’importants gains à long terme

Les nouveaux prestataires ont pu se rendre compte que le manuel avait été élaboré localement et ont pu identifier tous les points de contrôle du manuel. L’approche qui consiste à recourir à des améliorations progressives, pas à pas, les a encouragés parce que ces étapes courtes, rentables, n’étaient pas trop impressionnantes. Les premiers succès remportés grâce à de petits changements leur ont permis de s’attaquer à des défis plus importants, et ils ont ainsi pu constater que de petits ajustements pouvaient déboucher sur des gains conséquents à long terme.

Pour les travailleurs, l’utilisation d’images fut d’un grand secours parce que certains des travailleurs les plus âgés avaient une connaissance assez limitée de l’anglais. L’approche pas à pas les a également aidés à s’adapter à des méthodes de fonctionnement plus sûres. Par exemple, un travailleur qui n’aimait pas porter de casque a progressivement changé de comportement et en porte désormais un. Un autre qui évitait de porter des gants parce qu’ils étaient «trop grands» a maintenant trouvé des gants qui lui conviennent pour travailler et il les porte.

La création d’un réseau à l’échelle de la grande agglomération de Nadi est le second facteur de réussite de l’approche WARM pour gérer les déchets et améliorer les normes environnementales. La communauté s’appuie sur des groupes et des réseaux communautaires qui travaillent avec le conseil municipal de Nadi, se réunissant pour discuter des progrès accomplis et donner un retour d’expérience sur les problèmes de gestion des déchets. Ces groupes encouragent aussi les habitants à aider les prestataires en déposant leurs déchets dans des poubelles spécifiquement adaptées, en plaçant des sacs poubelle sur des plateformes en hauteur pour éviter que les chiens ne les atteignent, en gardant leurs chiens derrière des grilles ou attachés afin qu’ils ne gênent pas les prestataires dans leur travail.

Terence O’Neil, directeur du conseil municipal de Nadi était membre du réseau de gestion des déchets et a pris part à la formation consacrée au projet WARM. «Nos concitoyens ont commencé à réfléchir à deux fois à ce qu’ils devaient jeter, où les jeter et à quelle hauteur déposer leurs ordures, à garder les chiens loin des sacs poubelle, etc. En outre, nous sommes devenus des partenaires et avons compris le travail des ramasseurs de déchets», a-t-il expliqué.

Aux Fidji, réduire, réutiliser et recycler les déchets continuent à jouer un rôle important dans la vie des gens. La population de l’agglomération de Nadi dépose maintenant chaque jour ses déchets alimentaires dans des bacs à compost et jette les bouteilles et les canettes recyclables dans des conteneurs clairement identifiés.

Des défis demeurent: par exemple, certains foyers jettent encore le verre et les bouteilles brisées dans leur poubelle, les camions débordent d’ordures et les éboueurs ont un emploi du temps à respecter. Cependant, le conseil municipal de Nadi est satisfait des progrès et prévoit de travailler avec l’OIT sur des projets similaires à l’avenir.

Tsuyoshi Kawakami et Ton That Kai, des spécialistes de la SST au BIT qui ont conduit la formation pilote et coécrit le manuel se réjouissent aussi des progrès enregistrés à ce jour. M. Kawakami a déclaré: «A l’avenir, nous voudrions étendre la portée de la formation WARM d’une manière progressive afin de créer de meilleures conditions de travail, de santé et de sécurité pour les autres collecteurs de déchets, y compris les chiffonniers et les récupérateurs de déchets informels sur les décharges, ainsi que pour les travailleurs de l’industrie du recyclage».

Pour de plus amples informations, merci de vous référer au manuel WARM (en anglais) ou contacter le Bureau de pays de l’OIT pour les pays insulaires du Pacifique Sud à Suva, dans les Fidji, à Suva@ilo.org.

Le Bureau international du Travail (BIT) est le secrétariat permanent de l’Organisation internationale du Travail (OIT).