« 100 Ans – 100 Vies » | ZIMBABWE - “Maintenant, je gagne assez d’argent pour faire vivre ma famille”

Grâce à un projet de l’OIT visant à améliorer les conditions d’existence des femmes et de leurs familles dans les régions rurales, Mary Tarudana est devenue une cheffe d’entreprise respectée.

Feature | Zimbabwe | 15 August 2019
HARARE - L’avenir semble en effet radieux pour Mary Tarudana, originaire du district de Nyanga, dans la province orientale du Manicaland.

Celle que l’on regardait autrefois avec compassion est devenue une cheffe d’entreprise à succès qui fait l’admiration de tous. Elle a acheté un petit cheptel et a maintenant les moyens de payer les frais de scolarité de ses enfants sans emprunter. L’électricité a même été installée à son domicile.

Mary Tarudana est l’une des bénéficiaires du Programme commun des Nations Unies pour l’égalité des sexes. Elle a reçu l’aide du volet parrainé par l’OIT.

Quand le projet a débuté en 2014, Mme Tarudana, issue d’une famille très pauvre, avait été sélectionnée comme bénéficiaire. Même si sa famille parvenait à survivre grâce à l’agriculture de subsistance, elle n’avait pas les moyens d’offrir à ses enfants la vie qu’ils méritaient selon elle. Elle avait pris du retard dans le paiement des frais de scolarité et devait aussi de l’argent aux membres de sa communauté.

Avec 60 autres femmes, Mme Tarudana a suivi une formation de deux semaines consacrée à la production de légumes (pommes de terre, haricots et oignons). Elle a découvert les différents types de sol, les principales maladies qui touchent les cultures, la récolte, le stockage des produits et l’utilisation d’engrais appropriés. Un volet était aussi consacré à l’égalité entre les sexes pour aider les femmes à se sentir mieux respectées dans leur communauté.

Mme Tarudana a commencé à cultiver des oignons et quand elle a fait sa première récolte, elle a pu rembourser ses dettes. Une nouvelle vie dans laquelle elle aurait suffisamment d’argent pour subvenir aux besoins de sa famille devenait possible.

Après sa première récolte, Mme Tarudana a réinvesti dans le projet et a acheté une grande quantité de semences d’oignons pour accroître ses rendements. A partir de la deuxième récolte, elle a ramassé plus de 4 000 kg d’oignons, le prix du marché atteignant 5$ le sac de 22 kg. Elle a réalisé un profit de 1 100$ qu’elle a surtout utilisé pour satisfaire les besoins de sa famille.

L’électricité chez soi

Ce nouveau revenu lui a permis de bénéficier d’un projet d’électrification rurale et de disposer de l’électricité à domicile.

« Maintenant, quand je quitte le site du projet, qui est mon lieu de travail, je sais que je n’ai pas à m’inquiéter pour trouver du bois de chauffage. Je n’ai qu’à entrer chez moi et à actionner l’interrupteur », dit-elle fièrement.

Pour sa fille aussi, le résultat est positif. « Elle n’a plus besoin d’aller, toute seule, ramasser du bois dans des endroits isolés ; c’est mieux pour sa sécurité. Et puis, le temps qu’elle gagne ainsi, elle peut l’utiliser à faire ses devoirs », ajoute-t-elle.

En outre, tous ses enfants peuvent dorénavant lire leurs manuels scolaires sans se fatiguer les yeux à la lueur des bougies.

Mme Tarudana insiste aussi sur le fait que l’installation de l’électricité à la maison a contribué à réduire les influences négatives sur ses enfants.

De l’agriculture de subsistence à l’entreprenariat

« Auparavant, mes enfants allaient parfois dans les boutiques ou se rendaient dans les bars équipés de télévision. Ma plus grande crainte, c’était qu’ils se sentent à l’aise dans cet environnement et qu’ils soient ainsi exposés aux abus. Maintenant, je prévois d’acheter une télévision pour la famille afin de réduire les risques ».

Le fait de participer au projet a ouvert à Mme Tarudana des perspectives qu’elle n’aurait jamais imaginées. La famille ne dépend plus des cultures de subsistance ni de l’argent gagné grâce à des travaux occasionnels dans le voisinage.

« Au total, 290 personnes ont déjà bénéficié directement du projet, tandis que 2 400 personnes ont eu des retombées positives dans les cinq districts de Gutu, Chivi, Murewa, Mutoko et Nyanga », souligne Hopolang Phororo, du bureau de l’OIT à Harare.

“L’OIT réalise actuellement la troisième phase du projet qui se concentre sur l’autonomisation économique des femmes et l’obtention de meilleures conditions de travail et de vie pour les populations locales. Il s’agit d’une composante essentielle dans un but plus large qui est l’amélioration de l’autonomisation des femmes et de l’égalité des sexes au Zimbabwe,” conclut-t-elle.
 

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