« 100 Ans – 100 Vies » | ESWATINI - “Le lieu de travail est un point d’entrée efficace pour faire de la prévention sur le VIH”

Themba Malinga a décidé de se faire dépister après avoir participé à une session de prévention du VIH sur son lieu de travail.

Reportage | Eswatini | 31 juillet 2019
MBABANE – Il a fallu un certain temps à Themba Malinga pour trouver le courage de se faire circoncire mais l’agent de sécurité, âgé de 24 ans, est soulagé de l’avoir fait.

«J’avais peur de toute l’opération mais avec les informations que j’ai reçues j’étais résolu à me faire circoncire, confie-t-il. Je me sens plus sûr de moi et je suis heureux que cette décision m’ait aidé à me faire enfin dépister ; maintenant je connais mon statut VIH. »

Eswatini (auparavant appelé le Swaziland) détient le plus haut taux de prévalence du VIH au monde : il est estimé à 26 pour cent des adultes pour une population totale de 1,2 million d’habitants.

Puisqu’il a été clairement démontré que la circoncision pouvait réduire de 60 pour cent le risque pour les hommes d’une transmission hétérosexuelle du VIH, le gouvernement a décidé de lancer un programme national en janvier 2011 pour les sensibiliser et pour encourager les démarches médicales volontaires.

Themba Malinga a commencé à penser à la circoncision après avoir participé à une session de formation sur son lieu de travail, Gridlock Security. La session était organisée par l’OIT qui soutient la campagne du gouvernement par le biais de son programme national sur le VIH en milieu de travail.

« Le lieu de travail est un point d’entrée efficace pour dispenser aux hommes sexuellement actifs l’information nécessaire sur la circoncision », explique Khombi Nkonde, de l’OIT.

« Comme ils viennent tous les jours au travail, nous pouvons les toucher avec des messages qui mettent en lumière les bénéfices à en attendre et dissipent les mythes et les idées fausses. Nous collaborons avec des spécialistes de la santé et nous accompagnons les hommes dans leur processus de réflexion », ajoute-t-elle.

Lutter contre les mythes

Les sessions de formation permettent de discuter des inquiétudes et des malentendus concernant la circoncision. Les croyances les plus répandues sont que le prépuce enlevé serait utilisé pour faire une épice, que cette ablation affecterait la libido et que l’opération serait très douloureuse.

Mme Nkonde reconnaît qu’il peut être difficile de faire passer cette idée dans une culture qui n’est pas habituée à la circoncision.

« Nous traitons ces questions avec beaucoup de prudence en expliquant les faits scientifiques et en associant des champions sportifs ou des personnalités reconnues comme des chefs traditionnels ou des joueurs de football qui ont été circoncis et pour lesquels cela s’est bien passé », explique-t-elle.

Les entreprises partenaires du projet ont déjà mis en place un comité VIH/sida, un réseau de pairs éducateurs et une politique et un programme sur le VIH en milieu de travail.

Ces moyens sont très utiles pour apporter un soutien et des informations dans la durée puisque les hommes ont souvent besoin de temps pour prendre leur décision. Les employeurs sont incités à faire preuve de souplesse et à aider leurs employés qui décident d’aller de l’avant en adaptant leur emploi du temps aux exigences médicales.

Les opérations sont réalisées dans des installations bien équipées, comme des cliniques publiques ou privées, par des médecins qualifiés et des infirmières formées pour prendre en charge le suivi des soins.

Insister sur l’usage du préservatif

Le Dr Cloepas Sibanda, du ministère du Travail et de la Sécurité sociale, souligne cependant que la circoncision ne peut se substituer à l’usage du préservatif.

« Il y a un risque que les hommes circoncis se sentent invincibles face au VIH, il est donc indispensable d’insister sur une utilisation régulière et correcte du préservatif, même après une circoncision », précise-t-il.

L’OIT encourage la circoncision masculine dans le cadre d’un dispositif de mesures de prévention qui concerne le conseil et le dépistage, le traitement des IST, des pratiques sexuelles plus sûres et l’usage correct et systématique des préservatifs masculins et féminins.

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