« 100 Ans – 100 Vies » | ZAMBIE - “J’ai échappé au travail des enfants et je peux maintenant aider les autres”

Comment un jeune Zambien atteint de surdité a pu échapper au travail des enfants – avec l’aide de l’OIT - et se construire une brillante carrière d’enseignant aux Etats-Unis.

Feature | Zambie | 31 July 2019
LUSAKA - Francis Phiri est né dans un quartier très pauvre de Lusaka, la capitale de la Zambie. Avec ses deux frères et ses deux sœurs, il avait surtout pour aspiration dans la vie, de joindre les deux bouts.

A l’âge de 12 ans, le jeune garçon a contracté la malaria. Le traitement a entraîné des complications qui lui ont fait progressivement perdre l’ouïe, jusqu’à devenir complètement sourd.

Puis, quand il avait 15 ans, ses deux parents sont décédés. Cette perte lui a fait prendre un chemin qui l’a conduit au travail des enfants.

« Je suis allé m’installer chez ma tante qui vivait dans une ferme à Nyimba, dans la province orientale de la Zambie. A cette époque déjà, j’adorais étudier. Cependant, ma tante est également décédée quand j’étais en seconde. Son mari m’a envoyé travailler dans une ferme. Parfois, je travaillais toute la journée, quittant la maison à cinq heures du matin pour rentrer vers 16 heures environ. Je ne recevais aucune nourriture quand je travaillais dehors toute la journée, malgré la chaleur », se souvient-il.

En plus de ses difficultés, il a aussi souffert de discrimination en raison de son handicap.

« Personne ne croyait que je sois capable d’apprendre et de réussir dans la vie avec une perte d’audition. J’étais traité différemment des autres enfants. On me confiait énormément de tâches à la maison tandis que mes cousins avaient la chance d’aller à l’école », explique-t-il.

Ayant déjà perdu ses parents et sa tante, il a ensuite dû faire face au décès de son frère et de sa sœur aînés.

Retour à l’école

Cependant, Francis Phiri était résolu à acquérir une éducation et à aller de l’avant. En juin 2006, il s’est rendu à un événement de la campagne « Stop au travail des enfants » organisé par l’Association des interprètes en langues des signes de Zambie. Il y a rencontré Maria Theresa Milila, de l’OIT. Il lui a raconté son histoire et lui a demandé si l’OIT pouvait financer ses deux dernières années d’études secondaires.

« Je n’avais pas les moyens de payer les frais de scolarité. Peu après, l’OIT m’a attribué une bourse d’études complète pour deux ans et m’a aidé à reprendre ma scolarité à l’Ecole pour les sourds de Munali. ».

De Lusaka à San Francisco

Un an plus tard, la vie de Francis Phiri a pris un autre virage positif lors de sa rencontre avec Frank Lester, un professeur américain sourd travaillant comme volontaire du Corps de la paix. M. Lester a décidé de le ramener aux Etats-Unis et de financer ses études.

Depuis l’obtention de son diplôme, il enseigne désormais la langue des signes dans un lycée de Californie. Il est maintenant résident permanent aux Etats-Unis et vit à San Francisco avec sa femme Kaci.

Toutefois, le jeune homme de 30 ans n’a pas oublié ses racines. Il s’est récemment rendu en Zambie et s’est arrêté au Bureau de pays de l’OIT à Lusaka. Il se rappelle que l’OIT l’a aidé à un moment où personne ne voulait le faire.

« L’OIT m’a évité de passer le reste de ma vie à travailler dans une ferme. Si je n’avais pas échappé à ma situation, je n’en serais certainement pas là où j’en suis aujourd’hui. »

« Je voudrais vraiment aider les populations zambiennes à mettre fin au travail des enfants, en particulier pour les enfants sourds, malentendants ou qui sont porteurs de tout autre handicap et qui sont exposés tous les jours à une grande vulnérabilité », conclut-il.

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